COVID-19
Mai 2020
Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).
Les faits
La pandémie de maladie à coronavirus de 2019-2020 a débuté en novembre/décembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine centrale, puis s’est propagée dans le monde entier.
Une des caractéristiques de cette épidémie (déclarée « pandémie » le 11 mars par l’Organisation mondiale de la santé) est son haut degré de contagiosité. La survie du virus sur certaines surfaces, son mode de propagation, notamment par les gouttelettes d’eau émises lors d’éternuements, de postillons voire au moment d’expirer l’air de ses poumons et l’existence de porteurs asymptomatiques ont eu pour effet que les autorités de nombreux pays ont pris de très sévères mesures de confinement.
Celles-ci ont eu pour effet d’atténuer la propagation de la maladie et d’atténuer la sollicitation des services de santé. La majorité des personnes atteintes développent une forme de la maladie proche de la grippe qu’on peut soigner au moyen d‘anti-douleurs et en respectant un confinement strict pour éviter la transmission notamment à des proches. Dans certains cas, la victime éprouve d’importantes difficultés respiratoires qui nécessitent une hospitalisation. Les niveaux ultérieurs sont le besoin d’une assistance respiratoire, les soins intensifs et, dans certains cas, le décès.
La probabilité d’être durement atteint·e n’est pas très élevée, mais le nombre de cas est tel que les chiffres relatifs aux décès sont élevés.
Le confinement strict a été imposé en Belgique jusqu’au vendredi 15 mai, les écoles ouvrant à nouveau mais très partiellement leurs portes le lundi 18 mai. Sur toute la période*, on a enregistré en Belgique plus de 8500 personnes qui ont perdu la vie en raison du COVID-19.
*en date du 11 mai 2020
Penser les faits : quelques pistes
Nos conditions de vie
La pandémie de coronavirus a fait 3 700 morts. Cela a causé une émotion considérable et mis le pays sens dessus dessous. Pourtant, en 2017 et 2018 on a compté environ 7 400 personnes tuées en Belgique des suites d’accidents de la route. Quelle est la différence ? Pourquoi acceptons-nous, dans un cas, de changer radicalement notre mode de vie et ne l’acceptons-nous pas dans l’autre ?
On peut aller plus loin sur l’introspection de notre attachement à notre mode de vie. Notre mode de vie contribue au changement climatique qui est indirectement responsable de très nombreux décès dans le monde. Il repose sur l’extraction massive de ressources minières exploitées dans des conditions parfois inhumaines. Le pétrole que nous achetons massivement à des pays tels que l’Arabie saoudite les rend si immensément riches et nécessaires qu’ils peuvent continuer impunément à nier les droits des femmes.
Pourquoi avons-nous accepté de changer radicalement notre mode de vie pour le coronavirus alors que nous ne sommes apparemment pas prêts à le faire pour des victimes encore bien plus nombreuses dans le monde ?
Les expert·e·s scientifiques
Comment expliquer que des expert·e·s scientifiques aient été tellement écouté·e·s par les gouvernements ? Alors que pour d’autres sujets comme le changement climatique, des analyses scientifiques existent, sont diffusées mais les décisions politiques peinent à suivre.
Quelle est la place des expert·e·s en matière de décision politique ? Comment distinguer ce qui relève de l’expertise scientifique et ce qui relève du débat démocratique ?
Les réseaux sociaux et la diffusion massive des informations nous permettent d’être informés rapidement, mais comment s’y retrouver dans le flux d’informations ? Comment faire le tri ? Quelle confiance attribue-t-on à tel propos plutôt qu’à tel autre ? Pourquoi ?
Comment distinguer un discours scientifique d’un autre type de discours ? Pourquoi tous les scientifiques ne sont-ils pas d’accord entre eux ?
Les dilemmes
En France, des médecins se sont retrouvés confrontés à un choix cruel. Plusieurs patients se trouvaient dans un état tel qu’ils ont besoin d’un respirateur artificiel, mais ils n’en avaient plus qu’un seul. Il fallait décider, vite, à qui on va le donner. Imaginons une situation similaire avec 6 personnes et seulement deux respirateurs. [On peut donner des noms aux personnes ou simplement des lettres d’identification pour aider la discussion.]
Une personne [A] se trouve en détresse respiratoire sévère, plus sévère que les autres. En fait, le risque qu’elle meure est très élevé, et lui donner un respirateur ne permet pas de dire qu’elle sera assurément sauvée. Elle a 60 ans.
Une autre personne [B], âgée de 90 ans ne se trouve pas dans une telle détresse respiratoire.
Une troisième personne [C], âgée de 19 ans, ne se trouve pas non plus dans une telle détresse respiratoire.
Une quatrième personne [D], âgée de 60 ans, se trouve dans le même état que les deux précédentes {B et C]. Elle est extrêmement riche et promet d’offrir un million d’euros au médecin s’il la choisit, elle.
Une cinquième personne [E], âgée de 35 ans, se trouve dans le même état que les trois précédentes [B, C et D]. Elle est mariée et a deux enfants de 2 et 4 ans.
La sixième personne [F], âgée de 29 ans, se trouve dans le même état que les quatre précédentes [B, C, D et E]. C’est une star, l’un des cinq DJ’s les plus connus au monde.
Discuter cette question fait apparaître ce à quoi on accorde de l’importance.
Interdépendance
Pendant quelques semaines, la Belgique a manqué de masque et de nombreuses personnes ont pris des risques. C’est le cas des infirmier·e·s à domicile, des aide-ménager·e·s, des policier·e·s, du personnel de grandes surfaces, de certains médecins, etc. En fait, ces masques sont normalement fabriqués en Chine, mais la Chine soit avait arrêté sa production pour lutter contre la propagation du virus, soit la conservait pour ses propres besoins. Est-il normal de se trouver comme ça dépendants du bon vouloir d’autres pays ? N’est-ce pas aussi le cas d’autres produits comme le pétrole que les pays exportateurs pourraient décider d’arrêter de nous livrer ? Comment En même temps, c’est grâce au fait qu’ils sont produit loin par une main-d’œuvre qu’on paie très peu qu’on peut avoir ici des vêtements bon marché. La mondialisation, c’est une sorte de grande distribution des productions dans le monde. Tel pays produit ceci, tel pays produit cela, la Belgique fabrique des bières et du chocolat. Et puis on s’échange. Sommes-nous prêts à revenir en arrière, à recommencer à produire certaines choses vitales ici pour ne plus dépendre du bon vouloir des autres ? Mais cela coûtera beaucoup plus cher. Sommes-nous d’accord ?
Prendre soin des autres
On a imposé à tout le monde un confinement sévère et difficile pour diminuer la propagation d’un virus qui mettait surtout les personnes fragiles en péril. Cela signifiait que, pour les sauver, on a imposé aux jeunes des mesures strictes alors qu’ils et elles étaient beaucoup moins en danger.
Est-ce normal de demander un tel effort aux jeunes ? La loi de la sélection naturelle que l’on observe dans la nature a pour effet que les personnes les plus faibles ne survivent pas. Aurait-il été juste de laisser la nature faire ? Pourquoi ? Si vous pensez que oui, pourquoi ne l’a-t-on pas fait ? Si vous pensez que non, pourquoi la protection des plus faibles ne s’applique-t-elle pas dans d’autres situations telles que, par exemple, les personnes qui meurent de faim dans le monde ? Serait-il juste, par exemple, de demander aujourd’hui aux personnes fragiles qui ont survécu grâce à l’effort des jeunes qui se sont confinés de payer chacune 1000 euros à chaque jeune pour le ou la dédommager de sa peine ?
Quel effet cela faisait-il de penser que, en restant confiné·e, vous preniez soin de votre voisin·e, de types de la rue que vous ne connaissez même pas ?
Un certain nombre de personnes, surtout au début, ne respectaient pas les consignes. Qu’en pensez-vous ? Les comprenez-vous ? Les excusez-vous ?
Certain·e·s disaient qu’ils et elles ne respectaient pas le confinement parce qu’ils n’en voyaient pas l’intérêt. Peut-on ne pas respecter la loi si on ne lui trouve pas d’intérêt ou d’utilité ?
Tester des vaccins en Afrique
À un moment, des articles ont paru pour dire que certains médecins ont évoqué la possibilité de tester des vaccins sur le continent africain. Ces personnes ont démenti avoir voulu dire cela, mais de nombreuses personnes ont dit, sur les réseaux sociaux, que ce serait une bonne idée si cela peut aboutir à des résultats dont le monde entier profitera. D’autres personnes ont estimé qu’il n’est pas acceptable que des êtres humains servent de cobayes sous prétexte qu’ils vivent dans des pays moins riches. Qu’en pensez-vous ?
Pourrait-on accepter qu’un pays très très pauvre comme Haïti ou la RDC vende à des entreprises pharmaceutiques le droit d’expérimenter des traitements ou des vaccins sur leur population ? Quels sont les arguments en faveur de cette idée ? Et les arguments en défaveur. Lesquels pèsent-ils le plus lourd ? Pourquoi ?
Coronavirus et libertés démocratiques
En Belgique, nous avons, pour des raisons de santé publique, accepté de renoncer à de très nombreux droits et libertés : circuler dans l’espace public, vie culturelle (théâtre, concerts, cinémas, etc.), enseignement, droit de manifester, etc. On a pu le supporter parce que c’était temporaire et que la situation était exceptionnelle. Comment réagiriez-vous si les autorités en profitaient pour discrètement, ne pas vous rendre tous les droits une fois cette situation passée ? Si on devait interdire tous les concerts, par exemple. Ou de manifester dans la rue quand on n’est pas d’accord…
Jusqu’où sommes-nous prêts à abandonner nos libertés pour la santé publique ? La crise du coronavirus pourrait-elle motiver de renoncer à la démocratie au profit d’une dictature ?
Pour aller plus loin :
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-la-perte-de-liberte-en-europe-preoccupe_3893041.html https://www.amnesty.be/infos/actualites/coronavirus-dossier
Crédit photo : Jezperklauzen sur iStock
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