Parlons climat

Parlons climat

 

Octobre 2021

 
Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

Dimanche 10 octobre 2021, une marche pour le climat est organisée par les organisations Youth for Climate et la Coalition Climat. L’objectif : rappeler l’urgence de la situation climatique aux autorités dirigeantes et réclamer des mesures ambitieuses pour lutter contre le changement climatique.

Cette marche intitulée Back To The Climate aura lieu à la veille d’un sommet européen et de la COP 26 des Nations unies. Elle s’organise après la publication, le 9 août 2021, du premier volet – particulièrement précis et alarmant – du rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Ce rapport annonce un réchauffement planétaire accéléré et établit plusieurs constats scientifiques.

  • L’activité humaine a un impact considérable sur l’environnement : elle provoque un changement climatique rapide et à grande échelle dont certaines conséquences sont irréversibles.
  • Le monde entier subit déjà les effets du changement climatique; en attestent les catastrophes naturelles qui ont marqué l’été 2021 (pluies diluviennes, inondations, ouragans, incendies, glissements de terrain, etc..).
  • Pour limiter le réchauffement climatique, il faut réduire rapidement et drastiquement les émissions de CO2 à l’échelle mondiale.

La marche du 10 octobre s’inscrit dans les conclusions de ce rapport et dans un mouvement international de protestation de la jeunesse : Fridays for Future. Initié en août 2018 par Greta Thunberg et relayé à travers le monde sous divers noms (Youth for Climate, Youth Strike for Climate, etc.) le mouvement mobilise les jeunes au moyen de marches lors desquelles ils et elles dénoncent le manque d’initiative des autorités pour protéger la planète

L’engagement des jeunes

  • 10 janvier 2019 : première grève scolaire pour le climat en Belgique – 3000 jeunes se rassemblent
  • 24 janvier : 35000 jeunes défilent à Bruxelles
  • 31 janvier : le reste de la Belgique se mobilise – plus de 30000 personnes au total
  • 14 février : les écoles rappellent les élèves à l’ordre dans un souci de continuité de l’apprentissage.
  • 15 mars 2019 : le mouvement se coordonne à l’échelle mondiale. En Belgique, 50000 personnes manifestent.

Par la régularité et l’ampleur de leur mobilisation, les jeunes ont mis les enjeux climatiques au cœur du débat politique. Aujourd’hui, face à cette crise planétaire, ils et elles demandent une réponse internationale, solidaire et rapide, comme l’a été la mobilisation mondiale face à la pandémie de Covid 19.

Marine Bardin

Penser les faits : quelques pistes

Nature et climat

Quelle conception de la nature avons-nous ? Ou quelle conception voulons-nous avoir ? Au 21e siècle, la nature peut-elle être autre chose qu’un réservoir dans lequel les quelques 7,8 milliards d’habitant·e·s puisent quotidiennement ? La liste de ressources naturelles dont nous avons besoin est longue – eau, bois, pierre, sable, pétrole métaux, etc. -, mais ces ressources ne sont pas inépuisables. Que ferons-nous lorsqu’elles viendront à manquer ? Tou·te·s les habitant·e·s de la planète seront-ils et elles impacté·e·s de manière identique par ces manquements ?

Une autre conception considère que la nature a une existence propre. La nature fait alors partie intégrante de chaque individu et chaque individu fait partie de la nature. En ce sens, le concept de « nature sauvage », donc aussi de réserve naturelle où la nature est protégée des activités humaines, est un non-sens. Comment expliquez-vous que, dans certaines cultures, ce lien particulier avec la nature a été conservé ? Quels sont les événements qui ont pu mettre ce lien à mal dans le passé et aujourd’hui ?

Pensez-vous que ces conceptions différentes de la nature peuvent cohabiter sur la planète ? Une de ces deux conceptions prendra-t-elle, un jour, le pas sur l’autre ?

Sensibilisation

Que faites-vous au quotidien pour préserver la planète ? Quelles personnes ou quels événements vous ont incité·e·s à prendre des habitudes favorables à la protection de l’environnement ? Ou, au contraire, quelles sont les raisons qui vous découragent d’agir dans ce sens ?

Autour de vous, les différentes générations (frères et sœurs, parents, grands-parents, etc.) ont-elles les mêmes comportements et les mêmes idées que vous dans ce domaine ? Comment analysez-vous ces différences ou ces points communs ?

La faim dans le monde. L’accès à l’école pour tous les enfants. L’égalité entre les hommes et les femmes. La lutte contre le racisme. Les droits des personnes LGBTQI+. La protection de l’environnement, etc. Choisissez, dans cette liste, trois causes pour lesquelles vous seriez prêt·e à vous mobiliser. En voyez-vous d’autres importantes pour vous ? Seriez-vous prêt·e à agir de manière isolée pour ces trois combats ? Ou baisseriez-vous les bras car, seul·e, on ne peut rien ?

Vivre sans polluer

Depuis les années 1950, l’évolution du nombre de passager·e·s utilisant l’avion est exponentielle : entre 1970 et 2017, on est passé de 0,5 milliard de passager·e·s transporté·e·s en un an à 4,5 milliards (source : Organisation de l’aviation civile internationale).

Que pensez-vous de cette évolution ? Combien de fois avez-vous déjà pris l’avion depuis votre naissance ? Et vos parents et grands-parents : combien de fois ont-ils pris l’avion avant leurs 18 ans ? Que constatez-vous ? Quels facteurs expliquent cette évolution exponentielle ? Quels sont les avantages et les inconvénients de pouvoir prendre davantage l’avion que par le passé ? Est-ce que tou·te·s les habitant·e·s de la planète profitent de la même manière de cette évolution ? Avez-vous déjà (vous ou vos parents, pour vous) compensé votre empreinte carbone lorsque vous avez pris l’avion ? Que pensez-vous du fait que, à cause de la pandémie liée à la Covid 19, les transports aériens ont été, durant plusieurs mois, quasi à l’arrêt ?

L’avion n’est qu’un exemple parmi d’autres de la mondialisation où les échanges de personnes, de biens et de services s’accélèrent toujours plus à l’échelle de la planète. Manger des fruits exotiques toute l’année et se procurer le GSM dernier cri produit en Asie sont d’autres exemples. En voyez-vous d’autres ? Cette évolution peut-elle être considérée comme un progrès de notre civilisation ? Ce que l’on considère à une époque comme un progrès peut-il devenir une régression ? À partir de quand est-il souhaitable de faire machine arrière ?Pensez-vous avoir un rôle significatif à jouer ?

Solidarité

En juillet 2021, la Belgique a été touchée par d’importantes inondations : plus de 40 personnes sont mortes et des centaines d’autres se sont retrouvées sans abri. Rapidement, la solidarité entre les habitant·e·s du pays s’est mise en place. De très nombreuses personnes, dont des jeunes, se sont retroussées les manches, notamment pour aider à nettoyer les maisons inondées. D’autres personnes ont participé à des récoltes de matériel, de vêtements ou d’argent. Avez-vous été touché·e par ces inondations ? Avez-vous, d’une manière ou d’une autre, participé à cet élan de solidarité et de générosité ? Qu’est-ce qui vous a poussé à agir ainsi ? Pensez-vous que c’est aux citoyen.ne.s d’agir individuellement en cas de catastrophe ou que cette aide est uniquement de la responsabilité des pouvoirs publics ?

Le 24 août 2021, une étude internationale est publiée et affirme que le « réchauffement climatique augmente la probabilité et l’intensité de ce genre de précipitations extrêmes ». Cette étude vient corroborer le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), également paru en 2021.

À la suite des inondations et après ce constat, modifierez-vous vos habitudes afin de limiter les conséquences du réchauffement climatique ? Pensez-vous que les inondations du mois de juillet en Belgique conscientiseront davantage les Belges à la question climatique ? Les changements doivent-ils venir de chacun·e d’entre nous, sur une base volontaire ? Ou doivent-ils être impulsés par des décisions politiques (en matière de transport, d’urbanisme, d’utilisation des sols, etc.).

Manifestation

En 2019, des millions de jeunes ont, un peu partout dans le monde, fait la grève pour le climat : ils séchaient les cours pour descendre dans la rue afin de sensibiliser leurs ainé·e·s et le monde politique à la cause climatique. Ce mouvement est né, en 2018, sous l’impulsion de la suédoise Greta Thunberg. À l’époque, avez-vous participé à ces manifestations ? Si elles reprenaient aujourd’hui y participeriez-vous ? Souhaiteriez-vous que la direction de votre école vous soutienne dans ce combat, notamment en vous autorisant à sécher les cours pour manifester ? Pensez-vous que les jeunes ont un rôle tout particulier à jouer dans le domaine de l’environnement ? Auriez-vous peur d’être manipulé·e en participant à un tel mouvement ou pensez-vous pouvoir garder votre liberté de penser ?

Lorsqu’il s’agit de se mobiliser pour l’une ou l’autre cause, quel est, selon vous, l’impact des images véhiculées par les médias ? En ce qui concerne la protection de l’environnement, les images des koalas, pris au piège par les incendies de forêt en 2020 en Australie, ont ému les habitant·e·s aux quatre coins de la planète. Une mobilisation massive peut-elle être possible sans image ?

Anticipation

Mars 2036, en Belgique. Une dictatrice prend le pouvoir par la force. Face à la montée des eaux au Nord du pays et à l’augmentation exponentielle d’une maladie incurable liée à la pollution, elle prend, sans passer par le Parlement des décisions drastiques pour lutter contre le dérèglement climatique : interdiction de la possession d’une voiture (même électrique), interdiction des vols d’avion vers et depuis notre territoire, interdiction de dépasser la température de 18 degré dans son habitation, fermeture des magasins vendant des marchandises produites hors du pays, etc. Dans un récit d’anticipation, quelles autres mesures pourraient prendre cette dictatrice imaginaire ? Comment réagiriez-vous si une telle personne prenait réellement le pouvoir par la force ? Une personne peut-elle vous priver d’une partie de vos libertés pour une cause qu’elle estime juste à ses yeux ? Qu’est-ce qu’une cause juste ?

Revenons à la réalité. Quand vous pourrez voter – à moins que ce ne soit déjà le cas – prêterez-vous attention au programme des différents partis en matière d’environnement ? Pensez-vous que tous les partis doivent avoir une position et émettre des propositions concrètes à propos de cette question ?

Pour aller plus loin :

https://fridaysforfuture.org

https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_Summary_Volume_french.pdf

https://www.rtbf.be/info/societe/detail_le-climat-c-est-le-plus-gros-probleme-de-l-histoire-de-l-humanite-explique-francois-massonet-climatologue-a-l-uclouvain?id=10832638

 

 

Augmentation du coût de l’énergie

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Fusillade dans une école au Texas

Fusillade dans une école au Texas

Mai 2022 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet)....

Le conflit russo-ukrainien

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Le conflit russo-ukrainien Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·es et éducateur·rices de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou...

C’est la rentrée !

C’est la rentrée !

C’est la rentrée !

Août 2021

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

 

Les faits

La rentrée scolaire 2021 est une rentrée particulière pour les élèves du secondaire de la Fédération Wallonie- Bruxelles. Après 14 mois de perturbations des cours liées à la pandémie de la COVID-19 – depuis le 17 mars 2020, les cours alternent entre présentiel et distanciel –, l’enseignement va reprendre en « code vert ». Tous·tes les élèves auront, jusqu’à la fin septembre au moins et avant une nouvelle évaluation, cours en présentiel. En ce qui concerne le port du masque en classe : alors qu’en Wallonie, les élèves et les enseignant·e·s pourront ôter leur masque dès qu’ils et elles sont assis·e·s à leur place, ce ne sera pas le cas à Bruxelles où le masque reste obligatoire durant les cours.

L’enseignement secondaire est fréquenté par 359 510 élèves (chiffres issus des Indicateurs de l’enseignement 2020), répartis dans 506 écoles en Wallonie et à Bruxelles. L’enseignement fondamental est, lui, fréquenté par 503 973 enfants (325 197, en primaire et 178 774, en maternelle). Soit, au total, 863 481 élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles, encadré·e·s par près de 100 000 enseignant·e·s. Au moment de reprendre le chemin de l’école, rappelons l’importance de l’enseignement mais aussi de décrocher un diplôme. En Bruxelles, 25,6 % des chômeur·se·s sont « faiblement qualifié·e·s », c’est-à-dire qu’ils ou elles n’ont pas décroché leur diplôme du secondaire. Ce chiffre est de 16,4 % en Wallonie. Tandis que, toujours pour Bruxelles, 6,9 % des chômeur·se·s sont « hautement qualifié·e·s », c’est-à-dire qu’ils ou elles ont un diplôme de l’enseignement supérieur (universitaire ou non). Ce chiffre est de 3,7 % en Wallonie. (Sources : Banque nationale de Belgique). Autre photographie chiffrée de notre pays, qui a également des conséquences sur l’éducation et l’enseignement : alors qu’en Wallonie, 16,2 % des enfants vivent sous le seuil de pauvreté – soit dans une famille avec un revenu inférieur à 60 % du revenu médian national –, ce chiffre monte à 23,3 % à Bruxelles. (Chiffres : UNICEF Belgique). Or, il est encore plus difficile de réussir sa scolarité, lorsqu’on grandit dans une famille où manger à sa faim, se soigner correctement ou avoir son propre espace et son propre matériel informatique pour étudier n’est pas possible.

Terminons par un dernier chiffre : dans le monde, 16 % des jeunes en âge d’entrer à l’école secondaire ne sont pas scolarisé·e·s. (Chiffre : UNESCO). L’Afghanistan se trouve parmi les pays où le taux de scolarisation est le plus faible de la planète. Le retour des Talibans au pouvoir, le 15 août dernier, risque fort d’encore aggraver la situation dans ce pays, notamment en ce qui concerne la scolarisation des filles.

Anouck Thibaut

Sur le site de l’UNESCO (l’agence de l’ONU consacrée à l’éducation), un dossier sur l’impact de la COVID-19 dans les écoles, à travers le monde : https://fr.unesco.org/covid19

Sur le site de la RTBF, les dernières informations concernant la situation en Afghanistan : https://www.rtbf.be/info/monde/moyen-orient 

 

Penser les faits : quelques pistes

 

Trois grands objectifs

Les enseignements fondamental et secondaire doivent :

– contribuer à l’émancipation, à l’épanouissement, au développement de chaque élève. C’est, ici, l’élève qui se trouve au centre. Il ou elle doit être accompagné·e dans le développement du maximum de son potentiel, à tous niveaux (artistique, intellectuel, social, technique, physique, etc.) ;

– former les travailleur·se·s de demain, participer à la prospérité économique, sociale et culturelle du pays ;

– favoriser le vivre-ensemble par le développement de valeurs communes (démocratie, droits humains, solidarité, diversité, environnement, etc.).

Ces trois objectifs se recoupent parfois, mais pas toujours. Au(x)-quel(s) accordez-vous le plus d’importance ? Pourquoi ? Dans quelle mesure estimez-vous que l’école participe effectivement à ces trois objectifs ?

 

Émancipation

L’un des objectifs de l’enseignement est l’émancipation sociale. L’émancipation consiste à (se) libérer, à (s’)affranchir d’un état de dépendance. Il peut s’agir d’une dépendance juridique (l’enfant par rapport à son ou sa tuteur·rice, l’esclave par rapport à son maître) ou morale (une personne par rapport aux préjugés et pratiques de son époque). L’émancipation est souvent vue comme la libération de chaînes physiques ou cognitives qui empêchent d’agir et/ou de penser plus large.

Certain·e·s soulignent le rôle émancipateur de l’école. Par exemple, apprendre à lire, c’est avoir accès, via leurs écrits, à la pensée de millions de personnes et, ainsi, découvrir des idées auxquelles on n’aurait pas pensé. D’autres estiment que l’école contraint les élèves à penser comme la majorité, les formatent comme la société souhaite qu’ils et elles deviennent. Qu’en pensez-vous ?

 

D’autres adultes

L’école est aussi l’occasion, pour les jeunes, de rencontrer d’autres adultes que leurs parents. Ce sont les membres de l’équipe éducative (enseignant·e·s, éducateur·rice·s, directeur·rice·s, etc.), mais aussi le personnel d’entretien, celui qui prépare les repas, etc.

L’influence d’un·e enseignant·e sur les élèves ne s’arrête pas à la transmission d’un savoir. Comment définiriez-vous cette relation entre l’enseignant·e et l’élève, d’une part dans la réalité que vous en connaissez et d’autre part dans l’idéal ?

 

Un groupe non choisi

L’école présente une particularité qu’on trouve peu ailleurs : on ne choisit pas les autres élèves de la classe. Rien à voir avec une bande d’ami·e·s, par exemple. Comparons la bande d’amie·s et la classe. Ce sont deux groupes dans lesquels on apprend de nombreuses choses, d’ordres différents. En quoi le fait de fréquenter des personnes avec lesquelles on a développé une complicité est-il important ? En quoi, aussi, est-il important de fréquenter des personnes que l’on n’a pas choisies ? Comment définiriez-vous le lien qui vous unit aux élèves de la classe qui ne sont pas vos ami·e·s ? Seriez-vous solidaires s’il leur arrivait une tuile ? Pourquoi ? Vous sentez-vous une proximité, quelque chose de commun avec les autres élèves de Belgique, d’Europe, du monde ? Si oui, quoi ? Pourquoi ?

Avant 1982, la grande majorité des écoles étaient non mixtes : les garçons et les filles étaient scolarisé·e·s dans des établissements séparés. Il y avait souvent une école pour filles et une autre pour garçons. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas (sauf pour les cours d’éducation physique). Qu’en pensez-vous ? Qu’apporte la mixité à l’enfance, à l’adolescence ? Y a-t-il des activités que vous préférez faire seulement avec des filles ou des garçons ? Et en tant qu’adulte, estimez-vous souhaitable que certaines activités soient « réservées » à des personnes du même genre ?

 

Participation 

Les élèves fréquentant un établissement scolaire sont soumis à un certain nombre de règles : le règlement de l’école définit les comportements et attitudes autorisés et ceux qui sont interdits ; les référentiels et programmes de cours définissent le contenu des cours.

Les jeunes ont le droit de donner leur avis sur les questions qui les concernent. Est-ce vraiment le cas au sein de l’école ? Qu’en pensez-vous ? Au printemps dernier, des élèves se sont par exemple opposé·e·s à l’interdiction de porter certains vêtements. Certain·e·s estiment que les élèves devraient être davantage entendu·e·s ; d’autres pensent que leur expérience de la vie ne leur permet pas encore de juger ces questions avec discernement et maturité. Ils et elles n’auraient pas conscience de tous les enjeux des problèmes posés. Qu’en pensez-vous ?

Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité.

Article 12, alinéa 1 de la Convention relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989

 

Égalité des chances et efficacité

Quand l’enseignement n’était fréquenté que sur une base volontaire, seules les familles riches pouvaient se l’offrir. D’une part en raison de son coût et d’autre part parce que le salaire des enfants était nécessaire pour faire face aux dépenses de base de la famille. Quand l’État a généralisé l’enseignement obligatoire pour tou·te·s en rendant l’instruction obligatoire en 1914, certain·e·s y ont vu un pas en avant pour l’égalité entre les personnes. Chacun·e aurait désormais les mêmes chances d’accéder aux emplois les plus valorisés, les mieux payés. Dans les faits, pourtant, on continuait de voir que les médecins restaient issu·e·s de familles aisées, très peu nombreuses étaient les personnes d’origine modeste qui obtenaient un diplôme.

Aujourd’hui, il existe toujours des facteurs qui ont pour conséquence que les enfants issus de milieux aisés réussissent mieux leurs études que les autres. Un de ces éléments, parmi d’autres, est qu’ils peuvent, eux, se payer des cours particuliers. Faut-il, pour des raisons d’égalité, interdire les cours particuliers qui ne sont accessibles qu’à certains enfants ou faut-il au contraire se réjouir, pour celles et ceux qui y ont accès, qu’ils et elles auront plus de chances de réussir ?

D’après l’UNICEF, un quart des enfants (de moins de 18 ans) est, à Bruxelles, issu d’une famille pauvre. Faire des devoirs et travaux, étudier ses cours, faire des recherches sur internet est beaucoup plus compliqué quand on n’a pas de chambre à soi pour se concentrer, quand ses parents ne peuvent pas aider, quand on n’a pas mangé à sa faim, quand on doit consacrer du temps à gagner son argent de poche, etc. Pensez-vous que ces élèves ont « plus de mérite » que celles et ceux qui sont issu·e·s de familles aisées ? Pensez-vous que l’école devrait tenir compte de la situation personnelle de l’élève, tenir compte de ce « mérite » ? Deux élèves qui ont les mêmes points doivent-ils et elles traîté·e·s de la même façon ou peut-on, par exemple, faire réussir l’un·e et non l’autre sur la base des efforts consentis, de son « mérite » ?

 

Accès à l’éducation

La rémunération des enseignant·e·s, l’entretien des bâtiments, le coût des fournitures scolaires, etc. tout cela coûte très cher. Dans notre pays, la majeure partie de ce coût est supporté par les pouvoirs publics, c’est-à-dire, en fin de compte, par les contribuables. Trouvez-vous normal qu’un·e contribuable qui n’a pas d’enfant participe au financement de l’enseignement ? Si la majeure partie du coût de l’enseignement est à la charge de la collectivité, les parents supportent une charge financière importante. Trouvez-vous cela normal ? Est-il normal que certain·e·s élèves, parce que leurs parents sont plus riches, se retrouvent avec des fournitures plus abondantes, de meilleure qualité ou plus agréables ? L’égalité entre les enfants ne devraitelle pas imposer le même matériel pour tou·te·s ? Que penseriez-vous de l’imposition d’un uniforme en classe ?

Dans d’autres pays – et on pense ici en particulier aux pays du Sud – les pouvoirs publics ne peuvent financer les mêmes équipements et le même personnel qu’en Europe. Certains parents n’ont pas les moyens de financer les études de leurs enfants. Les envoyer à l’école leur coûte alors que le salaire des enfants est souvent nécessaire pour faire vivre la famille ! Est-il juste que l’endroit où l’on naît détermine ses chances d’accéder à l’école ? Seriez-vous favorables à la mise en commun des ressources de tous les pays et à leur redistribution pour un accès égal de tou·te·s à un enseignement de même qualité partout dans le monde ?

Dans certains pays (comme on craint que ce soit le cas prochainement en Afghanistan), l’accès à l’éducation est interdit aux filles. Quelles sont les conséquences pour ces sociétés ? Pensez-vous que cela nous regarde ? Devrions-nous le dénoncer ? Pourquoi ? Comment ?

Au bout du compte…

On dit souvent que l’enseignement vise à éduquer des jeunes pour qu’ils deviennent de « bons » adultes.

  1. C’est quoi, pour vous, un « bon » adulte ? Quelles sont ses qualités les plus importantes ?
  2. En présentant les choses ainsi, en parlant d’investissement pour l’avenir, on semble s’intéresser à l’avenir bien plus qu’au présent. Qu’en pensez-vous ? Pensez-vous que nous passons notre vie à attendre un avenir meilleur ?
  3. Et, du coup, dans l’immédiat, c’est quoi votre projet, votre envie pour cette année scolaire ?

 

 

Augmentation du coût de l’énergie

Augmentation du coût de l’énergie

Augmentation du coût de l'énergie Septembre 2022 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une...

Fusillade dans une école au Texas

Fusillade dans une école au Texas

Mai 2022 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet)....

Le conflit russo-ukrainien

Le conflit russo-ukrainien

Le conflit russo-ukrainien Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·es et éducateur·rices de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou...

Euro Foot

Euro Foot

Euro Foot

Juin 2021

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

Reporté l’été dernier à cause de la pandémie lié à la COVID-19, l’Euro de football aura lieu du 11 juin au 11 juillet. Du match d’ouverture à Saint-Pétersbourg à la finale à Londres, les 51 matches de ce tournoi se dérouleront dans 11 villes européennes et non dans un (ou plusieurs) pays organisateur(s) comme c’est généralement le cas pour cette compétition : l’UEFA (Union des associations européennes de football) a fait ce choix pour célébrer les 60 ans de l’Euro.

Depuis 1960, 8 des 15 éditions de ce tournoi qui se tient tous les 4 ans ont été remportées par trois pays (Allemagne, Espagne et France). Les 24 équipes nationales – dont celle de la Belgique – participantes à cet Euro 2020 (l’UEFA a officiellement conservé ce nom) ont décroché leur place pour la phase finale de la compétition suite à leurs résultats lors des matches éliminatoires auxquels 55 pays ont participé en 2019 et 2020. 

Malgré les restrictions sanitaires toujours de mise en Europe, les rencontres de l’Euro se tiendront en présence de spectateur·rice·s : l’UEFA a imposé que les stades soient remplis à 25 % (minimum) de leur capacité et ce, même si les protocoles en vigueur dans les différents pays ne l’autorisent pas. Bilbao et Dublin, refusant de se soumettre à la règle imposée par l’UEFA, ont été, in-extremis, retirées de la liste des villes hôtes de l’Euro. Dans les stades, comme autour des écrans géants qui seront, malgré la pandémie mais avec des restrictions, installés en Belgique et un peu partout en Europe, ces matches seront pour les supporter·rice·s l’occasion de montrer, de manière souvent exacerbée, leur attachement à leur équipe nationale. 

Au-delà de l’engouement qu’elles suscitent auprès des amateur·rice·s de football, l’Euro est un événement extrêmement lucratif : l’Euro 2016 a rapporté près d’1 milliard d’euros à l’UEFA. Épinglons d’autres chiffres mirobolants : les 34 millions d’euros promis à l’UEFA au gagnant du tournoi et les 1,5 million d’euros offerts à chaque équipe, par match gagné. Ou encore, les 330 000 euros qu’une marque devra débourser pour un écran publicitaire de 30 secondes sur la chaîne française M6 (diffuseur de l’événement), lors de la finale de l’Euro, si la France arrive à ce stade de la compétition.

Avec les Jeux olympiques et la Coupe du monde de football, l’Euro est l’événement sportif le plus médiatisé au monde. En 2016, en Belgique, la finale de cette compétition a attiré 2,5 millions de téléspectateur·rice·s, soit 70 % des personnes devant leur téléviseur à ce moment-là. Tandis que dans le monde, l’ensemble de cette compétition a attiré 6 milliards de téléspectateur·rice·s en audience cumulée. L’enquête « Génération 2020 » sur les pratiques numériques des jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles met également en lumière que parmi toutes les catégories d’information (musique, infos sensationnelles, société, etc.) c’est le sport qui suscite le plus d’intérêt ! (CSEM et Media-Animation, 2019)[1]

D’autres sports, mais aussi l’Euro de football féminin dont la prochaine édition aura lieu en 2022, doivent se contenter d’une visibilité bien moindre. Une grande première cependant et un symbole dans la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes : lors de l’Euro, la française Stéphanie Frappart sera la première femme à arbitrer, en tant que 4e arbitre, un match de cette compétition masculine.

Anouck Thibaut

Le site de la RTBF, la chaîne qui diffusera les matches de l’Euro en Belgique francophone

Le site de l’UEFA avec des informations concernant l’histoire de la compétition, son organisation et les villes hôtes de l’événement.

Penser les faits

L’importance du « national »

L’équipe est « nationale », porte les couleurs de notre pays. Le dénominateur commun que nous mettons en avant, est la nationalité. N’est-ce pas une étrange chose, en fin de compte, que cette nationalité ? Les agriculteur·trice·s belges et français·es ne sont-ils pas plus proches l’un de l’autre, dans ce qui constitue leur vie quotidienne, que l’agriculteur·trice belge et le·la banquier·ère belge ? On célèbre l’appartenance à un pays. En quoi est-ce important d’appartenir à un pays ?

En quoi cela nous fait-il du bien de penser qu’on est belge (ou français, ou marocain, ou italien) ?

Comment font les personnes qui ont deux nationalités ? Supportent-elles pareillement leurs deux équipes nationales ? Se sentent-elles de leurs deux pays ?

Les nationalités sont-elles un obstacle à la fraternité humaine, à l’entente de tous les êtres humains ? Certain·e·s estiment qu’il faudrait supprimer toutes les frontières et l’idée même de pays. Qu’en pensez-vous  ?

Accorder de l’importance à la nationalité, cela peut signifier l’estime des personnes de même nationalité ; cela peut aussi signifier le rejet (voire la haine) des personnes qui ne partagent pas la même nationalité. Quelle différence y a-t-il entre ces deux postures ?

Une personne ayant des propos racistes peut tomber dans les bras d’une personne racisée pour célébrer un but. Pourquoi ce plaisir de ne former qu’une seule grande famille ne dure-t-il pas une fois les lampions éteints ?

Effet de groupe et liberté

Certaines personnes qui ne s’intéressent jamais au football commencent à regarder des matches à la télévision et à hurler quand les Diables marquent un but. En cas d’élimination, certain·e·s pleurent réellement, sincèrement, comme si un être cher venait de disparaître. Beaucoup font, pendant une phase finale de coupe du monde ou d’Euro des choses qu’ils et elles ne feraient pas en temps ordinaire.

Dans quelle mesure cette effervescence collective qui a pour effet que certain·e·s « ne sont plus eux-mêmes », s’impose-t-elle à nous ? Dans quelle mesure peut-on dire qu’on est libre si des événements conditionnent à ce point nos comportements ?

À moins que, au contraire, cette circonstance très spéciale, en nous permettant – à la façon des carnavals – de ne plus respecter les conventions, nous libère ?

L’exaltation populaire et collective aliène-t-elle ou libère-t-elle ?

Se mesurer aux autres

Athlétisme, cyclisme, football, boxe, gymnastique, natation, etc. Les sports distinguent les vainqueur·e·s et les vaincu·e·s, établissent des classements, dressent des hiérarchies. En quoi est-il important d’ordonner les personnes les un·e·s par rapport aux autres ? Est-il important de « valoir plus » que les autres ? En quoi la valeur de quelqu’un dépend-elle de son classement ?

Qu’est-ce que le mérite ? Celui-ci se mesure-t-il à sa place dans le classement ?

Ne retrouve-t-on pas une situation similaire en milieu scolaire ? Qu’est-ce qui importe, à l’école, pour un·e élève ? Est-ce apprendre des choses intéressantes ? Est-ce obtenir le plus de point qu’il ou elle est capable d’obtenir, compte tenu de ses forces et faiblesses personnelles ? Est-ce obtenir plus de points que les autres ? Est-ce d’être le meilleur ou la meilleure ?

Pourquoi en irait-il autrement dans le sport ?

Football féminin

En 2022 aura lieu l’Euro de football féminin. L’équipe nationale belge (on appelle ses joueuses les « Red Flames ») est qualifiée pour y prendre part. Les élèves peuvent probablement retrouver les noms de tous les Diables rouges qualifiés pour l’Euro 2020. Combien de joueuses des Red Flames pourront-ils citer ? Qui connait réellement l’histoire du foot féminin qui a commencé en même temps que les hommes, qui a été encouragé pendant la première guerre mondiale et puis interdit plus ou moins jusque dans les années 70’s ?

Pourquoi l’engouement est-il différent pour les hommes et pour les femmes ? Pourquoi la « magie » n’opère-t-elle pas pareillement ? Les femmes ont-elles moins de mérite ? Pourquoi est-ce moins populaire ? Éprouvons-nous des difficultés à voir des femmes s’adonner à un sport qui est souvent décrit par des termes militaires (attaquants, défenseurs, aller au combat, agressivité, etc.) ? Pourquoi ?

Le saviez-vous ? Les rémunérations de l’équipe championne du monde sont 10 fois moins importantes chez les femmes (4 millions d’euros en 2019 contre 40 millions pour leurs homologues masculins). C’est l’un des sports où l’écart est le plus grand. C’est aussi l’un des sports les plus visibles. Les sponsors publicitaires rétribuent moins les sportives que les sportifs.  Qu’en pensez-vous?

Éthique et sport

L’histoire du football est riche en moments de grand fair-play[2]. Elle est hélas émaillée d’épisodes où le fair-play a été très sérieusement égratigné. Le but de la main de Diego Maradona en quart de finale de la Coupe du monde 1986, contre l’Angleterre en est le plus célèbre. L’assistance vidéo offerte à l’arbitrage rend ces situations plus rares, mais il continue d’y avoir des joueurs qui s’attaquent aux chevilles fragiles des adversaires les plus talentueux.

Qu’en pensez-vous ? Que feriez-vous si vous étiez confrontés à de pareilles situations ? Comment décririez-vous l’envie de gagner ? Gagner un match de football justifie-t-il de blesser quelqu’un sciemment ? Qu’est-ce qui prévaudrait à vos yeux : la victoire (avec, éventuellement, une qualification et des gains financiers substantiels) ou l’honnêteté ? Le fair-play est-il encore une valeur cardinale dans le sport ? Qu’en est-il dans le sport de haut niveau ? Et dans la pratique quotidienne (ou hebdomadaire) des élèves ?

Quel est le prix d’une tache sur la conscience ?

Le saviez-vous ? Recourir à des moyens illicites ou non éthiques pour obtenir un résultat que l’on veut obtenir à tout prix est une question qui dépasse le monde du sport. C’est, notamment, le thème de l’histoire de Faust.

Médias et sport

La presse et les journaux sociaux seront inondés de football. Une part considérable de l’espace disponible sera occupée par des informations à l’intérêt objectivement limité. Découvrir l’ambiance dans cinq grandes places du pays où auront été disposés des écrans géants, entendre  un enfant dire qu’il ou elle « aime bien Eden Hazard » présente un intérêt limité en termes d’information nous permettant d’appréhender, connaître et comprendre le monde.

Pourtant, le monde ne s’arrête pas de tourner et des choses importantes se passeront ailleurs. Des migrant·e·s périront en Méditerranée, des personnes Ouïghours et des personnes Rohingyas seront victimes de traitements inhumains, les gouvernements prendront des mesures dans de multiples domaines, des scientifiques feront des découvertes importantes, etc.

Si vous étiez responsable d’un journal, à quoi consacreriez-vous vos pages ou votre temps d’antenne ? Quels critères mobiliseriez-vous pour définir ce dont il est important de parler ? Un journal doit-il aborder les sujets populaires ou bien a-t-il le devoir de porter à la connaissance du public des sujets qui sont plus complexes ?

 

[1] Voir l’enquête de Génération 2020 

[2] Voir par exemple : Top 10 des gestes les plus fair-play vus sur les terrains de foot

Des ressources et des outils pédagogiques pour aller plus loin
Éducation aux médias à travers le sport et l’Olympisme
MARS – Media & Anti-Racisme dans le Sport
What the Foot ?

 

Augmentation du coût de l’énergie

Augmentation du coût de l’énergie

Augmentation du coût de l'énergie Septembre 2022 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une...

Fusillade dans une école au Texas

Fusillade dans une école au Texas

Mai 2022 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet)....

Le conflit russo-ukrainien

Le conflit russo-ukrainien

Le conflit russo-ukrainien Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·es et éducateur·rices de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou...

Chaos au capitole

Janvier 2021

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

Donald Trump (Républicain) avait remporté les élections du 8 novembre 2016 sur Hillary Clinton (Démocrate) au nombre de grands électeurs.

Tout son mandat a été émaillé de moments « atypiques » pour un Président des Etats-Unis. Et par une utilisation frénétique des réseaux sociaux, où il ne manquait pas d’évoquer des « vérités alternatives ».

La 59e élection présidentielle américaine a lieu le 3 novembre 2020. L’élection a connu un taux de participation exceptionnel. Joe Biden (démocrate) a obtenu plus de 51% des voix et Donald Trump 46%. Les Grands électeurs se sont répartis entre 306 pour Biden et 232 pour Trump.

Mais bien avant le scrutin, Donald a annoncé sa conviction que ces élections seraient gravement entachées d’irrégularités à son détriment. Le soir du vote, il a refusé de reconnaître sa défaite, évoquant des « fraudes massives » et « une élection volée », entamant de nombreux recours en la justice. Tous ses recours ont été autant d’échecs, ce qui ne l’a pas empêché de maintenir ses accusations.

Mercredi 6 janvier, le Congrès américain devait certifier la victoire de Joe Biden, simple formalité protocolaire d’ordinaire. Donald Trump ne désespérait pas de faire annuler la victoire du démocrate par le vice-président Mike Pence, qui préside la séance. Il avait aussi appelé ses partisan·ne·s à manifester à Washington et prévu de s’adresser à elles/eux avant cette cérémonie. Il a encore martelé : « nous avons remporté cette élection, et nous l’avons remportée largement » et a galvanisé ses partisan·ne·s en leur demandant de se diriger vers le Capitole pour exprimer leur colère.

S’en est suivie une prise d’assaut par ses partisans du Capitole, symbole de la démocratie américaine. Bilan : quatre morts, bureaux saccagés et séance interrompue. Elle reprendra dans la nuit, un climat de consternation s’installant dans le monde, alors que par ailleurs, les démocrates remportaient deux sièges de sénateurs en Georgie et par là la majorité au Sénat.

« Restez pacifiques », avait-il plaidé sur Twitter, au plus fort de l’invasion, avant que son compte et celui de Facebook ne soient suspendus.

Trump admettait le lendemain la fin de son mandat et promettait une «transition ordonnée », dans un communiqué transmis à la presse répétant qu’il ne reconnaissait pas les résultats de l’élection présidentielle.

Après la journée de chaos ce mercredi 6 janvier, Donald Trump, accusé d’avoir « allumé la mèche », peut-il rester président des États-Unis treize jours de plus ? C’est la question, alors que certains évoquent le 25e amendement autorisant le vice-président et une majorité du cabinet à déclarer le président « inapte » à exercer ses fonctions.

Bernard Chateau

Penser les faits : quelques pistes

Activisme

L’activisme désigne un engagement politique qui vise l’action directe, pour faire entendre le mécontentement ou les demandes d’un groupe de personnes.

Les manifestant·e·s qui ont envahi le Capitole sont révolté·e·s contre une situation (exacte ou pas exacte, mais ils y croient) qui les indigne. Ils/elles ont manifesté dans la rue, se sont rendu·e·s devant le Capitole, ont voulu empêcher la tenue de la réunion en cours, ont affronté les forces de l’ordre qui voulaient le leur interdire, les ont débordées et sont allé·e·s mettre la pagaille dans les bureaux.

Qu’est-ce qui dérange et ne dérange pas, parmi les éléments suivants [1]?
a. Des personnes ne croient pas les résultats officiels des élections.
b. Des personnes en colère veulent agir pour changer la situation qui les met en colère.
c. Des personnes manifestent dans la rue pour dire qu’elles ne sont pas d’accord, donnent leur avis alors qu’on ne le leur demande pas.
d. Des personnes veulent empêcher une réunion des parlementaires, veulent empêcher le fonctionnement de la démocratie.
e. Des personnes n’obéissent pas aux forces de l’ordre.
f. Des personnes mettent à sac un bâtiment, cassent des choses, mettent le désordre dans les affaires des gens qui y travaillent.
g. Le bâtiment que les personnes mettent à sac est le Parlement (si on mettait à sac les bureaux d’une entreprise privée, ce serait moins grave) ?

Désobéir

Les actions de protestation, même pacifiques, peuvent être illégales. Exprimer sa colère et son opinion permet-il tous les comportements ? Permet-il notamment de ne pas respecter la loi ? Par exemple, rater les cours pour aller manifester pour une justice climatique ou envahir le capitole pour suspendre la confirmation de l’élection d’un nouveau président.

Imaginons un instant que, comme le pensent les partisan·ne·s de Donald Trump (mais aucune preuve matérielle sérieuse ne le confirme), il y ait vraiment eu de la fraude pendant les élections et qu’existe vraiment un complot pour faire gagner injustement Joe Biden. Sous cette hypothèse, ces gens auraient-il raison de faire tout ce qu’ils peuvent empêcher l’élection de Joe Biden ?

La plupart des révolutions, des changements de régimes se sont déroulés de manière violente, notamment pour sortir de dictatures. Pourquoi traite-t-on leurs auteur·e·s de héros et condamne-t-on les partisans de Donald Trump qui ont le sentiment d’agir pareillement ?

La désobéissance civile [2]
Dans « La désobéissance civile » (1849), Henry David Thoreau défend l’idée que le citoyen qui ne s’oppose pas à une politique injuste menée par son pays en devient le complice. C’est la raison pour laquelle il avait, 3 ans plus tôt, refusé de payer un impôt en signe d’opposition à l’esclavage et à la guerre contre le Mexique. Cela lui avait valu un séjour en prison. Cette idée de désobéissance civile a inspiré des personnes telles que Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela. « Pour être qualifié de désobéissance civile, le non-respect d’une norme doit être non-violent. Son auteur doit rechercher en l’accomplissant publiquement, la satisfaction de l’intérêt général. »[3] D’aucun·e·s établissent 7 critères permettant d’assimiler une action à de la désobéissance civile. Elle doit (i) être collective, (ii) être publique, (iii) être illégale (ou extra-légale), (iv) être non-violente, (v) intervenir en plus d’une action en justice, (vi) être constructive, proposer des alternatives et (vii) que ses participant·e·s acceptent les risques de sanction.

Réseaux sociaux et traitement des informations

Les réseaux sociaux sont devenus un moyen privilégié de communiquer directement avec le public, sans dépendre des rédactions de presse et de l’intermédiaire d’un·e journaliste. Depuis le début de son mandat, Trump les utilise abondamment pour y diffuser « sa » vérité ou «  vérités alternatives » mêlant informations approximatives voire fausses, propos calomnieux.

Ce 6 janvier, Twitter, Facebook, Instagram et Snapchat ont décidé de bloquer les comptes du Président des États-Unis.
Les responsables de ces réseaux peuvent-ils/elles décider seul·e·s de censurer l’un·e ou l’autre ? Quelles règles estimeriez-vous nécessaire qu’un réseau social applique avant de prendre ce type de décision ? Et si, un jour, les dirigeant·e·s des plate-formes étaient extrémistes et censuraient des paroles « démocratiques » ? Que se passerait-il ?

Quelle différence faire entre une sanction décidée par une personne privée et celle d’un juge, établie au terme d’un procès qui respecte des règles d’équitabilité (juger de façon indépendante et impartiale après avoir écouté tous les points de vue et au vu des lois) ?

Le mensonge court toujours plus vite que la vérité. Sur le web, les fausses informations se répandent six fois plus rapidement que les vraies. Quand une fausse information est diffusée, le démenti qui suit sera toujours moins partagé que la fausse nouvelle elle-même. Comment faire ? Reconnaissez-vous facilement une fausse information ? Comment réagissez-vous quand vous recevez une fausse information ?

Violence de l’État

Voici un peu plus de cent ans, Max Weber a, le premier, mis en avant l’idée selon laquelle la police est l’une des institutions dépositaires du monopole de la violence physique légitime. En dehors de cas particuliers tels que la légitime défense, un·e citoyen·ne ne peut faire usage de la violence physique.

Les États-Unis se sont construits sur l’idée qu’il fallait circonscrire les pouvoirs de l’État. La Constitution américaine de 1776, qui a inspiré, en France la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et puis, en 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme, repose sur l’idée qu’il faut défendre les citoyen·ne·s contre l’arbitraire de l’État. On les protège ainsi contre les immixtions dans leur vie privée, contre les arrestations arbitraires, contre les confiscations, contre les procès inéquitables, etc. Le droit de porter une arme s’explique, aux États-Unis, par la nécessité de doter les citoyen·ne·s des moyens de combattre l’État si celui-ci devait enfreindre ces principes.

Selon vous, la violence doit-elle être le monopole de l’État ? Jusqu’où la police peut-elle aller dans l’usage de la violence ? Existe-t-il des circonstances où vous estimez que des citoyen·ne·s auraient le droit d’utiliser la violence par le biais, notamment d’une arme à feu ? Qui juge que ces circonstances sont rencontrées ?

Violence et discrimination

Aux États-Unis, les forces de police de tout le pays ont commis des violations graves et généralisées des droits humains au cours de manifestations majoritairement pacifiques contre le racisme systémique et les violences policières (voir à ce sujet l’article d’Amnesty International). Or, le dispositif policier était très faible lors de la prise d’assaut du Capitole, alors que le risque était connu. D’aucun·e·s critiquent ce manque d’anticipation et « l’indulgence » des autorités, en comparaison, par exemple, à la manifestation Black Lives Matters pour laquelle le déploiement des forces de l’ordre était considérable.

Peut-il y avoir « deux poids, deux mesures » dans l’usage de la force par l’État ? Y a-t-il des situations, selon vous, qui justifient un certain laxisme des forces de l’ordre et d’autres qui nécessiteraient plus de fermeté ? Pour quelles raisons ? Comprenez-vous que certain·e·s, indigné·e·s, soient tenté·e·s par la violence pour faire changer les choses ?

Le vote

Le vote sert à élire nos représentant·e·s qui voteront des lois et désigneront un gouvernement. C’est le régime politique qui existe en Belgique. Un·e parlementaire représente la population. Il ou elle ne peut donc pas, dans son mandat, ne défendre que son intérêt personnel. Pensez-vous qu’il soit possible que quelqu’un arrive à « s’oublier » au profit de l’intérêt général ?

Certaines personnes plaident pour que, en plus (ou à la place) des parlementaires élu·e·s, un certain nombre de représentant·e·s soient désignés par tirage au sort. Que pensez-vous de ce système ? Aimeriez-vous être ainsi tiré·e au sort pour représenter toute la population belge ?

Que l’on soit élu·e ou tiré·e au sort, représenter la population belge implique de la connaître. Or, la « population belge », cela recouvre de très très nombreuses situations, conditions de vie, opinions, besoins, attentes, etc. différents. Comment vous y prendriez-vous pour appréhender et concilier cette diversité ?

La puissance des États-Unis

Les images du Capitole ont fait le tour du monde. Pourtant, il n’est pas rare que de tels événements se déroulent un peu partout sur la planète. Pourquoi, selon vous, ceux-ci nous touchent et font la une partout dans le monde ? À d’autres endroits de la planète, de manière très fréquente, les principes démocratiques ne sont pas respectés.

Pourquoi ces images choquent-elles particulièrement quand elles se passent aux États-Unis ?
Pourquoi les médias les relaient-ils tant ? Pourquoi les gens en parlent-il plus dans la rue, sur les réseaux sociaux, etc. ?

Références

1 Note pour les enseignant·e·s. Ces éléments permettent de décomposer un fait global et complexe en composantes plus fines, permettant de circonscrire le périmètre du débat et de mieux faire apparaître les différents enjeux.
2 La ligue de l’éducation et de l’éducation permanente a produit un dossier sur la désobéissance civile.
3 https://www.jurisdoctoria.net/2017/03/la-reconnaissance-de-la-desobeissance-civile-en-democratie/

Ressources

  • Déjouer les pièges de la désinformation : http://csem.be/reperesfakenews

  • Comment les algorithmes influencent notre usage d’Internet:  http ://csem.be/reperesbigdata

  • Les journalistes en classe face à la désinformation : http://www.csem.be/journalistesenclassefacealadesinformation

Vivre ensemble dans un monde médiatisé/ les réseaux sociaux : http://csem.be/sites/default/files/files/lesreseauxsociaux.pdf

Réagir face à des fausses nouvelles : 

  • A l’école des réseaux sociaux » https://schoolofsocialnetworks.org/fr/pensee-critique-et-confiance-enseignants/
  • « nous sommes tous des diffuseurs » https://habilomedias.ca/ressources-p%C3%A9dagogiques/au-del%C3%A0-des-faits%C2%A0-nous-sommes-tous-des-diffuseurs

 

 

Augmentation du coût de l’énergie

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Fusillade dans une école au Texas

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Le conflit russo-ukrainien

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Le conflit russo-ukrainien Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·es et éducateur·rices de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou...

Un professeur assassiné

Un professeur français assassiné pour avoir montré des caricatures de Mahomet 

Octobre 2020

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

 

Les faits

Ce vendredi 16 octobre, Samuel Paty un professeur d’histoire-géographie d’un collège de Conflans-Sainte-Honorine, en France, a été retrouvé mutilé à proximité du collège. L’enseignant, âgé de 47 ans, avait montré à ses élèves une caricature de Mahomet une semaine auparavant, sur laquelle le prophète apparaissait accroupi avec une étoile dessinée sur les fesses et l’inscription « une étoile est née ». Le professeur aurait invité les élèves de confession musulmane à sortir de la classe avant de montrer ce dessin, afin de ne pas les choquer, selon un parent d’élève interrogé par la radio France Inter.

Si les circonstances exactes de l’agression ne sont pas encore connues, celle-ci semble avoir été commise par un citoyen russe né à Moscou en 2002 et d’origine tchétchène. Âgé de 18 ans, le meurtrier présumé était né à Moscou de parents tchétchènes, selon des sources policières citées par l’Agence France presse. Il vivait avec sa famille à Evreux, à près d’une centaine de kilomètres du lieu de l’attaque. Il ne fréquentait pas l’établissement du Bois-d’Aulne. Il était connu des services de sécurité pour des faits de droit commun mais il n’avait pas de casier judiciaire et n’était pas fiché S pour radicalisation. La police a tenté d’interpeller l’auteur présumé des faits le 16 octobre vers 17 h, mais celui-ci aurait fait feu sur les agents avec un pistolet d’airsoft (une arme factice tirant des billes en plastique) en criant « Allah Akbar ».

Les policiers ont tiré à dix reprises et ont abattu l’assaillant. Celui-ci avait posté sur Twitter une photo de la tête coupée de sa victime, associée à un message adressé au président français Emmanuel Macron, « le dirigeant des infidèles ».Neuf personnes ont été mises en garde à vue ce 17 octobre. Parmi elles, les parents, un grand-parent et le frère cadet de l’assaillant. Un parent d’élève ayant appelé à l’éviction de l’enseignant sur Facebook a aussi été interpellé. Deux de ces personnes se sont présentées spontanément à la police. Qualifié par Emmanuel Macron d’« attentat terroriste islamiste caractérisé », ce meurtre a suscité une vive émotion à travers le pays. Le ministre français de l’Éducation a jugé que le professeur était « tout à fait en droit » de montrer en classe des caricatures de Mahomet et que la vidéo de protestation d’un parent d’élève diffusée suite à cela était « totalement scandaleuse et faite pour aboutir à quelque chose de probablement violent ». L’Élysée annonce qu’un hommage national sera rendu au professeur mercredi.

Matthias Bertrand
Écrit le 17/10/2020 à 17 h. Voir le fil info de la RTBF

Ces fiches sont un outil pédagogique destiné à développer la réflexion critique et autonome des élèves. Des références à des idées très différentes peuvent être communiquées afin de susciter cet esprit critique. Les idées présentées dans ces fiches ne reflètent pas forcément les positions d’Annoncer la Couleur – Enabel, d’Amnesty International Belgique francophone, du CSEM ou de la RTBF.

Penser les faits : quelques pistes

Cette actualité ouvre plusieurs portes sur des questions de fond de notre société. Il est difficile de prévoir celles dont les réflexions spontanées des élèves favoriseront l’exploitation… L’enseignant·e peut se sentir plus à l’aise d’en développer une plutôt qu’une autre. Les événements sont un substrat pour aborder des questions qui les dépassent. Le projet n’est pas de juger les personnes impliquées dans cette affaire.

Faire justice

Samuel Paty a été tué par un homme qui avait décidé que ce qu’il avait fait était suffisamment grave pour mériter ce châtiment. Pourquoi est-il interdit de se faire justice soi-même ? Quelle différence fait-on entre vengeance et justice ? Quelle différence entre état de droit et loi de la jungle ? Quels risques une société court-elle si chacun·e se donne le droit de juger les gens et d’imposer la peine décidée ?

Dans l’histoire, la loi naturelle a d’abord prévalu. Si A vole une poule à B qui s’en rend compte, et que B est plus fort que A, il peut le passer à tabac et lui prendre tout ce qu’il possède. Puis est arrivée la loi du talion. Pas question que B ne fasse plus de mal à A que ce qu’il a personnellement subi. Et puis, les mentalités ont continué d’évoluer et, au 18e siècle est apparue la Justice moderne, impartiale et indépendante qui confie à des magistrat·e·s le soin de conduire des procès équitables.
En perdant le droit de se faire justice soi-même, l’être humain perd une part de sa liberté. De même, le code de la route fait perdre la liberté de rouler à gauche.

Les lois de la société font parfois perdre en liberté. Certains, comme Jean-Jacques Rousseau soulignent que cette perte de liberté permet toutefois d’élargir le champ des possibles offert aux êtres humains. Le code de la route réduit notre liberté, mais, en organisant la sécurité de nos déplacements, nous permet de circuler et augmente ainsi notre liberté. Êtes-vous d’accord avec cela ? En quoi l’interdiction de se faire justice soi-même serait-elle bénéfique à l’être humain ?

« Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle. »
Article 10 de la Déclaration universelle des droits de l’homme

La peine de mort

Tout assassinat est, a priori, choquant. Pourquoi la vie humaine est-elle considérablement protégée dans nos sociétés ? Samuel Paty a été condamné à mort par son meurtrier. Existe-t-il des crimes suffisamment graves pour justifier qu’on tue quelqu’un ? La haine que l’on ressent à l’égard de quelqu’un peut-elle justifier que l’on souhaite sa mort ? Et que l’on passe à l’acte ? Quelle différence y a-t-il si c’est un État qui condamne à la peine capitale et exécute les condamné·e·s ? Une société peut-elle avoir des projets plus importants que la vie, l’épanouissement et l’accomplissement des êtres humains ? L’humanité a-t-elle plus important à faire que d’atteindre ses Objectifs du développement durable qui traduisent l’aspiration aux droits humains ? Si oui, qu’est-ce qui pourrait importer davantage ?
Plus pour nourrir la réflexion sur la peine de mort.

L’auteur, un monstre ?

D’aucun·e·s recourent au terme « monstre » pour qualifier des personnes qui mériteraient, à leur estime, la peine capitale. Jack l’éventreur ? Un monstre. Geneviève Lhermitte ? Un monstre. Marc Dutroux ? Un monstre.
Un monstre, c’est d’abord une créature légendaire, mythique, remarquable par la terreur qu’elle inspire. Une bête, un animal. Antispécistes mis·es à part, personne ne voit de problème d’ordre éthique à tuer un monstre. Il ne s’agit plus de peine de mort, mais de mesure de protection de la société, au même titre que l’on abattrait un animal dangereux qui se serait enfui d’un zoo ou d’une réserve naturelle.

Que se cache-t-il derrière cette inclination à qualifier de monstres les auteur·e·s des actes les plus abominables ? N’est-ce pas une façon de les exclure du genre humain pour les mettre à distance et, ainsi, refuser de considérer le cousinage qui nous unit à elles et eux ? Si nous décidions de croire que Marc Dutroux est un monstre, qu’il diffère définitivement de nous, cela nous exonérerait de réfléchir à la part sombre qui réside en nous et à l’assumer. Pourtant, les expériences de Milgram — et tant d’autres après lui — ont démontré que nous sommes des êtres fragiles, manipulables, capables du pire si nous sommes mis dans les conditions nécessaires pour cela. Se distinguer radicalement d’un assassin en le qualifiant de « monstre » n’est-il pas une façon de jeter le voile sur les zones d’ombre de notre condition ?

Dans « L’aube »[1], Elie Wiesel fait penser au personnage central de son histoire, que « la haine – comme la guerre et l’amour et la foi – justifie tout, explique tout ». Êtes-vous d’accord en ce qui concerne le verbe « expliquer » ? Êtes-vous d’accord en ce qui concerne le verbe « justifier » ? Seriez-vous d’accord d’ajouter le verbe « excuser » ?

L’enseignement

L’agression de Samuel Paty est liée à l’exercice de son métier d’enseignant. Il a voulu expliquer aux élèves des questions relatives aux droits humains et, singulièrement, à la liberté d’expression. C’est un des rôles explicitement dévolus à l’école que de «préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures »[2]. Cela, c’est la loi. La respecter n’interdit pas de la discuter.
Que pensez-vous de ce décret ? La transmission de valeurs devrait-elle être le monopole de la famille ? L’école doit-elle défendre certaines valeurs ? Si cela relève de sa mission, comment définir les valeurs que l’école doit défendre ? Que faire si un·e élève n’est pas d’accord avec une ou plusieurs valeurs qui sont défendues par l’école ?

Lorsque qu’un·e enseignant-e choisit de traiter d’un sujet chargé en émotion et/ou qui peut faire écho au vécu d’un·e élève ou de ses proches (ex : Shoah, passé colonial, cancer du sein, etc.), devrait-il ou elle lui imposer de participer au cours, lui proposer de quitter la classe ou s’arranger pour exclure de son cours tout ce qui pourrait offenser ses élèves ?
La réponse est-elle la même pour tous les types d’« offenses » ? Peut-on à la fois dire que toute parole doit pouvoir être dite (dans un cours sur la liberté d’expression) et prendre des précautions pour que l’une d’elles ne soit pas entendue ?
Peut-on accepter qu’un·e élève refuse d’assister à des cours parce que le message qui y est porté contreviendrait à ses convictions ? Sur quels sujets l’école peut-elle décider que « c’est comme ça, tu n’as pas le choix ! » ou que « tu te fais librement ta propre idée, c’est toi qui vois » ? Trouvez-vous que l’école formate vos cerveaux, oriente trop votre pensée ou que, au contraire, elle vous donne les moyens de développer votre propre opinion sur un sujet en vous faisant découvrir plusieurs points de vue ?

Voir ici le décret « Missions » du 24 juillet 1997, en particulier les articles 6 et 8. À noter que l’article 8, 5° dispose qu’il faut veiller à ce que chaque établissement « fasse respecter par chaque élève l’obligation de participer à toutes les activités liées à la certification organisée par l’établissement, et d’accomplir les tâches qui en découlent ».

La liberté d’expression

De tout temps, la caricature est un média qui a provoqué, gêné, suscité des débats. La caricature est en effet une « représentation grotesque obtenue par l’exagération et la déformation des traits caractéristiques du visage ou des proportions du corps, dans une intention satirique » (Larousse)[3]. Dans le cadre scolaire, l’analyse d’un média permet d’aiguiser son esprit critique. Elle contribue à l’exercice de la citoyenneté puisqu’elle nous invite à décoder un message dans un monde hyper-médiatisé et à en comprendre les intentions.

Dans un état démocratique, la liberté d’expression est très vaste et elle vaut aussi pour des idées qui « heurtent, choquent l’État ou une fraction quelconque de la population »[4]. Mais elle n’est pas absolue. Certains propos sont considérés comme équivalant à des actes. La liberté d’expression s’arrête donc à tout propos qui incite, pousse, appelle d’autres personnes à la haine[5].

La liberté d’expression n’est pas le cœur de cette affaire, Samuel Paty n’ayant pas formulé une opinion, mais donné cours. Il se peut toutefois que les élèves s’y arrêtent car c’est un sujet sensible. La liberté d’expression est limitée par la loi, notamment par l’interdiction de l’incitation à la haine. Qu’en pensez-vous ? Quelle différence existe-t-il entre une caricature et un propos diffamatoire ? Certain·e·s pensent que l’offense religieuse devrait limiter la liberté d’expression. Leur position n’est pas celle de la loi. Qu’en pensez-vous ?

Peut-on tout dire ? Socrate, dans l’histoire des trois filtres[6], tend à réduire la liberté d’expression, êtes-vous d’accord avec lui ? La liberté d’expression est très développée, notamment sur les réseaux sociaux qui sont très peu contrôlés. Pensez-vous que c’est une bonne chose ?

Des outils pour nourrir la réflexion sur la liberté d’expression :
Dossier pédagogique et cahier d’exercices – la liberté d’expression (Amnesty International)
Cultures occidentales et liberté d’expression (CSEM)

 

[1] WIESEL Elie, 1960, L’aube, Seuil, coll. Points, p. 93.
[2] Décret « Missions », article 6.
[3] http://csem.be/sites/default/files/files/regardshistoriquessurlacaricature.pdf
[4] Cour européenne des droits de l’homme, arrêté Handyside (7 décembre 1976)
[5] http://csem.be/repereslibertedexpression
[6] On prête à Socrate (voir histoire complète ici) d’avoir établi qu’une chose ne pouvait être dite que si elle est à la fois exacte, bonne et utile.

 

 

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