Conflit Israël – Territoires palestinies occupés

Conflit Israël – Territoires palestinies occupés

Conflit Israël et Territoires palestiniens occupés

NOVEMBRE 2023

AVERTISSEMENT

Le sujet abordé est sensible et nécessite une grande prudence. Nous ne pouvons être tenus responsables des difficultés qui pourraient en résulter. Ces fiches sont un appui pédagogique destiné à développer la réflexion critique et autonome des élèves. Des références à des idées très différentes peuvent être communiquées afin de susciter cet esprit critique. Cette fiche n’est en aucun cas une prise de position dans le conflit de la part des organisations qui y ont travaillé et de ce qu’elles représentent. Elle vise à permettre un dialogue et réflexion critique à propos de concepts mobilisés dans cette actualité, et non à propos du conflit en lui-même. Le sujet est sensible et peut entraîner des réactions vives des élèves. Il importe, avant de commencer la discussion, de rappeler les règles d’un débat serein : demander la parole, ne pas parler trop longtemps, ne pas interrompre, ne pas insulter, etc. Si les conditions d’un débat serein ne sont plus respectées, y mettre un terme et, si possible, lancer un débat « méta » sur la question « pourquoiest-on emporté par ses émotions, au point qu’il n’est plus possible de discuter sereinement ?

Les faits

Plutôt que de relater des faits qui seront remplacés par de nouveaux développements le lendemain, et étant donné que les développements sont abondamment couverts par les médias, nous souhaitons référer aux sources médiatiques, comme par exemple :

https://www.rtbf.be/archive/guerre-au-proche-orient https://www.lesoir.be/81616/sections/proche-et-moyen-orient https://www.lalibre.be/dossier/international/moyen-orient/attaques-du-hamas-israel-palestine-en-guerre/

Penser les faits : quelques pistes

Le poids de mots

S’agit-il de crimes de guerre ? Si on estime qu’existe un conflit armé entre l’état d’Israël et le groupe terroriste Hamas, il s’agit en effet d’infractions graves – parmi les plus graves qui soient – au droit de la guerre. On peut dans ce cas parler de crimes de guerre. S’agit-il de terrorisme ? Il n’y a pas encore un consensus sur une définition dans le droit international, mais des définitions ont été proposées par les Nations Unies et l’Union européenne, comme par exemple : « des actes criminels, y compris contre des civils, commis dans l’intention de causer la mort ou des blessures corporelles graves, ou la prise d’otages, dans le but de provoquer un état de terreur dans l’opinion publique en général ou dans un groupe de personnes ou de personnes particulières, d’intimider une population ou contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte. »[1], ou encore « Les actes de terrorisme ont pour but, par leur nature ou leur contexte, d’intimider gravement une population ou de contraindre indûment un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte ou à déstabiliser ou détruire gravement les structures politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales fondamentales de ce pays. Un pays ou une organisation internationale. » [2] Le Hamas, officiellement reconnu comme un groupe terroriste par l’Union européenne depuis 2001, a attaqué la population civile israélienne, tué des personnes, emporté des otages. Comment peut-on qualifier ces faits ? Pensez-vous qu’il existe des circonstances où le recours à des actes de violence est moralement acceptable ?

[1] Conseil de sécurité des Nations Unies, dans sa résolution 1566 d’octobre 2004

[2] Mai 2005, adoption de la Convention pour la prévention du terrorisme par le Conseil de l’Europe

Droit de riposter ?

La guerre met un État dans une situation particulièrement critique. Acculé par des circonstances défavorables, il pourrait être tenté, à un moment ou un autre, de perdre la raison et de commettre des actions meurtrières. C’est la raison pour laquelle existe le droit international humanitaire et le « droit de la guerre ». Il définit ce que les forces armées peuvent faire et ce qu’elles ne peuvent pas faire lors d’un conflit armé. Ces règles visent notamment à protéger les populations civiles dont on a toujours estimé qu’elles n’étaient pas concernées ou devaient ne pas l’être par les batailles entre militaires. Ces règles (ne pas maltraiter les prisonnier·es, ne pas attaquer les populations civiles, ne pas prendre d’otages, etc.) sont les mêmes pour les deux camps. Estimez-vous que ce soit une bonne chose ou que la partie armée agressée devrait pouvoir, elle, en tant que « victime » avoir recours à tous les moyens possibles pour se défendre, en ce compris attaquer les civil·es de la partie adverse ? Le fait qu’une partie d’un conflit ne respecte pas le droit international humanitaire ou le droit de la guerre n’autorise pas l’autre à l’enfreindre également. Estimez-vous que cela devrait être le cas ? Une règle ne devrait-elle être respectée que si tout le monde la respecte ? Doit-on observer un principe parce que tout le monde le respecte ou parce qu’on pense qu’il est juste ? Que faire quand un conflit dure depuis très longtemps ? Cette distinction entre agresseur et agressé tient-elle toujours ou les deux parties finissent-elles par être, selon des modalités différentes, à la fois agresseurs et agressés ?

Représailles

Les mesures de représailles sont des réponses à des actions passées, tandis que les mesures de défense sont des actions prises pour se protéger contre des menaces actuelles ou imminentes. Une même mesure peut être à la fois l’une et l’autre, quand les représailles ont une visée dissuasive. Par mesure de représailles contre les attaques terroristes dont il a été l’objet, Israël a imposé des sanctions contre les habitant·es de la bande de Gaza : plus d’approvisionnement ni en eau, ni en médicaments, ni en électricité, ni en nourriture. Cette sanction touche durement la population civile. Pensez-vous qu’il soit acceptable de punir toute une population pour toucher les auteurs d’actes terroristes, si abominables ces actes aient-ils été ? L’Histoire compte plusieurs épisodes pendant lesquels une armée a menacé d’exterminer une population si les coupables qui s’y cachaient ne se rendaient pas, à une moindre échelle, les profs qui, dans le passé, menaçaient toute une classe de punition collective si le coupable ne se désignait pas, usaient du même principe. Quel jugement moral portez-vous sur cette pratique ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Que penser, de l’autre côté, des auteur·es de ces actes terroristes qui se cachent au milieu de la population civile plutôt que de se dénoncer ? Pensez-vous qu’ils et elles manquent de courage et/ou d’honnêteté ? Que feriez-vous à leur place ? Et que penser des chef·fes qui donnent leurs ordres depuis des pays étrangers ?

Valeur d’une vie

La vie humaine a une valeur infinie pour les religions (et notamment dans les religions juive, musulmane et chrétienne représentées dans le conflit israélo-palestinien) et dans l’esprit de la plupart des personnes agnostiques ou athées. En dehors de quelques circonstances telles que les militaires pendant une guerre, tuer est un interdit universel. Pourtant, ici, le Hamas a massacré des Israélien·nes et les autorités israéliennes ont décidé de frappes dont elles savaient qu’elles tueraient des Palestinien·nes. Pensez-vous que la vie humaine doit être absolument (c’est-à-dire de façon absolue, sans exception) préservée ou pensez-vous qu’il existe des circonstances où tuer des gens est acceptable ? On parle beaucoup « des Israélien·nes » et « des Palestinien·nes » comme s’il s’agissait chaque fois d’un ensemble homogène. Comment éviter le piège de la généralisation ?

L’importance des images

Le droit de la guerre interdit de publier des photos de prisonnier·ères de guerre. Le Hamas a veillé à filmer ses opérations sanguinaires et à en diffuser les images. Pourquoi pensez-vous qu’il a adopté cette stratégie de communication ? Comment nous sentons-nous en voyant ces images ? Pourquoi les regardons-nous quand même si elles nous choquent ? Pareillement, nous sommes particulièrement scandalisé·es par les images d’enlèvement, avec violence, d’enfants, de jeunes femmes et de personnes très âgées. Les terroristes en sont conscient·es et en jouent pour intensifier leur provocation. Comment expliquez-vous cette sensibilité et cette insensibilité (celle des terroristes du Hamas) ?

Détenir la terre

Le conflit israélo-palestinien, c’est l’histoire de deux peuples qui revendiquent la propriété et le contrôle d’un même espace, d’une même terre. La terre est-elle un bien comme un autre ? Qu’est-ce que le fait d’être propriétaire d’un terrain a de plus que le fait d’être propriétaire d’une voiture ou d’une entreprise ? En quoi le fait d’avoir une terre à soi est-il important pour un peuple ?

Violence et souffrance

Un certain nombre de voix expriment que la violence des agressions du Hamas est certes démesurée et inacceptable, mais qu’elle doit être mise en rapport avec la violence de la façon dont sont traité·es les habitant·es de la bande de Gaza, sous blocus israélien depuis 2007. Peut-on comparer ces violences de natures différentes ? Qu’en est-il de la souffrance ? La violence est un acte externe, intentionnel et direct, tandis que la souffrance peut être causée par des événements externes (comme la violence), mais elle peut aussi être le résultat de facteurs internes ou de circonstances de la vie comme des conditions de vie pénibles. Certain·es pensent que ce n’est pas seulement la violence qu’il faut combattre, mais tout ce qui, d’origine humaine, crée de la souffrance. Qu’en pensez-vous ?

Neutralité

Les auteur·es de cette fiche ont veillé à ne pas poser une question centrale, aussi visible qu’un éléphant dans un couloir : à quel camp donner raison ? Plusieurs explications conjuguent leurs effets : la crainte de s’attirer les foudres – parfois extrêmement violents – des adeptes de tel ou tel camp ; la nécessité de respecter les règles relatives à la neutralité des espaces scolaires et la volonté d’offrir des espaces de réflexion sereins sur des éléments connexes à ce conflit. Quelle est l’importance de la neutralité ? Pensez-vous qu’il soit possible d’être neutre ? Comment peut-on ou de s’efforcer de l’être ? Pourquoi pensez-vous que ce sujet soit si sensible dans la société ? Pourquoi semble-t-il souvent difficile de l’évoquer dans une discussion modérée, sans que le moindre propos, qu’on pense nuancer, nous range dans un camp ou dans l’autre ?

Pour aller plus loin : sept raisons pour une nation de souhaiter disposer d’un territoire à soi

1. Identité culturelle et historique – Le territoire peut être intrinsèquement lié à l’histoire et à la culture d’un peuple. Il peut contenir des sites sacrés, des lieux de mémoire, des traditions et des coutumes spécifiques qui sont essentiels pour l’identité ethnique.

2. Sécurité et stabilité – La possession d’un territoire peut offrir une certaine sécurité physique et économique. Un territoire stable peut permettre aux communautés de planifier l’utilisation des ressources naturelles, de développer l’agriculture et des infrastructures.

3. Autonomie politique – Posséder un territoire permet souvent à un groupe ethnique d’avoir son propre gouvernement, d’adopter ses propres lois et politiques, préservant ainsi son identité culturelle.

4. Économie et ressources naturelles – Les ressources naturelles présentes sur un territoire (comme l’eau, les minéraux, les terres agricoles) peuvent être essentielles à la subsistance et au bien-être économique d’un groupe ethnique.

5. Protection de la culture et de la langue – Un territoire peut offrir un environnement où la langue, la culture et les traditions d’un groupe ethnique peuvent être préservées et transmises aux générations futures sans l’influence externe excessive.

6. Sens d’appartenance – Le territoire peut renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe. Il peut créer un lien physique entre les membres de la communauté, renforçant ainsi les relations sociales et le soutien mutuel.

7. Résistance à l’assimilation – La possession d’un territoire peut aider à préserver une communauté ethnique en la protégeant contre l’assimilation culturelle et linguistique imposée par des groupes dominants.  

Crédit photo : rrodrickbeiler (iStock)    

Conflit Israël – Territoires palestinies occupés

Conflit Israël – Territoires palestinies occupés

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ChatGPT : Pour le pire ou pour le meilleur ?

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L’incarcération d’Olivier Vandecasteele

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ChatGPT : Pour le pire ou pour le meilleur ?

ChatGPT : Pour le pire ou pour le meilleur ?

Mars 2023

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·tes les enseignant·es et éducateur·rices de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

ChatGPT (pour Generative Pretrained Transformer, soit Transformateur générique pré-entrainé) est une interface de conversation en ligne basée sur l’intelligence artificielle (IA). Depuis novembre 2022, ChatGPT est accessible gratuitement sur Internet. Son succès a été immédiat : 5 jours après son lancement, ChatGPT avait déjà été téléchargé 1 million de fois. En janvier 2023, le cap des 100 millions d’utilisateur·rices a été dépassé. Jamais une application – pas même Tik Tok ou Instagram – n’avait connu un démarrage aussi fulgurant.

Avant de nous plonger dans le fonctionnement et les usages de ChatGPT, rappelons d’abord ce qu’est l’intelligence artificielle (IA). C’est un ensemble de théories et de techniques mises en œuvre pour concevoir des machines capables de stimuler certains traits de l’intelligence humaine. ChatGPT est donc un système informatique, qui a été longuement entraîné, et qui calcule : il a appris à mettre les mots dans le bon ordre. Aujourd’hui, ChatGPT est capable de tenir des conversations sensées avec un utilisateur : c’est ce que l’on appelle un chatbot. Il peut aussi répondre à des questions ou écrire des textes sur un sujet donné. Il peut faire des suggestions ou créer du contenu. Il est aussi capable d’écrire des lignes de code pour une page web.

ChatGPT a été conçu par la société américaine OpenAI dont le but était, dès sa création en 2015, de « bâtir une intelligence artificielle équivalente à un être humain ». Cette société a d’ailleurs lancé, en juillet 2022, Dall.E, une IA capable de générer des images sur la base d’une description de l’utilisateur. Le fondateur et actuel président d’OpenAI est l’homme d’affaires Sam Altman qui, dans le passé, avait notamment poussé et développé des sociétés comme Airbnb, Twitch ou Dropbox. L’entrepreneur et milliardaire Elon Musk (directeur de la société astronautique SpaceX et de la société automobile Tesla) était un des cofondateurs de la société OpenAI, mais il l’a quittée depuis : il n’a donc pas assisté au développement et au lancement de ChatGPT.

Les utilisateur·rices de ChatGPT ont, d’une manière générale, été impressionné·es par la qualité de ses productions. D’où ces questions et ces craintes qui ont surgi, notamment dans le monde de l’enseignement. Comment distinguer une production d’un humain de celle d’une machine ? Cette dernière poussera-t-elle les élèves à la triche ou à la fainéantise ? Depuis janvier 2023, ChatGPT est d’ailleurs interdite dans les écoles de New-York : son accès est bloqué sur les ordinateurs des établissements scolaires.

Jusqu’où faut-il craindre l’utilisation de ChatGPT ? Pour répondre à cette question, il faut avoir à l’esprit que cette AI commet des erreurs, notamment parce que les données auxquelles elle a été soumise pour s’entraîner datent, au mieux, de 2021. Rappelons aussi que ChatGPT ne fait que traiter des informations et les calculer : il ne « comprend » donc pas les textes qui sont générés. Il n’est pas non plus capable de faire preuve d’imagination et de créativité, et ne peut pas résoudre un problème. ChatGPT n’est pas non plus, comme les êtres humains, doué d’un esprit critique pouvant poser un jugement sur la base de faits.

Anouck Thibaut

Penser les faits : quelques pistes

Nouveau rapport au savoir ?

Le progrès technique permet de disposer de plus en plus rapidement d’informations dans un certain nombre de domaines. ChatGPT illustre parfaitement ce gain de temps. Le Soir[1] a consacré un article à Sam Altman, patron d’Open AI, l’entreprise qui a lancé ChatGPT en 2012 : « Il y a certains avantages à être une machine. Nous, les humains, sommes limités par notre taux d’inputs et outputs. Nous n’apprenons que deux bits par seconde. Pour une machine, nous devons ressembler à des chants de baleine au ralenti. »

Est-il encore nécessaire d’étudier par cœur la liste des provinces belges et des capitales européennes alors que l’information est accessible en un clic ? Le fait que, depuis quelques années, le meilleur ordinateur batte le meilleur être humain au jeu d’échecs enlève-t-il quelque chose à l’intérêt de ce jeu ? Est-il nécessaire, pour être pleinement humain, de connaître des informations sans avoir à s’en remettre à la technologie ?

Selon vous, qu’est-ce qui fait la spécificité des êtres humains ? Faut-il préserver l’Humanité du risque d’une « prise de pouvoir » par cette intelligence artificielle plus performante ? Pour quelles raisons ?

[1] Philippe LALOUX, Sam Altman, le cerveau, tordu, de l’intelligence artificielle, Le Soir – Week-end des samedi 21 et dimanche 22 janvier 2023, pp 4 et 5.

Du gratuit qui rapporte

Si, dans un premier temps, les concepteurs de ChatGPT expliquaient vouloir « faire progresser l’intelligence numérique de la manière la plus susceptible de profiter à l’humanité dans son ensemble, sans être limité par la nécessité de générer un rendement financier ».[1] Quelques années plus tard, ce positionnement a changé : OpenAI est désormais une entreprise à but lucratif plafonné.[2] La « connaissance » est-elle une denrée monnayable ?

Pour répondre à une question, ChatGPT consulte tout le net. A priori, la variété de sources d’information est donc conséquente. Est-ce pour autant un gage de fiabilité ?

Ce libre arbitre était-il davantage garanti dans la vie quotidienne pré-ChatGPT ? Ne sommes-nous pas déjà influencé·es par les personnes que nous rencontrons, les informations qui nous entourent, les influenceur·ses sur les réseaux sociaux ?

[1] Hugo Jay, « Qui se cache derrière ChatGPT ? » Le Soir – GEEKO, 15 Janvier 2023 – URL : https://geeko.lesoir.be/2023/01/15/qui-se-cache-derriere-chatgpt/

[2] Idem

Responsabilité du ChatGPT

ChatGPT dit de lui-même : « Les modèles de traitement automatique du langage (…) peuvent faire des erreurs ou des imprécisions dans leurs réponses, il est important de définir les responsabilités en cas d’erreur pour minimiser les risques pour les utilisateurs ».

Quelle différence existe-t-il entre des affirmations positives (vérifiables telles que 2 + 2 = 4, Rome est la capitale de l’Italie) et des affirmations normatives (qui portent en elles des jugements de valeur implicites ou explicites, telles que « il faut abolir la peine de mort ») ? Peut-on pareillement confier à l’intelligence artificielle de répondre aux questions « positives » et aux questions « normatives » ?

Travail menacé

L’OCDE estime que l’intelligence artificielle en général (pas seulement ChatGPT) menacerait plus de 40 % des emplois avant 2040. Sam Altman, le fondateur de ChatGPT, rêve d’un monde où les êtres humains ne devraient plus travailler, des machines « intelligentes » s’en chargeant à leur place. Les êtres humains bénéficieraient d’un revenu de base universel et de tout le temps libre souhaité pour s’accomplir.

Cette vision présente le travail comme désagréable, à éviter. Qu’en pensez-vous ? Le travail ne peut-il pas contribuer à l’accomplissement personnel des gens ? Sous quelles conditions ? La machine n’impose-t-elle pas son rythme au travailleur ou à la travailleuse ? La machine amène-t-elle un réel confort de travail et de vie ?

Des gardes-fous… à quels prix ?

ChatGPT annonce que des garde-fous ont été mis en place pour éviter que les internautes soient exposé·es à des contenus à caractère sexiste, raciste, xénophobe etc.

Une enquête publiée en janvier 2023 par le Time[1] révèle que des travailleur·euses kenyan·es ont été engagé·es pour un salaire dérisoire à visionner des images violentes afin d’entraîner le logiciel à reconnaître les propos toxiques. D’après certains témoignages de travailleur·euses, assister au visionnage de ces images était un véritable supplice. Protéger les un·es, justifie-t-il que l’élaboration de ces garde-fous porte gravement atteinte à la santé mentale d’autres personnes ? Porter atteinte à l’intégrité mentale de quelques un·es pour le bien-être d’un grand nombre est-il acceptable ? N’existe-t-il pas là un parallèle avec ce qui se passe assez souvent dans le secteur de la production de smartphones et de vêtements, en lien avec la violation des droits des travailleur·euses ?

L’exclusion de contenus toxiques n’est-elle pas aussi une forme de censure qui pourrait s’appliquer à d’autres paramètres ou dans d’autres circonstances moins louables ? Quels types d’informations seront priorisés ? De qui émaneront-elles, qui va les sélectionner ? Risque-t-on de renforcer une pensée unique ?  N’y-a-t-il pas là une possibilité de contrôle massif des masses ?

[1] ChatGPT : des travailleurs kényans payés 2 $ de l’heure pour rendre le robot plus sûr, selon une enquête du Time – rtbf.be

Impact écologique

Comme pour le streaming, l’usage de ChatGPT repose sur des quantités massives de calculs algorithmiques générant eux-mêmes des grandes quantités de dioxyde de carbone. Des étudiants danois ont créé un programme permettant de quantifier cet impact écologique : le programme « Carbontracker ».[1]  D’après eux, « une seule session d’entraînement pour ce modèle génère l’équivalent d’une année de consommation énergétique de 126 foyers danois et émet la même quantité de CO2 qu’un trajet de 700 000 kilomètres effectué par un véhicule à essence. Dans quelques années, il y aura probablement plusieurs modèles qui seront beaucoup plus grands (…) ». Est-il souhaitable de laisser se développer la technologie sans régulation ? A-t-on une responsabilité de positionnement par rapport à nos descendant·es ?

[1]https://www.ladepeche.fr/2020/11/05/avez-vous-une-idee-de-lempreinte-carbone-qui-se-cache-derriere-un-algorithme-de-deep-learning-9184196.php

 

Mythe de Prométhée

Prométhée a volé le feu des dieux pour le donner aux humains, leur permettant ainsi de développer la civilisation, l’art, la science et la technologie. Ce faisant, il a défié les dieux et a été puni de manière sévère. Le mythe soulève donc des questions sur la place de l’homme dans l’ordre du cosmos, la nature de la connaissance ainsi que les conséquences de l’ambition et de la désobéissance à l’ordre naturel. Le développement de la technologie est-il une bonne chose ou l’humanité risque-t-elle de se « dénaturer ». Les nouvelles technologies, (l’intelligence artificielle, transhumanisme, etc.) présentent-elle le risque que les êtres humains « se prennent pour des dieux », s’émancipent des lois de la nature ? Et serait-ce une mauvaise chose ?

Pour en savoir plus :

Intelligence artificielle : discussion avec ChatGPT, le nouveau robot d’OpenAI, à découvrir sur le site de la RTBF :
https://www.rtbf.be/article/intelligence-artificielle-discussion-avec-chatgpt-le-nouveau-robot-d-openai-11117723

ChatGPT, une nouvelle révolution numérique, un podcast de l’émission Zoom Zoom Zen, à écouter ici :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen/zoom-zoom-zen-du-vendredi-03-fevrier-2023-7761098

Google et Microsoft menacés par le robot conversationnel ChatGPT ?
https://www.rtbf.be/article/google-et-microsoft-menaces-par-le-robot-conversationnel-chatgpt-ils-affirment-quils-seront-bientot-les-leaders-mondiaux-de-lintelligence-artificielle-11149357

ChatGPT : L’intelligence artificielle du futur? – Une vidéo d’RTBF Info :
https://www.youtube.com/watch?v=Oil23VSzz70

ChatGPT et enseignement : faut-il vraiment se sentir démunis, voire menacés par cette intelligence artificielle ?
https://www.rtbf.be/article/chatgpt-et-enseignement-faut-il-vraiment-se-sentir-demunis-voire-menaces-par-cette-intelligence-artificielle-11134463

Avec ChatGPT, est-il encore utile d’étudier et d’apprendre à rédiger ? Un podcast « Déclic-Tournant » à écouter ici :
https://www.rtbf.be/article/avec-chatgpt-est-il-encore-utile-detudier-et-dapprendre-a-rediger-11168149

Conflit Israël – Territoires palestinies occupés

Conflit Israël – Territoires palestinies occupés

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L’incarcération d’Olivier Vandecasteele

L’incarcération d’Olivier Vandecasteele

Février 2023 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le...

L’incarcération d’Olivier Vandecasteele

L’incarcération d’Olivier Vandecasteele

photo d'Olivier Vandecasteele

Février 2023

 Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

Olivier Vandecasteele est un travailleur humanitaire belge. Le 24 février 2022, il a été arrêté à Téhéran, en Iran. Il a été condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet après un simulacre de procès, sans accès à des avocat·es de son choix. On lui reproche, selon l’agence de presse iranienne Tasnim, l’espionnage, la coopération avec les USA contre l’Iran, la contrebande de devises et le blanchiment d’argent.

Isolement total et conditions de vie difficiles

Olivier Vandecasteele est actuellement incarcéré à la prison d’Evin, dans la capitale iranienne, dans des conditions de vie difficiles. Il subit en effet un isolement complet dans une cellule sans mobilier, sans lit, avec un éclairage allumé en continu et une alimentation basique. Les plats qui lui sont fournis passent par une fente située dans le bas de la porte du cachot, sans aucun contact humain.

En juillet 2022, près de six mois après son incarcération, ses proches n’étaient entré·es en contact avec lui qu’une seule fois. L’ambassadeur belge à Téhéran lui a, pour sa part, rendu sept visites depuis sa condamnation. Au cours de la dernière rencontre, Olivier Vandecasteele est apparu amaigri.

La Belgique se mobilise

Les proches d’Olivier Vandecasteele se sont mobilisé·es en parcourant la Belgique afin de récolter des signatures pour la pétition lancée par Amnesty International.

Le 12 janvier dernier, une bâche a été déployée sur le beffroi de Tournai, ville dont il est originaire. Plusieurs communes ont voté des motions de soutien.

La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib a affirmé que pour la Belgique, Olivier Vandecasteele était innocent et qu’il devait être libéré. D’ici là, elle a demandé une amélioration de ses conditions de détention. Le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a quant à lui attesté que les autorités iraniennes n’avaient donné aucune raison juridiquement valable à son incarcération.

En attente d’une décision de la Cour constitutionnelle

L’Iran souhaite que la Belgique libère Assadollah Assadi, un Iranien condamné en Belgique à 20 ans de prison pour un projet d’attentat terroriste contre l’opposition iranienne. La Belgique a négocié avec l’Iran un traité de transfèrement qui permettrait à des prisonniers belges condamnés en Iran de purger leur peine en Belgique, et réciproquement. Le projet est d’utiliser ce moyen pour échanger Assadolah Assadi avec Olivier Vandecasteele.

L’opposition iranienne s’y est toutefois opposée en introduisant plusieurs recours en justice. La Cour constitutionnelle se prononcera définitivement, au plus tard le 5 mars, sur le caractère légal ou illégal de la loi validant le traité sur le transfert de détenu·es. La prochaine audience devant la Cour constitutionnelle est prévue le 15 février. La décision devrait tomber dans la foulée.

Rédigé à partir de la contribution de Virginie Stassen

Penser les faits : quelques pistes

Le mauvais traitement

Olivier Vandecasteele est détenu dans des conditions épouvantables.

Comment peut-on expliquer de traiter de façon inhumaine un être humain ? Comment expliquer ce qu’on peut appeler une forme de cruauté gratuite ? Pensez-vous que vous pourriez, vous, traiter quelqu’un de cette façon ? L’expérience de Milgram montre que deux personnes sur trois peuvent, si elles sont mises dans les conditions adéquates, tuer de sang froid une personne qui ne leur a fait aucun mal. Sommes-nous si sûr·es d’être différent·es ?

Conditions de détention

La surpopulation des cellules et l’insalubrité des établissements pénitentiaires ont valu plusieurs condamnations à la Belgique. Comment explique-t-on que les Belges s’indignent des conditions de détention d’Olivier Vandecasteele, mais ne se soucient qu’assez peu de celles qui ont cours dans leurs propres prisons ?

Il n’avait qu’à pas…

Certain·es estiment qu’Olivier Vandecasteele a pris, en connaissance de cause, un risque inconsidéré en se rendant en Iran et qu’il « n’a que ce qu’il mérite ». La Belgique ne devrait pas, selon ce point de vue, dépenser de l’énergie pour obtenir sa libération. D’autres pensent au contraire qu’un pays doit toujours venir en aide à ses ressortissant·es, quoi qu’ils aient fait. Qu’en pensez-vous ?

Pour éclairer ce débat, on peut mentionner que quelqu’un qui prend sa voiture avec 4 grammes d’alcool dans le sang prend aussi un risque considérable avec sa vie (et celle d’autrui). Faut-il, s’il ou elle fait un accident, s’abstenir d’envoyer les secours ? Faut-il pareillement refuser de rembourser les frais médicaux des fumeurs et fumeuses atteint·es d’un cancer des poumons ?

Universalité des droits humains

Les autorités iraniennes ne respectent pas un certain nombre de droits fondamentaux. Peut-on dire que le fait que les autorités iraniennes ne respectent pas ces droits signifie qu’ils ne sont pas universels, inhérents à tout être humain ? Le fait que les iranien·nes manifestent dans les rues pour les obtenir signifie-t-il l’inverse ?

Si l’Iran veut décider qu’on peut incarcérer des gens qui n’ont rien fait, de quel droit pourrait-on l’en empêcher ? S’y opposer n’est-il pas une façon de se penser supérieur, de croire qu’on a le droit de lui faire la leçon alors que c’est un pays indépendant ?

L’Iran a pourtant signé un certain nombre de conventions internationales par lesquelles il s’engage à respecter les droits humains. Comment les autorités d’un pays peuvent-elles demander à ses habitant·es de respecter ses lois s’il ne respecte pas lui-même ses obligations internationales ? Pensez-vous que l’État doit montrer l’exemple ?

Que penser d’une personne qui ne respecte pas sa signature, son engagement, sa promesse ? Ce qui est vrai pour des personnes l’est-il pour un État comme l’Iran qui ne respecte pas les conventions qu’il a signées ?

Tout faire…

La famille d’Olivier Vandecasteele souhaite que tout soit entrepris pour libérer Olivier. On le comprend aisément si on se met une seconde à sa place.

Que signifie « tout » ? Imaginons que l’Iran demande une rançon, en argent. La Belgique devrait-elle payer, quel que soit le montant ? Que vaut une vie humaine ? « Tout entreprendre » pourrait-il signifier qu’il faut envoyer un commando sur place afin de le libérer ? Au point de risquer la vie des membres du commando ? Faut-il fixer des limites à ce que nous serions prêt·es à faire pour obtenir la libération d’Olivier Vandecasteele ? Si oui, où les situez-vous ?

Un tiens vaut-il mieux que deux tu l’auras (peut-être) ?

L’Iran semble avoir arrêté Olivier Vandecasteele pour contraindre les autorités belges à leur livrer, en échange, Assadolah Assadi (condamné à 20 ans de prison en Belgique pour avoir préparé un attentat terroriste de grande ampleur).

Ceci amène deux postures.
1. Certain·es sont favorables à cet échange. Cela permettrait en effet de libérer un innocent. La condamnation d’un innocent est, selon ce point de vue, l’injustice suprême et une société doit tout – absolument tout – mettre en œuvre pour respecter ce principe absolu.
2. D’autres sont défavorables à cet échange et avancent les arguments suivants.

Libérer un terroriste est dangereux. Ne pourrait-il pas recommencer et tuer d’autres personnes
Libérer prématurément une personne pour d’autres raisons que sa bonne conduite et ses perspectives de réinsertion est inéquitable pour toutes les autres personnes incarcérées. Elle doit purger sa peine comme elle y a été condamnée.
La décision de libérer un détenu serait cette fois prise par le gouvernement et non par le pouvoir judiciaire. Ce serait contraire au principe de séparation des pouvoirs, contraire à l’État de droit.
Donner satisfaction à des preneur·ses d’otages encouragerait cette pratique. Cela mettrait potentiellement en danger toute la société, Belges qui risqueraient d’être « pris en otage » ou victimes d’attentats.
Dans un cas, on sauve sûrement une personne, réelle, concrète, avec un visage. Dans l’autre cas, on sauve – peut-être – de plus ou moins nombreuses personnes, sans qu’il soit possible de leur donner ni nom ni visage. Qu’en pensez-vous ?

Olivier Van Steirtegem, le porte-parole de la famille Vandecasteele a dit, à l’antenne de la RTBF : « Mieux vaut [avoir] cent terroristes en liberté qu’un innocent en prison ». Qu’en pensez-vous ?

Deux poids deux mesures

Le régime iranien détient aussi d’autres « otages » occidentaux en vue d’obtenir des concessions des pays dont ils et elles sont ressortissant·es et des centaines d’Iranien·nes sont incarcéré·es pour avoir exprimé pacifiquement leur opinion. Certain·es ont été condamné·es à mort et, parfois, exécuté·es.

Qui se préoccupe de Narges Mohammadi ou du docteur Djalali, par exemple ? Les autorités belges ont refusé d’octroyer un titre de séjour à deux Iraniens qui risquent l’arrestation et les mauvais traitements en cas de retour au pays. Y a-t-il des vies plus importantes que d’autres ? Sur quelle base mérite-t-on plus d’attention ? « Mérite-t-on » sa nationalité ou est-ce le hasard qui nous a fait naître ici plutôt que là ?

Par ailleurs, depuis plus de vingt ans les autorités étasuniennes incarcèrent des prisonniers, dans des conditions inhumaines et dégradantes, au sein du centre de détention de Guantanámo, parfois sans inculpation ni jugement. Sommes-nous davantage « choqué·es » et prêt·es à nous mobiliser quand ce sont les autorités iraniennes qui ne respectent pas les droits humains que quand ce sont les pays occidentaux ? Cela fait-il une différence à nos yeux ?

Olivier Vandecasteele est un travailleur humanitaire. Il a contribué à améliorer la vie de très nombreuses personnes dans le monde, notamment en Afghanistan et au Mali. Il a travaillé cinq ans en Iran. Arrêter arbitrairement, condamner à une lourde peine et incarcérer dans des conditions épouvantables une personne qui a fait du bien est-il encore plus grave que s’il s’était agi d’une personne « ordinaire » ?

Le fait qu’Olivier Vandecasteele ait consacré sa vie à secourir les autres doit-il avoir pour effet qu’il faut le soutenir davantage que si ce n’était pas le cas, voire si c’était une crapule ?

Relais médiatique

Les médias parlent beaucoup d’Olivier Vandecasteele. Le 20 janvier, ils lui ont tous consacré leur Une. Cette pratique, peu courante dans un contexte de concurrence éditoriale, permet de réfléchir au traitement médiatique d’un sujet de société. Quel est l’objectif des médias en agissant ainsi ? Quel impact ce genre d’initiative a-t-il sur l’opinion publique ?

Avant cette opération des médias francophones, comment cette information vous était-elle parvenue ? Via le traitement des médias d’information classiques (radio, presse écrite, presse quotidienne en ligne, presse audiovisuelle ) ou par un autre canal (bouche à oreille, pétition, réseaux sociaux, etc.) ?

Cette opération permet également d’entamer une réflexion plus globale sur la dimension sociale des médias.

Quel média est le plus efficace pour diffuser une telle information, visant à toucher l’opinion publique ? L’efficacité réside-t-elle dans la complémentarité ?
Est-ce suffisant pour mobiliser les différents acteur·rices de la société ? Faut-il d’autres actions ? Passer par d’autres médias ? Si oui, lesquels sont les plus efficaces pour mobiliser ? Agir ?
Des médias ont interrogé la mère d’Olivier Vandecasteele, jouant davantage la carte de l’émotion que de l’information. Quelle place l’émotion peut-elle avoir dans une émission d’information ?

Signer une pétition

Signer une pétition, c’est marquer son soutien à l’idée qu’elle véhicule. Les jeunes peuvent-ils et elles les signer ? Certain·es prétendent que l’adhésion d’un·e jeune à une idée n’est pas encore très solide parce qu’il ou elle n’est pas encore en capacité de se forger une opinion éclairée. La Convention internationale des droits de l’enfants précise (voyez les articles 12 et 13) que les mineur·es (moins de 18 ans) doivent pouvoir s’exprimer. Ce qui se passe dans le monde peut les intéresser et les concerne.

Pensez-vous que votre avis vaut moins que celui d’un·e adulte qui a davantage d’expérience ? Pensez-vous au contraire que votre avis vaut plus que celui d’un·e adulte qui, en moyenne, a moins d’années encore à vivre ? Pensez-vous que les avis des adultes et des mineur·es sont équivalents ?

Note pour l’enseignement fondamental

L’incarcération injuste d’Olivier Vandecasteele permet de développer différentes compétences disciplinaires del’éducation à la philosophie et à la citoyenneté telles que :
• élaborer un questionnement philosophique (et plus particulièrement, formuler des questions à portée
philosophique à partir de l’étonnement) ;
• assurer la cohérence de sa pensée ;
• prendre position de manière argumentée ;
• s’ouvrir à la pluralité des cultures et des convictions ;
• comprendre les principes de la démocratie (particulièrement distinguer les différents pouvoirs, leur champ d’application et leurs rôles respectifs) ;
• se reconnaître, soi et tou·tes les autres, comme sujets de droits ;
• contribuer à la vie sociale et politique (en particulier imaginer un société et/ou un monde meilleurs).

Selon les âges, les enseignant·es pourront :
• expliquer (i) l’injuste condamnation d’un homme qui n’a rien fait et (ii) la pénibilité de ses conditions de détention ;
• répondre aux questions de clarification ;
• recueillir les émotions des enfants (comment voussentez-vous ? Pourquoi l’injustice nous met-elle dans des états pareils ?) ;
• Tout en découvrant les articles 12 et 13 de la Convention internationale des droits de l’enfant, faire rédiger, individuellement et collectivement, une lettre aux autorités iraniennes pour demander la libération d’Olivier Vandecasteele puis se rendre à la boîte postale pour y glisser leur enveloppe (adressée à S.E. l’Ambassadeur de la République islamique d’Iran – Ambassade de la République islamique d’Iran
– Avenue Franklin D. Roosevelt 15 – 1050 Bruxelles).

 

CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L’ENFANT (EXTRAITS)

Article 12 – 1. Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer
librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en
considération eu égard à son âge et à son degré de maturité.
Article 13 – L’enfant a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant.

 

 

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Coupe du monde de football

Coupe du monde de football

Augmentation du coût de l’énergie

Photo : Pexels sur Pixabay

NOVEMBRE 2022

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·tes les enseignant·es et éducateur·rices de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

La Coupe du monde masculine de football aura lieu du 20 novembre au 18 décembre au Qatar. Le Qatar est trois fois plus petit que la Belgique et compte 2,5 millions d’habitant·es, les migrant·es représentent 94 % de la population active et 70 % de la population totale. Ce pays désertique de la péninsule arabique est, depuis la création de cette compétition en 1930, le premier pays arabe à organiser cette épreuve sportive. La FIFA (Fédération internationale de football association) a attribué l’organisation de cette compétition au Qatar le 2 décembre 2010. À l’époque, les États-Unis, le Japon, l’Australie et la Corée du Sud avaient aussi présenté leur candidature.

Depuis l’annonce de ce choix de la FIFA pour le Qatar en 2010, celui-ci a été controversé, principalement pour trois raisons. Les manquements en ce qui concerne les droits humains dans ce pays, son climat désertique, peu propice à l’organisation d’une épreuve sportive ou encore les soupçons de corruption sur sa désignation comme pays hôte. Ces controverses ont resurgi ces dernières semaines, à l’approche du début du tournoi.

En ce qui concerne les droits humains, de nombreuses ONG (dont Amnesty International) mettent en avant le fait que la liberté d’expression est bafouée au Qatar. Les dissident·es qui, notamment sur les réseaux sociaux, se prononcent contre le régime risquent d’être emprisonné·es. Les droits des femmes ne sont pas non plus respectés puisque ces dernières ne peuvent pas se marier, entreprendre des études, voyager à l’étranger, etc. sans avoir l’autorisation de leur tuteur, généralement leur père, leur frère ou leur mari. Toujours en ce qui concerne le respect des droits humains, les relations entre personnes du même sexe sont illégales au Qatar. Enfin, les ONG et d’autres institutions internationales ont aussi pointé du doigt les conditions de travail des ouvrier·ères, principalement des migrant·e.s, lors de la construction des stades et autres infrastructures sportives nécessaires à la Coupe du monde. Des conditions de travail indécentes à cause de la chaleur extrême mais aussi des horaires excessifs, du faible salaire, la confiscation des passeports, la tromperie quant à la rémunération ou au type de travail entrepris ou encore de l’impossibilité de former un syndicat pour se défendre. Plusieurs milliers de travailleur·euses sont d’ailleurs mort·es sur ces chantiers.

D’un point de vue environnemental, ce sont les stades climatisés du Qatar qui posent question. En effet, pour permettre aux joueurs de jouer mais aussi aux spectateur·rices d’assister aux matches dans de bonnes conditions, les stades ont été construits avec des systèmes permettant de refroidir la température extérieure. En novembre, cette dernière peut avoisiner les 30 degrés. C’est d’ailleurs pour des raisons climatiques que cette Coupe du monde a été déplacée à cette période de l’année, cet événement se déroulant généralement en été.

Face à ces controverses concernant les droits humains au Qatar et l’impact environnemental de la Coupe du monde, certaines associations et groupes de citoyen·nes exigent le boycott de cet événement. En d’autres mots, ils veulent que les joueurs, les spectateur·rices, les médias, les sponsors… et les téléspectateur·rices refusent de regarder ou de participer à cette compétition en guise de protestation. En Belgique, des communes et des établissements Horeca ont annoncé qu’ils ne diffuseraient pas les matches joués au Qatar.

31 des 32 équipes nationales – dont celle de la Belgique – qui participent à cette Coupe du monde se sont qualifiées pour la phase finale de la compétition à la suite de leurs résultats obtenus lors des matches éliminatoires auxquels 208 fédérations ont participé entre 2020 et 2022. Le Qatar, lui, était qualifié automatiquement en tant que pays organisateur.

Anouck Thibaut (15/11/2022)

 

Penser les faits : quelques pistes

DES STADES ROUGES DE SANG

Le Qatar, pays peu peuplé, a eu recours à une importante main-d’œuvre étrangère pour la construction de ses stades. Celle-ci a travaillé dans des conditions de travail indécentes. Certain·es n’ont pas hésité à utiliser le terme d’esclavage. De nombreuses personnalités et institutions dénoncent le nombre élevé de travailleur·euses étranger·es qui ont trouvé la mort lors de la construction des infrastructures liées à la Coupe du monde. Elles mettent notamment en cause les conditions de travail et l’absence de dédommagement des familles des victimes. Êtes-vous d’accord avec elles ? Pourriez-vous préciser ce que vous trouvez choquant, exactement, et pourquoi ?

En regardant ces matches, sommes-nous indirectement responsables, complices, innocent·es ? Comment qualifier la participation à un système qui viole les droits humains ? Responsabilité indirecte ? Complicité ? Innocence ? Nous ne sommes pas directement responsables de ces morts dans le sens où nous nous trouvons à plusieurs milliers de kilomètres, n’avons posé aucun geste, donné aucune instruction. N’existe-t-il toutefois pas une responsabilité indirecte ?

BOYCOTT

Rappelons Johan Cruyff, un joueur néerlandais exceptionnel qui a reçu le ballon d’or à trois reprises. En 1974 il est élu meilleur joueur de la Coupe du monde. En 1978, les Pays-Bas sont favoris de la compétition. Celle-ci se joue en Argentine, pays oppressé par une dictature sanglante. Johan Cruyff, qui aurait pu récolter là le trophée ultime, annonce qu’il renonce à se rendre dans ce pays. Il boycotte la Coupe du monde.

Comment qualifieriez-vous le comportement de Johan Cruyff ? Héroïque ? Imbécile ? Doux rêve ? Folie ? Hors limites ? Pourquoi ? Comment réagiriez-vous si Thibaut Courtois et Kevin De Bruyne décidaient de ne pas prendre part à la Coupe du monde pour éviter de soutenir un régime dans lequel les droits des femmes et les droits des travailleur·euses ne sont pas respectés ?

Les citoyen·nes qui ont voté n’ont-ils pas donné mandat à leurs élu·es de prendre les décisions qui doivent être prises ? Est-il normal qu’ils et elles doivent encore intervenir, en cours de mandat, pour réclamer (par des lettres, des pétitions, des manifestations, des boycotts, etc.) quand le travail ne leur semble pas fait ? Le « job » de citoyen·ne s’arrête-t-il aux urnes ou bien se poursuit-t-il ensuite ?

LA FERVEUR DES SUPPORTERS

La ferveur des supporters prend parfois des dimensions considérables. C’est encore davantage le cas quand on se trouve dans un groupe, voire dans une foule, qui vibre à l’unisson. Cela entretient une forme d’émulation collective.
Sommes-nous réellement libres si les circonstances et l’effet de groupe nous amènent à commettre des actes que nous n’aurions pas commis en temps normal ?

Certains supporters sont tellement violent·es que cela peut aller jusqu’au meutre. À la Coupe du monde 1994, le footballeur colombien Andrés Escobar, un défenseur, trompe involontairement son propre gardien et marque contre son camp. Quelques jours plus tard, de retour en Colombie, un homme vide le chargeur de son arme sur lui. Le tueur aurait crié « gol » (goal) à chaque balle tirée.

Qu’est-ce qui justifie de tuer un homme ? L’assassin est-il un monstre ? Pensez-vous que vous n’avez rien de commun avec cet assassin ? L’expérience de Milgram démontre que deux tiers de la population est capable d’exécuter, de sang froid et volontairement une personne qui ne lui a rien fait. Les assassins sont-ils et elles des monstres (des non-humains) ou des êtres humains qui se trouvent dans des conditions spécifiques ?

DES STADES CLIMATISÉS  

Il n’est pas possible de produire un football de qualité sous une chaleur étouffante. C’est la raison pour laquelle les autorités qatariennes ont opté pour des climatiseurs dans les stades et de nombreux endroits publics. Beaucoup, pour des raisons écologiques dénoncent ce gaspillage. Qu’en pensez-vous ? Un pays peut-il faire ce qu’il veut ? Même si ce qu’il fait a un impact sur toute la planète ?

La Coupe du monde commence le lendemain de la conférence annuelle des États pour fixer les objectifs climatiques mondiaux (COP 27) en Égypte. Le contraste en est d’autant plus saisissant. Un jour le monde prétend se préoccuper du changement climatique et, le lendemain, il semble avoir oublié. Ce qui est peu cohérent. Est-ce important d’être cohérent dans nos discours, nos pratiques ? Dans quelle mesure ? Pourquoi ?
Nous consommons beaucoup d’énergie en Europe pour ce qui nous semble important : le chauffage et la mobilité. Pourquoi les Qatariens n’auraient-ils pas le droit d’en consommer pour ce qui leur semble, à eux, revêtir de l’importance ? Quelle est la différence entre ce qui est « vital » et ce qui est « du superflu, du luxe » ? N’avons-nous pas tendance à considérer cette différence de notre point de vue ? De nombreux·ses Belges estiment que prendre deux fois l’avion par an pour des vacances ou un city trip est un minimum. N’est-ce pas du superflu aux yeux de milliards de personnes qui vivent sans cela ?

DOLLARS

Droits de retransmission, vente de tickets, publicité : le football brasse des sommes d’argent colossales. Les rémunérations de certains joueurs sont astronomiques. Certaines personnes les qualifient d’indécentes, c’est-à-dire de contraires à la morale, d’inconvenantes, scandaleuses, déplaisantes. Qu’en pensez-vous ? Que devrait être un niveau de salaire « normal » ? Est-il normal qu’un joueur comme Thibaut Courtois gagne plus d’argent que le gardien d’un petit club belge alors qu’ils s’entraînent autant l’un que l’autre ? Est-il normal de rémunérer quelqu’un pour un talent inné dont il n’est pas responsable ?

Le joueur David Beckham gagnerait 178 millions grâce à un contrat d’image avec le Qatar pendant une quinzaine d’années. Promouvoir ce régime, c’est donc promouvoir une certaine conception de la société qui créent de telles discriminations. Quel équilibre faut-il faire entre argent et valeurs ? Certain·es disent que « l’argent n’a pas d’odeur » pour suggérer qu’importe peu aux riches la façon dont ils et elles ont bâti leur fortune. Qu’en pensez-vous ?

SIX ARBITRES FÉMININES

Six arbitres féminines ont été sélectionnées pour officier lors de la coupe du monde1. Ce sera une première pour la FIFA. Marquer l’histoire de l’arbitrage au Qatar, émirat régulièrement critiqué pour sa gestion de la place des femmes dans la société, n’est pas anodin.

Comment accueillez-vous cette nouvelle ? Trouvez-vous cela « étrange » ? Pensez-vous que c’est un fait tellement normal qu’il ne devrait pas être mentionné ? Pensez-vous que les joueurs sont « prêts » pour « obéir » à l’arbitrage d’une femme ? Si non, n’est-ce pas une façon de faire évoluer les mentalités ?

1. https://coupedumonde2022.net/mondial-qatar-2022/arbitres et https://www.goal.com/fr/news/mondial-2022-six-arbitres-feminins-officieront-au-qatar/blt0f41309a7bfe4087 

Pour aller plus loin :

Le site d’Amnesty International : https://www.amnesty.be/Qatar,456
Le site de la FIFA : https://www.fifa.com/fifaplus/fr/tournaments/mens/worldcup/qatar2022
Le site de la RTBF :
https://www.rtbf.be/article/investigation-qatar-les-secrets-de-la-coupe-du-monde-11083781
https://www.rtbf.be/article/qr-le-debat-coupe-du-monde-une-qatar-strophe-11088991

 

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L’incarcération d’Olivier Vandecasteele

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Augmentation du coût de l’énergie

Augmentation du coût de l’énergie

Augmentation du coût de l’énergie

Septembre 2022

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

Le prix de l’énergie dans l’Union européenne a atteint des niveaux records en 2022. Cette hausse a commencé en 2021 au lendemain de la pandémie de COVID-19. En effet, lors de la relance économique post-COVID-19, la demande en énergie a fortement augmenté. Les gens ont recommencé à se déplacer, travailler, voyager, consommer, sortir, etc. et tout cela a généré une demande énergétique accrue. Or, l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) n’a pas pour autant augmenté sa production de pétrole. Les prix ont alors connu une première envolée car l’offre était inférieure à la demande.

Guerre en Ukraine et sanction russe
Les prix ont connu une deuxième envolée suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. La Russie a en effet pris la décision unilatérale de suspendre les livraisons de gaz à certains États membres de l’UE, qui soutenaient l’Ukraine. Ceci a eu pour conséquence de faire grimper le prix du gaz, et d’entraîner un nouveau record des prix de l’électricité dans l’UE. Il faut avoir que la Russie fournissait 30 % en moyenne du gaz à l’Europe (et 50 % à l’Allemagne, qui est le moteur de l’Europe). Il existe donc de forts liens d’interdépendance énergétique entre ces pays. Aujourd’hui, les membres de l’UE cherchent de nouvelles sources d’approvisionnement, qui pourraient provenir des pays nordiques, et notamment de la Norvège1.

Concrètement, entre mai 2021 et mai 2022, le prix du gaz naturel a augmenté en moyenne de 98,42 % en Belgique. La facture de gaz moyenne annuelle des Belges est ainsi passée de 1215,28 € à 2411,36 €. Les États-Unis, quant à eux, ne sont pas inquiétés par cette hausse, car ils produisent eux-mêmes leur pétrole, et fractionnent désormais le gaz de schiste pour ne plus dépendre de la Russie.

Une inflation galopante
Une autre conséquence de l’augmentation du prix de l’énergie est l’inflation. En effet, presque la totalité de ce que nous consommons est produit à base de gaz ou de pétrole. Le coût de la production et du transport de ces produits a également augmenté, ce qui se répercute sur le prix de vente. Le taux d’inflation annuel devrait s’élever à 9,4 % en 2022, contre 2,44 % en 2021 et 0,74 % en 2020.

Or, lorsque l’inflation augmente, les taux d’intérêt grimpent aussi. En effet, lorsque l’inflation est élevée, les prêteurs savent que lorsqu’ils seront remboursés, l’argent qu’ils ont prêté aura perdu de la valeur. Ils exigent alors un taux d’intérêt plus élevé pour compenser cet écart.

Une impact direct sur les citoyen·nes
Cette augmentation des prix de l’énergie n’est pas sans conséquence sur les ménages, mais aussi les entreprises et les écoles. Nous devrons cet hiver réinventer notre façon de nous chauffer, que ce soit en diminuant le thermostat (saviez-vous qu’un degré un moins, c’était 5 % de moins sur la facture ?), en superposant les pulls ou en limitant la durée de nos douches chaudes. Peut-être l’occasion de réfléchir à notre consommation d’énergie ?

Virginie Stassen (09/06/2022)

Penser les faits : quelques pistes

 

Pas possible de vivre autrement ?

 

Avec l’augmentation du prix de l’énergie on voit comment nous sommes bousculé·es dans nos modes de vie. Si nous y sommes contraint·es par des dispositions légales nous pouvons nous adapter, mais ressentons très vite que la situation ne nous convient pas, aspirons de « revenir à la normale ». Cette « normale » semble incarner notre alpha et notre oméga. Souffrons-nous d’addiction à ce mode de vie « normal » ? Sommes-nous drogué·es à notre mode de vie au point que tout ce qui nous en écarte serait devenu insupportable ? Est-ce que le changement peut faire peur ? peut être encouragé ? Est-il « normal » d’avoir besoin d’autant d’énergie pour vivre ? Sommes-nous réellement libres ou conditionné·es à faire comme on a toujours fait / à être comme on a toujours été ?

 

Qu’est-ce qu’une mesure juste ?

 

Si l’État diminue les accises sur l’énergie, il paie lui-même x centimes par litre de carburant pour diminuer d’autant la facture du consommateur ou de la consommatrice. Cependant, serait-il juste, pour l’État :
– de diminuer le prix de l’énergie de la même façon pour la personne qui l’utilise pour chauffer sa piscine que pour celle qui ne l’utilise que pour chauffer son appartement ?
– d’octroyer une aide du même montant aux riches et aux pauvres ? de traiter de la même façon la personne qui a fait le choix de conduire un gros 4×4 qui consomme énormément, voire d’utiliser un jet privé, et celle qui s’est contentée d’une petite voiture ?
– d’octroyer une aide équivalente à la personne qui achète de l’essence pour conduire ses enfants à l’école éloignée, ou que son métier contraint à rouler beaucoup et à celle qui en profitera pour partir en vacances ? Y a-t-il des utilisations de l’énergie plus « nobles » ou plus « justifiables » que d’autres ?
Quelle différence fait-on entre égalité, équité et solidarité ?
Faut-il privilégier une mesure « juste » ou une mesure « simple » (à comprendre et à appliquer) ?

 

Milieu rural et milieu urbain

 

La Région bruxelloise est très richement pourvue en transports en commun financés par la collectivité. Ce n’est pas le cas dans les villages de régions plus rurales. De nombreux·ses habitant·es n’ont pas le choix et doivent utiliser un véhicule automobile pour se déplacer.
Est-il équitable que certain·es, pour la raison qu’ils et elles sont plus nombreux·ses, bénéficient d’une offre plus grande en modes de déplacement alternatifs ? Qu’en pensez-vous ?

 

Genre et coût de l’énergie

 

Les personnes qui éprouvent le plus de difficultés à faire face à l’augmentation du prix de l’énergie sont les familles les plus pauvres. Parmi elles, on retrouve notamment les familles monoparentales avec un grand nombre de femmes chef de ménage. Les femmes ont, en moyenne, plus la garde des enfants que les hommes. Elles ont aussi souvent moins de revenus.
Globalement, les femmes sont plus touchées que les hommes par ces hausses de prix. Trouvez-vous qu’elles devraient faire l’objet de davantage d’aide ?

 

Changement climatique et déconsommation

 

Cela fait quelques années que se sont intensifiées et qu’ont été médiatisées les manifestations pour le climat qui ont relevé notamment le problème des énergies. Or, il semble que ce n’est que maintenant, alors que le prix du carburant augmente, que l’on voit apparaître, de façon plus significative, des stratégies de réduction de sa consommation.

L’argent est-il un moteur plus puissant que la conscience pour opérer un changement de comportement ? Certain·es consommateur·rices affirment vouloir consommer « mieux » plutôt que « plus ». Selon vous, y a-t-il d’autres raisons qui peuvent motiver cette « déconsommation » ?

Certaines personnes choisissent de faire des économies d’énergie dans l’intérêt général (ex : diminuer le thermostat pour consommer moins d’énergie). D’autres préfèrent chauffer correctement la chambre d’un bébé par exemple. Comprenez-vous ce type de raisonnement ? Y a-t-il des bonnes et des mauvaises raisons ? Que penser du fait que certain·es font des efforts et d’autres pas, que celles et ceux qui n’en font pas profitent des efforts des autres ?

Les entreprises doivent-elles prendre leur part dans l’effort collectif ? Certaines mesures y sont prises pour faire des économies, mais cela leur permet surtout d’augmenter leurs profits ou d’atténuer leur pertes. Doivent-elles le faire aussi en perdant de l’argent (par exemple, un centre commercial devrait-il installer plus de bancs dans ses allées pour permettre à des personnes sans domicile fixe de s’y trouver au chaud cet hiver, au risque de perdre une part de sa clientèle ?) ?

D’autres pensent que c’est aux pouvoirs publics d’organiser une réponse collective organisée. Quelle place l’État occupe-t-il dans nos vies? Est-ce toujours à l’État de trouver des solutions à tous les problèmes ? Cela risque-t-il de déresponsabiliser les citoyen·nes ? Qu’en pensez-vous ? Comment définiriez-vous le type de solidarité entre individus qu’incarne l’État ?

 

Les surprofits sont-ils indécents ?

 

Si je produis un bien quelconque à 15 € l’unité, le commercialise à 20 € l’unité, je réalise une profit de 5 € par unité. Si, un mois plus tard, le prix de ce bien se trouve soudain augmenté et passe à 100 €, je ferai un bénéfice de 85 € par unité. Ainsi, les entreprises productrices d’énergie (d’électricité, par exemple) ont-elles augmenté considérablement leur profit. Elles réalisent des gains exceptionnels.

D’aucun·es jugent ces gains « indécents ». Qu’est-ce qui est, pour vous, « indécent » ? Considérez-vous que ces profits exceptionnels sont indécents ? Pourquoi ? Est-ce plus ou moins indécent que les profits gigantesques engrangés par certaines grosses entreprises ou multinationales ?

Ces profits ne sont pas perdus. Ils seront distribués à l’État sous forme de taxation, mais aussi (et surtout) aux actionnaires sous forme de dividendes et d’augmentation de la valeur de leurs actions. En quoi serait-ce problématique ou indécent que ces personnes recueillent le fruit de leur investissement ?

Sans procéder à des généralisations abusives, certaines entreprises « profitent » comme c’est le cas ici, de la hausse soudaine du prix du produit qu’elles commercialisent. D’autres entreprises réalisent des profits exceptionnels en exploitant leurs travailleurs (conditions de travail désastreuses pour des salaires de misère) et/ou en ne respectant pas les normes environnementales (des pétroliers qui vident leurs cales dans la mer pour éviter les frais de nettoyage de ces cales). Peut-on comparer ces façons de réaliser des profits ?

1. https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/21/guerre-en-ukraine-la-production-de-gaz-naturel-norvegien-au-maximum-de-sa-capacite_6118422_3210.html

 

Pour aller plus loin :

CAP Energies

 

 

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