Augmentation du coût de l'énergie Septembre 2022 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une...
Euro Foot
Euro Foot
Juin 2021
Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).
Les faits
Reporté l’été dernier à cause de la pandémie lié à la COVID-19, l’Euro de football aura lieu du 11 juin au 11 juillet. Du match d’ouverture à Saint-Pétersbourg à la finale à Londres, les 51 matches de ce tournoi se dérouleront dans 11 villes européennes et non dans un (ou plusieurs) pays organisateur(s) comme c’est généralement le cas pour cette compétition : l’UEFA (Union des associations européennes de football) a fait ce choix pour célébrer les 60 ans de l’Euro.
Depuis 1960, 8 des 15 éditions de ce tournoi qui se tient tous les 4 ans ont été remportées par trois pays (Allemagne, Espagne et France). Les 24 équipes nationales – dont celle de la Belgique – participantes à cet Euro 2020 (l’UEFA a officiellement conservé ce nom) ont décroché leur place pour la phase finale de la compétition suite à leurs résultats lors des matches éliminatoires auxquels 55 pays ont participé en 2019 et 2020.
Malgré les restrictions sanitaires toujours de mise en Europe, les rencontres de l’Euro se tiendront en présence de spectateur·rice·s : l’UEFA a imposé que les stades soient remplis à 25 % (minimum) de leur capacité et ce, même si les protocoles en vigueur dans les différents pays ne l’autorisent pas. Bilbao et Dublin, refusant de se soumettre à la règle imposée par l’UEFA, ont été, in-extremis, retirées de la liste des villes hôtes de l’Euro. Dans les stades, comme autour des écrans géants qui seront, malgré la pandémie mais avec des restrictions, installés en Belgique et un peu partout en Europe, ces matches seront pour les supporter·rice·s l’occasion de montrer, de manière souvent exacerbée, leur attachement à leur équipe nationale.
Au-delà de l’engouement qu’elles suscitent auprès des amateur·rice·s de football, l’Euro est un événement extrêmement lucratif : l’Euro 2016 a rapporté près d’1 milliard d’euros à l’UEFA. Épinglons d’autres chiffres mirobolants : les 34 millions d’euros promis à l’UEFA au gagnant du tournoi et les 1,5 million d’euros offerts à chaque équipe, par match gagné. Ou encore, les 330 000 euros qu’une marque devra débourser pour un écran publicitaire de 30 secondes sur la chaîne française M6 (diffuseur de l’événement), lors de la finale de l’Euro, si la France arrive à ce stade de la compétition.
Avec les Jeux olympiques et la Coupe du monde de football, l’Euro est l’événement sportif le plus médiatisé au monde. En 2016, en Belgique, la finale de cette compétition a attiré 2,5 millions de téléspectateur·rice·s, soit 70 % des personnes devant leur téléviseur à ce moment-là. Tandis que dans le monde, l’ensemble de cette compétition a attiré 6 milliards de téléspectateur·rice·s en audience cumulée. L’enquête « Génération 2020 » sur les pratiques numériques des jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles met également en lumière que parmi toutes les catégories d’information (musique, infos sensationnelles, société, etc.) c’est le sport qui suscite le plus d’intérêt ! (CSEM et Media-Animation, 2019)[1]
D’autres sports, mais aussi l’Euro de football féminin dont la prochaine édition aura lieu en 2022, doivent se contenter d’une visibilité bien moindre. Une grande première cependant et un symbole dans la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes : lors de l’Euro, la française Stéphanie Frappart sera la première femme à arbitrer, en tant que 4e arbitre, un match de cette compétition masculine.
Anouck Thibaut
Le site de la RTBF, la chaîne qui diffusera les matches de l’Euro en Belgique francophone
Le site de l’UEFA avec des informations concernant l’histoire de la compétition, son organisation et les villes hôtes de l’événement.
Penser les faits
L’importance du « national »
L’équipe est « nationale », porte les couleurs de notre pays. Le dénominateur commun que nous mettons en avant, est la nationalité. N’est-ce pas une étrange chose, en fin de compte, que cette nationalité ? Les agriculteur·trice·s belges et français·es ne sont-ils pas plus proches l’un de l’autre, dans ce qui constitue leur vie quotidienne, que l’agriculteur·trice belge et le·la banquier·ère belge ? On célèbre l’appartenance à un pays. En quoi est-ce important d’appartenir à un pays ?
En quoi cela nous fait-il du bien de penser qu’on est belge (ou français, ou marocain, ou italien) ?
Comment font les personnes qui ont deux nationalités ? Supportent-elles pareillement leurs deux équipes nationales ? Se sentent-elles de leurs deux pays ?
Les nationalités sont-elles un obstacle à la fraternité humaine, à l’entente de tous les êtres humains ? Certain·e·s estiment qu’il faudrait supprimer toutes les frontières et l’idée même de pays. Qu’en pensez-vous ?
Accorder de l’importance à la nationalité, cela peut signifier l’estime des personnes de même nationalité ; cela peut aussi signifier le rejet (voire la haine) des personnes qui ne partagent pas la même nationalité. Quelle différence y a-t-il entre ces deux postures ?
Une personne ayant des propos racistes peut tomber dans les bras d’une personne racisée pour célébrer un but. Pourquoi ce plaisir de ne former qu’une seule grande famille ne dure-t-il pas une fois les lampions éteints ?
Effet de groupe et liberté
Certaines personnes qui ne s’intéressent jamais au football commencent à regarder des matches à la télévision et à hurler quand les Diables marquent un but. En cas d’élimination, certain·e·s pleurent réellement, sincèrement, comme si un être cher venait de disparaître. Beaucoup font, pendant une phase finale de coupe du monde ou d’Euro des choses qu’ils et elles ne feraient pas en temps ordinaire.
Dans quelle mesure cette effervescence collective qui a pour effet que certain·e·s « ne sont plus eux-mêmes », s’impose-t-elle à nous ? Dans quelle mesure peut-on dire qu’on est libre si des événements conditionnent à ce point nos comportements ?
À moins que, au contraire, cette circonstance très spéciale, en nous permettant – à la façon des carnavals – de ne plus respecter les conventions, nous libère ?
L’exaltation populaire et collective aliène-t-elle ou libère-t-elle ?
Se mesurer aux autres
Athlétisme, cyclisme, football, boxe, gymnastique, natation, etc. Les sports distinguent les vainqueur·e·s et les vaincu·e·s, établissent des classements, dressent des hiérarchies. En quoi est-il important d’ordonner les personnes les un·e·s par rapport aux autres ? Est-il important de « valoir plus » que les autres ? En quoi la valeur de quelqu’un dépend-elle de son classement ?
Qu’est-ce que le mérite ? Celui-ci se mesure-t-il à sa place dans le classement ?
Ne retrouve-t-on pas une situation similaire en milieu scolaire ? Qu’est-ce qui importe, à l’école, pour un·e élève ? Est-ce apprendre des choses intéressantes ? Est-ce obtenir le plus de point qu’il ou elle est capable d’obtenir, compte tenu de ses forces et faiblesses personnelles ? Est-ce obtenir plus de points que les autres ? Est-ce d’être le meilleur ou la meilleure ?
Pourquoi en irait-il autrement dans le sport ?
Football féminin
En 2022 aura lieu l’Euro de football féminin. L’équipe nationale belge (on appelle ses joueuses les « Red Flames ») est qualifiée pour y prendre part. Les élèves peuvent probablement retrouver les noms de tous les Diables rouges qualifiés pour l’Euro 2020. Combien de joueuses des Red Flames pourront-ils citer ? Qui connait réellement l’histoire du foot féminin qui a commencé en même temps que les hommes, qui a été encouragé pendant la première guerre mondiale et puis interdit plus ou moins jusque dans les années 70’s ?
Pourquoi l’engouement est-il différent pour les hommes et pour les femmes ? Pourquoi la « magie » n’opère-t-elle pas pareillement ? Les femmes ont-elles moins de mérite ? Pourquoi est-ce moins populaire ? Éprouvons-nous des difficultés à voir des femmes s’adonner à un sport qui est souvent décrit par des termes militaires (attaquants, défenseurs, aller au combat, agressivité, etc.) ? Pourquoi ?
Le saviez-vous ? Les rémunérations de l’équipe championne du monde sont 10 fois moins importantes chez les femmes (4 millions d’euros en 2019 contre 40 millions pour leurs homologues masculins). C’est l’un des sports où l’écart est le plus grand. C’est aussi l’un des sports les plus visibles. Les sponsors publicitaires rétribuent moins les sportives que les sportifs. Qu’en pensez-vous?
Éthique et sport
L’histoire du football est riche en moments de grand fair-play[2]. Elle est hélas émaillée d’épisodes où le fair-play a été très sérieusement égratigné. Le but de la main de Diego Maradona en quart de finale de la Coupe du monde 1986, contre l’Angleterre en est le plus célèbre. L’assistance vidéo offerte à l’arbitrage rend ces situations plus rares, mais il continue d’y avoir des joueurs qui s’attaquent aux chevilles fragiles des adversaires les plus talentueux.
Qu’en pensez-vous ? Que feriez-vous si vous étiez confrontés à de pareilles situations ? Comment décririez-vous l’envie de gagner ? Gagner un match de football justifie-t-il de blesser quelqu’un sciemment ? Qu’est-ce qui prévaudrait à vos yeux : la victoire (avec, éventuellement, une qualification et des gains financiers substantiels) ou l’honnêteté ? Le fair-play est-il encore une valeur cardinale dans le sport ? Qu’en est-il dans le sport de haut niveau ? Et dans la pratique quotidienne (ou hebdomadaire) des élèves ?
Quel est le prix d’une tache sur la conscience ?
Le saviez-vous ? Recourir à des moyens illicites ou non éthiques pour obtenir un résultat que l’on veut obtenir à tout prix est une question qui dépasse le monde du sport. C’est, notamment, le thème de l’histoire de Faust.
Médias et sport
La presse et les journaux sociaux seront inondés de football. Une part considérable de l’espace disponible sera occupée par des informations à l’intérêt objectivement limité. Découvrir l’ambiance dans cinq grandes places du pays où auront été disposés des écrans géants, entendre un enfant dire qu’il ou elle « aime bien Eden Hazard » présente un intérêt limité en termes d’information nous permettant d’appréhender, connaître et comprendre le monde.
Pourtant, le monde ne s’arrête pas de tourner et des choses importantes se passeront ailleurs. Des migrant·e·s périront en Méditerranée, des personnes Ouïghours et des personnes Rohingyas seront victimes de traitements inhumains, les gouvernements prendront des mesures dans de multiples domaines, des scientifiques feront des découvertes importantes, etc.
Si vous étiez responsable d’un journal, à quoi consacreriez-vous vos pages ou votre temps d’antenne ? Quels critères mobiliseriez-vous pour définir ce dont il est important de parler ? Un journal doit-il aborder les sujets populaires ou bien a-t-il le devoir de porter à la connaissance du public des sujets qui sont plus complexes ?
[1] Voir l’enquête de Génération 2020
[2] Voir par exemple : Top 10 des gestes les plus fair-play vus sur les terrains de foot
Des ressources et des outils pédagogiques pour aller plus loin
– Éducation aux médias à travers le sport et l’Olympisme
– MARS – Media & Anti-Racisme dans le Sport
– What the Foot ?
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Fusillade dans une école au Texas
Mai 2022 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet)....
Le conflit russo-ukrainien
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