Meta assouplit sa politique de modération : pour quelle liberté d’expression ?

Meta assouplit sa politique de modération : pour quelle liberté d’expression ?

Image des sacs de shopping "Black Friday"

JANVIER 2025

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·tes les enseignant·e·s et éducateur·rices de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet). Crédit photo : iStock

Les faits

Début janvier, Mark Zuckerberg, le patron de Meta (maison-mère de Facebook, Messenger, Instagram et Whatsapp notamment) a annoncé vouloir renforcer la « liberté d’expression » sur ses plateformes, quitte à filtrer moins de contenus dangereux.  

Parmi les évolutions à venir, le magnat de la tech renonce, aux États-Unis, au programme de vérification des faits (fact-checking) qui avait été créé pour lutter contre la désinformation. Instauré après la première élection de Donald Trump en 2016 (au cours de laquelle Facebook avait été vivement critiqué pour la diffusion incontrôlée de fake news susceptibles d’influencer le scrutin), ce partenariat habilitait des agences de presse et médias indépendants à épingler des contenus incorrects pour y ajouter du contexte. Désormais, Meta s’appuiera sur un système de « notes communautaires » rédigées par des internautes, jugés moins « partisans » par Zuckerberg. 

Autres modifications : les restrictions sur certains thèmes comme l’immigration ou le genre seront levées et les contenus politiques seront davantage visibles dans les fils d’actualité. Pour opérer ces changements, les équipes en charge de la modération des contenus seront transférées de Californie (un État acquis aux démocrates) au Texas (plus conservateur). 

Porte ouverte aux discours de haine 

A l’aube du second mandat de Donald Trump, de nombreux observateur.ices ont vu dans cette annonce un gage offert au président élu, alors que ses soutiens se plaignent de longue date du programme de fact-checking, qu’ils comparent à de la « censure ». 

D’autres craignent que ce revirement ouvre les vannes de la désinformation et des discours de haine, aggravant la radicalisation en ligne. Alors que les plateformes de Meta comptent des milliards d’utilisateur.ice.s dans le monde, les algorithmes sont conçus pour favoriser les publications qui génèrent le plus de réactions. En l’absence de garde-fous, les contenus extrêmes pourraient donc gagner en visibilité, au détriment de faits vérifiés. 

La liberté d’expression régulée en Europe 

Dans le sillage d’Elon Musk, patron de la plateforme X, Mark Zuckerberg s’en est également pris à l’Union européenne, qu’il accuse d’« institutionnaliser la censure » par des réglementations trop strictes. Ce que la Commission européenne a formellement réfuté.  

En Europe, plusieurs textes législatifs régulent l’espace numérique et la liberté d’expression. Le Digital Service Act (DSA), par exemple, contraint les grandes plateformes comme Meta à respecter les lois qui interdisent les injures racistes ou sexistes, les incitations à la violence ou les contenus terroristes. Reste à voir si ces lois seront suffisantes pour résister à l’influence de la « big tech » américaine.   

Penser les faits : quelques pistes

Au nom de la liberté d’expression… 

Qu’est-ce que la liberté d’expression ? 

La liberté d’expression est un droit fondamental qui permet à toute personne de s’exprimer publiquement sur tout sujet. Ce droit n’est évidemment pas absolu puisqu’il est encadré par des lois. 

Faut-il fixer des limites à la liberté d’expression ? Dans quel but fixerait-on des limites à la liberté d’expression ?  

Quelles sont, parmi les limitations suivantes de la liberté d’expression, celles qui vous semblent légitimes ?  

  • La diffusion d’informations inexactes, de fake news ? 
  • Les propos insultants, injurieux, déshumanisants ?  
  • La diffusion de messages qui ont ou pourraient avoir pour conséquence que des actes graves soient perpétrés (appels à la haine ou à la violence) ?   
  • Les atteintes à la vie privée des gens (informations telles que son état de santé ou son orientation sexuelle, etc.) ? 
  • La diffusion de messages « qui visent à la destruction des droits et libertés » (art. 30 de la Déclaration universelle des droits de l’homme). Faut-il tolérer les intolérants ? 

Pour celles qui vous semblent légitimes, comment pourrait-on contrôler le respect de la règle et, si nécessaire, sanctionner les infractions ? Qui doit décider si la règle est enfreinte ou non ? 

Liberté d’expression et inégalités ? 

A la base, la promesse des réseaux sociaux était de donner une voix à tout le monde, de manière équitable. Or, les échanges, sur les réseaux sociaux (via notamment les commentaires laissés sur des publications) deviennent de plus en plus vifs. Ces échanges sont de nature à amplifier la polarisation (l’opposition) de points de vue de plus en plus radicaux.  

Est-ce une bonne chose ? Quels risques cette évolution fait-elle peser sur notre société ? Quelle est la gravité de ces risques ?   

Une chose est de pouvoir s’exprimer librement ; une autre est d’être entendu. Est-il normal que, dans une démocratie, la voix de certaines personnes soit davantage entendue que celle des autres ? Est-il normal que l’on entende, sur des questions de société, davantage que celle des autres, la voix des personnalités politiques / des représentants d’associations (syndicats, ONG, etc.) / des personnalités sportives / des stars et vedettes de la chanson ou du cinéma / des scientifiques / des riches ? 

On constate également, sur les réseaux sociaux, que les femmes, les personnes immigrées ou issues de l’immigration, les LGBTQIA+… font l’objet de critiques acerbes, voire violentes. Cela mène parfois au (cyber)harcèlement. De nombreuses critiques ne portent pas sur ce que ces personnes expriment, mais sur leur identité.
Comment expliquez-vous cela ? Certaines d’entre elles, lasses ou parfois démolies, quittent ces réseaux sociaux, s’auto-censurent. Le comprenez-vous ? Qui peut et qui doit lutter contre ce phénomène ? 

Et la vérité dans tout ça ?  

Certain·e·s théoricien·ne·s estiment qu’avec le développement des réseaux sociaux et la création exponentielle de contenus, les faits objectifs ont désormais, dans des lieux de débat (réseaux sociaux, débats politiques) moins d’importance que les opinions développées par des personnes influentes. 

Qu’est-ce qui définit ce qui est vrai ? Qui décide de ce qui est vrai ? Si une majorité pense quelque chose, cela en fait-il une vérité ? 

Donner son opinion a-t-il la même valeur qu’exposer des faits ? Chacun peut-il croire ce qu’il veut sans que cela soit remis en doute, questionné ?  

Est-il possible pour un individu de se forger une opinion quand l’information sur les faits n’est pas exacte ? 

L’information, les médias et moi… 

Une enquête récente sur les usages médiatiques des jeunes1 montre que les réseaux sociaux est l’une de leurs principales sources d’information. Pour beaucoup d’entre eux, les médias mainstream ne sont pas des sources d’information directe. Ils et elles consultent des articles de ces médias parce qu’ils leur sont recommandés sur les plateformes ou parce qu’ils et elles veulent approfondir une information lue sur les réseaux sociaux. 

Qu’est-ce que l’information ? Que doit-on en attendre ? Avec quel média vous informez-vous ? Pourquoi ce média ? Lisez-vous du contenu produit par des journalistes ? Leur faites-vous confiance ? Pourquoi ?   

Qu’est ce qui fait la qualité d’une information ? Comment est-il possible de vérifier une information ? Sommes-nous tous armé·es pour le faire ? A qui incombe le fait de vérifier une information ? Pourquoi ? Peut-il arriver que la vérification d’une information soit biaisée, partisane ? La vérification doit-elle se faire en interne ou via des instances externes et indépendantes, comme dans l’audiovisuel (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) ou encore dans le domaine journalistique (Conseil de Déontologie Journalistique) ? 

Certains organes de presse sont détenus par des personnes privées – ayant des intérêts économiques et des opinions politiques personnelles. Ces personnes peuvent dès lors présenter l’actualité selon l’angle qui favorise leurs intérêts (politiques, économiques) et opinions. D’autres médias sont créés par les pouvoirs publics. Mais en Europe, les uns comme les autres sont tenus de respecter des lois, notamment en matière de pluralisme et de transparence.  

Que vous semble-t-il préférable ?  Quelles balises sont-elles nécessaires pour éviter la manipulation, voire la propagande ? 

Des réseaux sociaux devenus incontrôlables ?  

Les réseaux sociaux sont souvent perçus comme des lieux où tout doit aller vite. Les messages doivent être concis, simples et percutant. La réalité est pourtant souvent complexe, connaît des nuances, des exceptions, ne se laisse pas réduire à des slogans.  

Percevez-vous les dispositifs mis en place par ces plateformes qui permettent de favoriser certaines informations/contenus (algorithmes, publicités personnalisées, recommandations, etc.) comme un danger ? Pour quelles raisons ?  

Pensez-vous que les réseaux sociaux soient un atout ou un obstacle pour appréhender le monde réel ? Quels impacts pourraient-ils avoir sur nos démocraties ? 

Les personnes qui détiennent ces réseaux sociaux sont-elles responsables des contenus qui y sont postés ? Les contenus publiés doivent-ils être régulés ? Par qui : les plateformes, les États, les utilisateur·rices eux-mêmes ? Qu’est-ce que cela augure pour le métier de journaliste ? Est-ce que rester sur un réseau social c’est cautionner ?  

Comment faut-il sanctionner ceux qui ne respectent pas les règles ? Est-il normal que l’on ne puisse pas s’expliquer, se défendre quand un réseau social nous punit ?  

Les réseaux sociaux sont des outils puissants par lesquels des puissances et personnes étrangères peuvent intervenir dans la vie démocratique d’autres pays. Est-ce un problème ? En quoi ? 

En protestation avec les idées développées sur X, une vague de désinscriptions est prévue pour le jour de l’investiture du président Trump, le 20/01. Faut-il quitter des espaces dont on critique la gouvernance ou bien y rester pour être au courant de ce qui s’y dit ?  

 

Bibliographie :

Pour aller plus loin :

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Black Friday : à prendre ou à laisser ?  

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NOVEMBRE 2024

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Crédit photo : Anna Stills (iStock)

Les faits

Encore inconnu en Europe il y a une quinzaine d’années, le Black Friday (ou « Vendredi noir ») est une opération commerciale importée des États-Unis. Pour l’occasion, les grandes enseignes et petits commerces cassent leurs prix, entre vraies bonnes affaires, fausses promos et hyperconsommation.

Chaque quatrième vendredi du mois de novembre, le Black Friday donne le coup d’envoi, outre-Atlantique, de la période des achats de Noël. De coutume depuis les années 60 environ, son origine est incertaine. Selon les différentes versions qui circulent, ce « Vendredi noir » pourrait faire référence à l’affluence sur les routes après la fête de Thanksgiving, célébrée la veille, aux magasins bondés ou au chiffre d’affaires des commerçant·es, dont les comptes passeraient du rouge (négatif) au noir (bénéfices) lors de cette journée de promotions.

Des milliards dépensés en ligne

Cette année, les Américain·es ont battu un nouveau record, avec 10,8 milliards de dollars dépensés en ligne, soit 10,2 % de plus que l’année dernière. En Belgique, où le phénomène est apparu il y a une dizaine d’années, 63 % des consommateur·rices (soit 11 % de plus que l’an dernier) prévoyaient de faire des achats lors du Black Friday pour un montant moyen de 329 euros (+6 euros), selon un sondage de Testachats.

Dans la pratique, les promos débordent cependant de plus en plus sur la semaine précédente, le week-end et le lundi suivant avec le Cyber Monday, autre journée de rabais visant à booster les ventes en ligne. Mais, parmi l’avalanche de réductions, toutes ne sont pas toujours bonnes à prendre. Certaines sont même trompeuses : depuis 2022, le SPF Économie a ainsi constaté 811 infractions en la matière.

De plus, l’opération ne profite bien souvent qu’aux multinationales et plateformes en ligne, les petits commerces n’ayant pas toujours la capacité de rivaliser avec les ristournes des grands groupes.

Actions de protestation

Autre écueil : le coût écologique. Hyperproduction, explosion des livraisons et des retours, montagne de déchets, etc. Le Black Friday a un impact environnemental désastreux, sans compter la pression mise sur les travailleur·ses.

Face à ce constat, des alternatives comme le Green ou le Blue Friday ont vu le jour. L’idée est d’encourager les consommateur·rices à réparer, opter pour la seconde main ou consommer local et responsable. En Belgique, certaines enseignes sont restées fermées le jour du Black Friday, tandis qu’en Allemagne et dans d’autres pays, des centaines d’employé·es d’Amazon ont protesté contre leurs conditions de travail.

Penser les faits : quelques pistes

Consommation

Le Black Friday propose d’acquérir des biens, pousse à la consommation.

Pourquoi répondons-nous à cette injonction ? Qu’est-ce qui, précisément, nous pousse à acheter ? Ce que nous achetons répond-il à un besoin ? Ou à une envie ? Quelle différence fait-on entre les deux ? Quelle différence entre acheter quelque chose dont nous avons besoin et avoir besoin d’acheter quelque chose ? Est-ce la chose dont nous avons besoin ou l’acte d’acheter ?

Le Black Friday augmente notre pouvoir d’achat, mais augmente-t-il ou restreint-il notre liberté ?

Le besoin d’acheter peut-être plus fort que la raison (c’est-à-dire on achète des choses pas parce qu’on en a vraiment besoin, mais parce qu’on a besoin d’acheter, quoi que ce soit). Quand acheter s’impose à nous comme une fin en soi, dans quelle mesure peut-on parler d’addiction ou de drogue comme c’est le cas, chez certaines personnes, pour le tabac, l’alcool et le jeu, par exemple ?

A-t-on toujours le choix de notre consommation ?

Certains ménages sont dans le besoin et à l’affût des promotions et des bons plans pour acheter des biens du quotidien parfois indispensables. D’autres personnes profitent du Black Friday pour acquérir des biens non-essentiels.

Que vous évoque la coexistence de différents objectifs de consommation, visibles au moment du Black Friday ? Pensez-vous que des ménages sont obligés d’attendre de telles promotions pour acheter ce dont ils ont besoin ? Une société plus égalitaire serait-elle souhaitable ? Comment la mettre en œuvre ?

Achat juste et juste prix

Le Black Friday provoque un pic de consommation.

Chaque article acheté a dû être produit et acheminé. Tout cela a un coût : grande utilisation de pages internet qui font tourner les serveurs et data centers à plein régime, emballages (plastique et carton), transports (notamment en avion). La semaine du Black Friday, c’est 94 % de CO2 émis en plus qu’une semaine normale. Les achats réalisés impulsivement lors du Black Friday génèrent aussi un grand nombre de retours à l’expéditeur. C’est le cas d’environ un quart des colis par les consommateur·rices de moins de 30 ans.

Certaines enseignes ne peuvent vendre des produits (comme des vêtements) à un prix si bas que parce qu’ils sont fabriqués dans des conditions de travail inhumaines.

Le Black Friday a aussi un impact sur les conditions de travail de personnes, ici en Europe, qui travaillent notamment dans la logistique et doivent prester de nombreuses heures supplémentaires pour envoyer, empaqueter et livrer les colis qui sont achetés en ligne.

Il a également un impact sur les petits commerces qui doivent s’aligner sur les promotions faites par les grandes enseignes.

Suis-je responsable de l’impact de mon achat sur :

  • l’environnement ?
  • les conditions de travail des personnes qui produisent là-bas ?
  • les conditions de travail des personnes qui travaillent ici ?
  • la viabilité économique des petits commerces ?

Quelle différence cela fait-il si moi, à mon niveau, j’achète ou je m’abstiens d’acheter quelque chose ? Suis-je attentif·ve à ce qu’un article que j’achète soit vendu à un prix juste ? Qu’est-ce que je mets derrière cette notion ?

On dit habituellement d’un prix qu’il est valable à la condition qu’acheteur·se et vendeur·se soient l’un·e et l’autre d’accord de procéder à la transaction. Qu’en pensez-vous ? La liberté d’acheter et celle de vendre sont-elles réelles ? Cette liberté doit-elle prévaloir sur le reste ? Quelle place l’éthique prend-elle dans vos choix de consommation ?

Black Friday, publicités et médias

Les publicités lors du Black Friday nous envahissent.

Sur quels supports avez-vous entendu parler du Black Friday ? Comment avez-vous réagi face à ces publicités ? Avez-vous acheté des produits suite à des publicités liées au Black Friday ?

Quels sont les types de messages, le vocabulaire, les couleurs et les illustrations utilisées ? Pourquoi, selon vous ? Cela vous a-t-il donné envie d’acheter ?

Quel impact a la publicité sur la consommation des gens ? Vous êtes-vous senti·e visé·e par la publicité que vous avez reçue ? Si oui, par quel procédé (vocabulaire, illustration) ?

Le Black Friday et l’info

Observez comment les médias d’information (presse papier, presse numérique, journal TV, radio, etc.) traitent le sujet du Black Friday et abordent cette abondance publicitaire.

Est-il pertinent que le journal télévisé ou radio s’ouvre sur un sujet lié au Black Friday ? N’est-il pas contradictoire qu’un article qui traite de la surconsommation liée au Black Friday se trouve sur la même page que des publicités liées à ce même Black Friday ? Trouvez-vous ce traitement objectif ? Quelles influences ce traitement médiatique a-t-il sur la consommation ?

Consommer autrement ?

Des personnes choisissent de prendre leur temps pour s’assurer qu’un achat est bien réfléchi, qu’il n’est pas seulement impulsif. Il en est aussi qui décident de ne pas acheter ou d’acheter moins. Qu’en pensez-vous ?

Que pensez-vous des initiatives alternatives au Black Friday ? Pensez-vous que vous pourriez modifier votre manière de consommer ? Comment vous y prendriez-vous ? Quelles pistes identifiez-vous ?

Bibliographie :

Pour aller plus loin :

 

 

Black Friday : à prendre ou à laisser ?  

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JUIN 2024

Note

Ce document est rédigé à l’attention de tou·tes les enseignant·es et éducateur·rices de secondaire. Il propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Une fiche Questions Vives ne contient pas de position de nature politique et elle n’engage pas les partenaires à titre individuel.

Les faits

L’issue du triple scrutin du 9 juin est connue. Verdict ? Une nette tendance à droite, même si les résultats sont contrastés. L’abstention bat également un nouveau record : plus d’un million d’électeurs (12,5 %) ont boudé les bureaux de vote.

En Belgique francophone, le MR sort grand gagnant des urnes. Le parti libéral se hisse à la première place en Wallonie (29,6 % des voix) et à Bruxelles (21,5 %). Arrivé 2e, le PS perd quelques plumes, avec 23,2 % des voix au sud du pays et 18,3 % dans la capitale. De retour après cinq ans d’opposition, Les Engagés progressent partout : ils se classent 3e en Wallonie (20,7 %) et 4e à Bruxelles (8,9 %), derrière le PTB qui récolte 17,3 % des suffrages dans la capitale. Au sud du pays, il décroche la 4e place (12,1 %). Reste Ecolo, grand perdant des élections, qui recule partout, avec 7 % en Wallonie et 8,2 % à Bruxelles.

A la suite de ces résultats, le MR et Les Engagés ont décidé de s’allier à tous les niveaux de pouvoir. En Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles, on se dirige dès lors vers une coalition de centre-droite. Le PS, lui, a fait le choix de l’opposition.

Le Vlaams Belang, deuxième parti de Flandre

Alors que les sondages prédisaient une percée du Vlaams Belang, la N-VA reste maître du jeu (23,9 %) au parlement flamand.

En progression, le Vlaams Belang (22,7 %) représente la deuxième force politique de Flandre, devant les socialistes de Vooruit (13,8 %), les sociaux-démocrates du CD&V (13 %), les libéraux de l’Open Vld(8,3 %), ainsi que les partisans du PVda (8,3 %) et de Groen (7,3 %). Le parti libéral du Premier ministre sortant, Alexander De Croo, subit la plus lourde défaite.

N-VA et MR en pole position au fédéral

Avec des résultats similaires au niveau fédéral, la N-VA et le MR devraient jouer un rôle prépondérant dans la prochaine coalition. Qui seront leurs alliés ? La question n’est pas encore tranchée à ce jour. Mais une chose est sûre : la participation du Vlaams Belang reste actuellement exclue (malgré ses 20 sièges à la Chambre) en raison du cordon sanitaire.

Montée importante des extrêmes et déroute écologiste en Europe

En Europe, le Parti populaire européen (PPE) et l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) se maintiennent, rendant possible la reconduction de la coalition sortante avec les libéraux de Renew, même affaiblis. Cependant, plusieurs formations d’extrême droite ont réalisé une percée notamment en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Autriche, provoquant au passage la dissolution de l’Assemblée nationale française. Les écologistes enregistrent un net recul.

Florence Marot

Penser les faits : quelques pistes

Faire son choix

Les électeurs et électrices ont fait leur choix. Si vous avez voté, par quels moyens/médias (parents, amis, journaux, TV, radio, réseaux sociaux) avez-vous recueilli l’information pour faire votre choix ? (Lecture de médias, visionnage d’émissions, discussion avec les parents et ami·es). Quels avantages et inconvénients avez-vous vus à ces moyens de vous informer ? Quels sont les moyens qui ont été déterminants ?

Vous êtes-vous basé·es sur des valeurs pour faire votre choix ? Si oui, laquelle ou lesquelles ? (Projet collectif, individuel, solidaire, inclusif, basé sur la prospérité, le mérite, etc.) Quels éléments (valeurs, contenu du programme, personnalité des candidat·es, etc.) avez-vous mobilisé pour faire votre choix ? Pourquoi ? Avez-vous trouvé dans les partis votre projet de société idéal ?

 

De la politique de diverstissement – Politainment

Durant la campagne électorale, de nombreuses émissions TV et contenus sur les plateformes des réseaux sociaux ont mis en scène des hommes et femmes politiques. Du simple débat dans un cube de verre devant le Parlement wallon, à l’interview d’un président de parti dans une montagne russe, en passant par la discussion avec des hommes et femmes politiques en pyjama, différents médias ont proposé des contenus divers et variés à la frontière de l’information et du divertissement (« infotainment » ou « politainment »).

Avez-vous regardé un ou plusieurs de ces programmes/contenus ? Vous ont-ils permis de mieux comprendre les enjeux de la politique ? En quoi cela vous a-t-il influencé ?
Pensez-vous que le fait de voir des personnalités politiques s’amuser et être des citoyen·nes comme tout le monde leur apporte un capital sympathie qui leur permet de gagner plus de voix des électeur·trices ?

Certains partis mettent dans leur liste des personnalités populaires. Qu’en pensez-vous ? Pensez-vous qu’il s’agit là d’une manière, pour les partis de faire des voix ? Vaut-il mieux que nos élu·es soient des « professionnel·les de la politique » ou des personnes sans expérience politique, mais plus représentatives de la diversité de la population ? Qu’est-ce qui a le plus d’importance dans votre choix : les valeurs générales défendues par un parti, son programme ou la personnalité de ses candidat·es ?

 

Agressivité

Certaines personnalités politiques se montrent très critiques à l’égard de leurs concurrent·es. Elles peuvent formuler des critiques très féroces à l’encontre des idées des autres et, parfois, faire preuve d’une certaine agressivité à l’égard des autres hommes et femmes politiques. On a vu des débats entre interlocuteur·trices qui ne cessaient de s’interrompre et de s’invectiver.

Pensez-vous que l’agressivité soit inhérente à ce type d’exercice ? Qu’elle y apporte un plus ? Ou un moins ? Pensez-vous qu’on peut «faire carrière» en politique si on veut s’accrocher à une posture respectueuse, pacifiée ? L’opposition de différentes idées doit-elle forcément passer par la violence ?

 

« Je m’en fous »

Si on ajoute à l’abstention les votes blancs et les votes en faveur du parti blanco, on atteint 18,6 % de personnes qui n’ont pas soutenu un parti ou un ou plusieurs candidat·es.

Que pensez-vous du fait que le vote soit obligatoire en Belgique ? Pourquoi dire qu’on se désintéresse de la vie politique attire-t-il habituellement des critiques/est mal vu par la collectivité ? Pourquoi n’aurait-on pas le droit de vivre sans se soucier de ces questions ? Pensez-vous qu’un·e ministre, par exemple, est plus légitime si une part importante de la population a pris part au vote ?

 

La majorité définit-elle ce qui est juste ?

Au cours des élections s’affrontent – au travers de partis – des conceptions différentes de ce qui est souhaitable, de ce qui est juste. Tel parti estime qu’il faut privilégier le bien-être de la population actuelle ; tel autre qu’il faut prioritairement veiller aux conditions de vie des générations futures. Tel parti estime qu’il n’est pas juste que les personnes inactives aient des conditions de vie proches de celles qui se fatiguent au travail ; tel autre qu’il faut se montrer solidaire avec les personnes qui rencontrent des difficultés dans la vie.

Qu’est-ce que la justice (au sens de ce qui est juste) ? Pourquoi ne sommes-nous pas forcément d’accord sur ce qui est juste ? Peut-on dire que ce qui est juste est ce que la majorité trouve juste ? Se trompe-t-on si on n’a pas la même représentation de ce qui est juste que la majorité de la population ?

 

Démocratie et État de droit

L’état de droit est un principe fondamental selon lequel toutes les institutions et individu·es, y compris le gouvernement, sont soumis aux lois établies et doivent les respecter. Personne n’est au-dessus de la loi et les décisions et actions des autorités doivent garantir la protection des droits fondamentaux des citoyen·nes.
La sagesse du peuple n’est pas toujours suffisante. Les élections démocratiques ne mettent pas une société à l’abri de décisions choquantes, inacceptables. L’exemple le plus habituel consiste à rappeler qu’Hitler est arrivé au pouvoir par la voie des urnes et que cela n’a pas empêché les pires exactions.

D’un côté, les élu·es disent : « Je suis élu·e, je représente le peuple et rien n’est plus important que la volonté du peuple. Donc je peux décider ce que je veux. » De l’autre côté on lui répond : « Non. Même le peuple ne peut pas enfreindre les droits fondamentaux des personnes qui s’imposent à tous les gouvernements. Vous pouvez gouverner, mais en respectant ce cadre. » Qu’en pensez-vous ?
« Le pouvoir politique a-t-il tous les droits ou doit-il se soumettre à certaines règles ? » « Que penser de gouvernements qui ne respecteraient ni la loi ni les décisions de justice qui les condamnent ? »

 

Normalisation de l’extrême droite

Il y a eu, dans l’Histoire, des périodes sombres au cours desquelles on associait aux gens (les femmes, les personnes racisées, les juifs, etc.) des caractéristiques prétendument liées aux catégories auxquelles ils et elles appartenaient. Cela a eu pour effet des discriminations dont certain·es étaient victimes (comme dans le cas de l’esclavage ou dans celui de la Shoah) et dont d’autres ont tiré profit.
La violence des exactions commises pendant la Seconde Guerre mondiale, quand des idées d’extrême droite ont été poussées à leur paroxysme, a eu pour effet un rejet massif de ces idées simplistes et dangereuses. Le cordon sanitaire est un exemple de cette réaction, du besoin de se protéger contre ces idées jugées toxiques en raison de la violence liée à leurs conséquences concrètes.

L’extrême droite se caractérise par (i) une conception profondément inégalitaire de la société qui accorde une importance majeure aux différences qu’ils voient entre les races, les ethnies, les sexes, les religions, les orientations sexuelles et identités de genre, etc. ; (ii) une vision nationaliste qui soit réclame l’indépendance, soit appelle à plus d’homogénéité sur le territoire ; et (iii) remet radicalement en cause des éléments fondamentaux de nos démocraties tels que l’état de droit, l’équilibre des pouvoirs, les droits des minorités, etc.). (1)

En étant reprises par certains partis « traditionnels », pensez-vous que les idées d’extrême droite ont percolé dans la société, et apparaissent aujourd’hui comme « normales », par exemple en matière de politique migratoire, en matière de justice, en matière sécuritaire, sur les questions identitaires et sur les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ ?
Comment expliquer que des idées qui étaient inacceptables hier semblent plus acceptables aujourd’hui ?
Pensez-vous que, au nom de la liberté d’expression, toutes les idées se valent et doivent pouvoir être exprimées librement, même celles qui sont basées sur des contre-vérités et/ou sèment la haine entre les personnes ?
Pensez-vous que les réseaux sociaux jouent un rôle dans la normalisation des idées extrêmes ? Sont-ils un lieu privilégié pour le développement de ce type d’idées ?

(1) Selon Benjamin Biard, du CRISP et professeur invité à l’UCL. https://www.centreavec.be/publication/ce-dont-lextreme-droite-est-le-nom/

En dehors des élections

En démocratie, le pouvoir des citoyen·nes ne s’arrête pas au seul moment des élections. Ils et elles conservent le droit de faire entendre leur voix, par exemple en s’adressant directement à leurs parlementaires pour leur faire connaître leur opinion (interpellations politiques), en soutenant des organisations dites « de la société civile » via du volontariat dans des associations, en signant des pétitions en participant à des manifestations ou à des actions de désobéissance civile, ou encore via des changements de comportements individuels, etc.

Que pensez-vous de ces modes d’action ? Dans quelle mesure est-ce important pour vous ou non de vous investir dans ce type de démarche ? Voyez-vous le fait d’aller voter comme un engagement citoyen ?

Pour en savoir plus :

Élections 2024 – https://www.rtbf.be/elections-2024

Des coalitions difficiles… mais pas impossibles : tentez de créer des majorités dans les différents parlements avec notre module interactif –https://www.rtbf.be/article/arriverez-vous-a-former-des-coalitions-mettez-vous-dans-la-peau-d-un-formateur-de-gouvernement-avec-nos-simulateurs-de-majorites-11386867

L’extrême droite partout – https://www.revuepolitique.be/lextreme-droite-partout/

Le cordon sanitaire est-il démocratique ? – https://www.rtbf.be/article/le-cordon-sanitaire-est-il-democratique-11120439

Sources :

Crédit photo : RTBF

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Conflit Israël – Territoires palestinies occupés

Conflit Israël – Territoires palestinies occupés

NOVEMBRE 2023

AVERTISSEMENT

Le sujet abordé est sensible et nécessite une grande prudence. Nous ne pouvons être tenus responsables des difficultés qui pourraient en résulter. Ces fiches sont un appui pédagogique destiné à développer la réflexion critique et autonome des élèves. Des références à des idées très différentes peuvent être communiquées afin de susciter cet esprit critique. Cette fiche n’est en aucun cas une prise de position dans le conflit de la part des organisations qui y ont travaillé et de ce qu’elles représentent. Elle vise à permettre un dialogue et réflexion critique à propos de concepts mobilisés dans cette actualité, et non à propos du conflit en lui-même. Le sujet est sensible et peut entraîner des réactions vives des élèves. Il importe, avant de commencer la discussion, de rappeler les règles d’un débat serein : demander la parole, ne pas parler trop longtemps, ne pas interrompre, ne pas insulter, etc. Si les conditions d’un débat serein ne sont plus respectées, y mettre un terme et, si possible, lancer un débat « méta » sur la question « pourquoiest-on emporté par ses émotions, au point qu’il n’est plus possible de discuter sereinement ?

Les faits

Plutôt que de relater des faits qui seront remplacés par de nouveaux développements le lendemain, et étant donné que les développements sont abondamment couverts par les médias, nous souhaitons référer aux sources médiatiques, comme par exemple :

https://www.rtbf.be/archive/guerre-au-proche-orient https://www.lesoir.be/81616/sections/proche-et-moyen-orient https://www.lalibre.be/dossier/international/moyen-orient/attaques-du-hamas-israel-palestine-en-guerre/

Penser les faits : quelques pistes

Le poids de mots

S’agit-il de crimes de guerre ? Si on estime qu’existe un conflit armé entre l’état d’Israël et le groupe terroriste Hamas, il s’agit en effet d’infractions graves – parmi les plus graves qui soient – au droit de la guerre. On peut dans ce cas parler de crimes de guerre. S’agit-il de terrorisme ? Il n’y a pas encore un consensus sur une définition dans le droit international, mais des définitions ont été proposées par les Nations Unies et l’Union européenne, comme par exemple : « des actes criminels, y compris contre des civils, commis dans l’intention de causer la mort ou des blessures corporelles graves, ou la prise d’otages, dans le but de provoquer un état de terreur dans l’opinion publique en général ou dans un groupe de personnes ou de personnes particulières, d’intimider une population ou contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte. »[1], ou encore « Les actes de terrorisme ont pour but, par leur nature ou leur contexte, d’intimider gravement une population ou de contraindre indûment un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte ou à déstabiliser ou détruire gravement les structures politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales fondamentales de ce pays. Un pays ou une organisation internationale. » [2] Le Hamas, officiellement reconnu comme un groupe terroriste par l’Union européenne depuis 2001, a attaqué la population civile israélienne, tué des personnes, emporté des otages. Comment peut-on qualifier ces faits ? Pensez-vous qu’il existe des circonstances où le recours à des actes de violence est moralement acceptable ?

[1] Conseil de sécurité des Nations Unies, dans sa résolution 1566 d’octobre 2004

[2] Mai 2005, adoption de la Convention pour la prévention du terrorisme par le Conseil de l’Europe

Droit de riposter ?

La guerre met un État dans une situation particulièrement critique. Acculé par des circonstances défavorables, il pourrait être tenté, à un moment ou un autre, de perdre la raison et de commettre des actions meurtrières. C’est la raison pour laquelle existe le droit international humanitaire et le « droit de la guerre ». Il définit ce que les forces armées peuvent faire et ce qu’elles ne peuvent pas faire lors d’un conflit armé. Ces règles visent notamment à protéger les populations civiles dont on a toujours estimé qu’elles n’étaient pas concernées ou devaient ne pas l’être par les batailles entre militaires. Ces règles (ne pas maltraiter les prisonnier·es, ne pas attaquer les populations civiles, ne pas prendre d’otages, etc.) sont les mêmes pour les deux camps. Estimez-vous que ce soit une bonne chose ou que la partie armée agressée devrait pouvoir, elle, en tant que « victime » avoir recours à tous les moyens possibles pour se défendre, en ce compris attaquer les civil·es de la partie adverse ? Le fait qu’une partie d’un conflit ne respecte pas le droit international humanitaire ou le droit de la guerre n’autorise pas l’autre à l’enfreindre également. Estimez-vous que cela devrait être le cas ? Une règle ne devrait-elle être respectée que si tout le monde la respecte ? Doit-on observer un principe parce que tout le monde le respecte ou parce qu’on pense qu’il est juste ? Que faire quand un conflit dure depuis très longtemps ? Cette distinction entre agresseur et agressé tient-elle toujours ou les deux parties finissent-elles par être, selon des modalités différentes, à la fois agresseurs et agressés ?

Représailles

Les mesures de représailles sont des réponses à des actions passées, tandis que les mesures de défense sont des actions prises pour se protéger contre des menaces actuelles ou imminentes. Une même mesure peut être à la fois l’une et l’autre, quand les représailles ont une visée dissuasive. Par mesure de représailles contre les attaques terroristes dont il a été l’objet, Israël a imposé des sanctions contre les habitant·es de la bande de Gaza : plus d’approvisionnement ni en eau, ni en médicaments, ni en électricité, ni en nourriture. Cette sanction touche durement la population civile. Pensez-vous qu’il soit acceptable de punir toute une population pour toucher les auteurs d’actes terroristes, si abominables ces actes aient-ils été ? L’Histoire compte plusieurs épisodes pendant lesquels une armée a menacé d’exterminer une population si les coupables qui s’y cachaient ne se rendaient pas, à une moindre échelle, les profs qui, dans le passé, menaçaient toute une classe de punition collective si le coupable ne se désignait pas, usaient du même principe. Quel jugement moral portez-vous sur cette pratique ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Que penser, de l’autre côté, des auteur·es de ces actes terroristes qui se cachent au milieu de la population civile plutôt que de se dénoncer ? Pensez-vous qu’ils et elles manquent de courage et/ou d’honnêteté ? Que feriez-vous à leur place ? Et que penser des chef·fes qui donnent leurs ordres depuis des pays étrangers ?

Valeur d’une vie

La vie humaine a une valeur infinie pour les religions (et notamment dans les religions juive, musulmane et chrétienne représentées dans le conflit israélo-palestinien) et dans l’esprit de la plupart des personnes agnostiques ou athées. En dehors de quelques circonstances telles que les militaires pendant une guerre, tuer est un interdit universel. Pourtant, ici, le Hamas a massacré des Israélien·nes et les autorités israéliennes ont décidé de frappes dont elles savaient qu’elles tueraient des Palestinien·nes. Pensez-vous que la vie humaine doit être absolument (c’est-à-dire de façon absolue, sans exception) préservée ou pensez-vous qu’il existe des circonstances où tuer des gens est acceptable ? On parle beaucoup « des Israélien·nes » et « des Palestinien·nes » comme s’il s’agissait chaque fois d’un ensemble homogène. Comment éviter le piège de la généralisation ?

L’importance des images

Le droit de la guerre interdit de publier des photos de prisonnier·ères de guerre. Le Hamas a veillé à filmer ses opérations sanguinaires et à en diffuser les images. Pourquoi pensez-vous qu’il a adopté cette stratégie de communication ? Comment nous sentons-nous en voyant ces images ? Pourquoi les regardons-nous quand même si elles nous choquent ? Pareillement, nous sommes particulièrement scandalisé·es par les images d’enlèvement, avec violence, d’enfants, de jeunes femmes et de personnes très âgées. Les terroristes en sont conscient·es et en jouent pour intensifier leur provocation. Comment expliquez-vous cette sensibilité et cette insensibilité (celle des terroristes du Hamas) ?

Détenir la terre

Le conflit israélo-palestinien, c’est l’histoire de deux peuples qui revendiquent la propriété et le contrôle d’un même espace, d’une même terre. La terre est-elle un bien comme un autre ? Qu’est-ce que le fait d’être propriétaire d’un terrain a de plus que le fait d’être propriétaire d’une voiture ou d’une entreprise ? En quoi le fait d’avoir une terre à soi est-il important pour un peuple ?

Violence et souffrance

Un certain nombre de voix expriment que la violence des agressions du Hamas est certes démesurée et inacceptable, mais qu’elle doit être mise en rapport avec la violence de la façon dont sont traité·es les habitant·es de la bande de Gaza, sous blocus israélien depuis 2007. Peut-on comparer ces violences de natures différentes ? Qu’en est-il de la souffrance ? La violence est un acte externe, intentionnel et direct, tandis que la souffrance peut être causée par des événements externes (comme la violence), mais elle peut aussi être le résultat de facteurs internes ou de circonstances de la vie comme des conditions de vie pénibles. Certain·es pensent que ce n’est pas seulement la violence qu’il faut combattre, mais tout ce qui, d’origine humaine, crée de la souffrance. Qu’en pensez-vous ?

Neutralité

Les auteur·es de cette fiche ont veillé à ne pas poser une question centrale, aussi visible qu’un éléphant dans un couloir : à quel camp donner raison ? Plusieurs explications conjuguent leurs effets : la crainte de s’attirer les foudres – parfois extrêmement violents – des adeptes de tel ou tel camp ; la nécessité de respecter les règles relatives à la neutralité des espaces scolaires et la volonté d’offrir des espaces de réflexion sereins sur des éléments connexes à ce conflit. Quelle est l’importance de la neutralité ? Pensez-vous qu’il soit possible d’être neutre ? Comment peut-on ou de s’efforcer de l’être ? Pourquoi pensez-vous que ce sujet soit si sensible dans la société ? Pourquoi semble-t-il souvent difficile de l’évoquer dans une discussion modérée, sans que le moindre propos, qu’on pense nuancer, nous range dans un camp ou dans l’autre ?

Pour aller plus loin : sept raisons pour une nation de souhaiter disposer d’un territoire à soi

1. Identité culturelle et historique – Le territoire peut être intrinsèquement lié à l’histoire et à la culture d’un peuple. Il peut contenir des sites sacrés, des lieux de mémoire, des traditions et des coutumes spécifiques qui sont essentiels pour l’identité ethnique.

2. Sécurité et stabilité – La possession d’un territoire peut offrir une certaine sécurité physique et économique. Un territoire stable peut permettre aux communautés de planifier l’utilisation des ressources naturelles, de développer l’agriculture et des infrastructures.

3. Autonomie politique – Posséder un territoire permet souvent à un groupe ethnique d’avoir son propre gouvernement, d’adopter ses propres lois et politiques, préservant ainsi son identité culturelle.

4. Économie et ressources naturelles – Les ressources naturelles présentes sur un territoire (comme l’eau, les minéraux, les terres agricoles) peuvent être essentielles à la subsistance et au bien-être économique d’un groupe ethnique.

5. Protection de la culture et de la langue – Un territoire peut offrir un environnement où la langue, la culture et les traditions d’un groupe ethnique peuvent être préservées et transmises aux générations futures sans l’influence externe excessive.

6. Sens d’appartenance – Le territoire peut renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe. Il peut créer un lien physique entre les membres de la communauté, renforçant ainsi les relations sociales et le soutien mutuel.

7. Résistance à l’assimilation – La possession d’un territoire peut aider à préserver une communauté ethnique en la protégeant contre l’assimilation culturelle et linguistique imposée par des groupes dominants.  

Crédit photo : rrodrickbeiler (iStock)    

Black Friday : à prendre ou à laisser ?  

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NOVEMBRE 2024 Cette fiche est rédigée à l'attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le...

Les élections du 9 juin : et après ?

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ChatGPT : Pour le pire ou pour le meilleur ?

ChatGPT : Pour le pire ou pour le meilleur ?

Mars 2023

Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·tes les enseignant·es et éducateur·rices de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

ChatGPT (pour Generative Pretrained Transformer, soit Transformateur générique pré-entrainé) est une interface de conversation en ligne basée sur l’intelligence artificielle (IA). Depuis novembre 2022, ChatGPT est accessible gratuitement sur Internet. Son succès a été immédiat : 5 jours après son lancement, ChatGPT avait déjà été téléchargé 1 million de fois. En janvier 2023, le cap des 100 millions d’utilisateur·rices a été dépassé. Jamais une application – pas même Tik Tok ou Instagram – n’avait connu un démarrage aussi fulgurant.

Avant de nous plonger dans le fonctionnement et les usages de ChatGPT, rappelons d’abord ce qu’est l’intelligence artificielle (IA). C’est un ensemble de théories et de techniques mises en œuvre pour concevoir des machines capables de stimuler certains traits de l’intelligence humaine. ChatGPT est donc un système informatique, qui a été longuement entraîné, et qui calcule : il a appris à mettre les mots dans le bon ordre. Aujourd’hui, ChatGPT est capable de tenir des conversations sensées avec un utilisateur : c’est ce que l’on appelle un chatbot. Il peut aussi répondre à des questions ou écrire des textes sur un sujet donné. Il peut faire des suggestions ou créer du contenu. Il est aussi capable d’écrire des lignes de code pour une page web.

ChatGPT a été conçu par la société américaine OpenAI dont le but était, dès sa création en 2015, de « bâtir une intelligence artificielle équivalente à un être humain ». Cette société a d’ailleurs lancé, en juillet 2022, Dall.E, une IA capable de générer des images sur la base d’une description de l’utilisateur. Le fondateur et actuel président d’OpenAI est l’homme d’affaires Sam Altman qui, dans le passé, avait notamment poussé et développé des sociétés comme Airbnb, Twitch ou Dropbox. L’entrepreneur et milliardaire Elon Musk (directeur de la société astronautique SpaceX et de la société automobile Tesla) était un des cofondateurs de la société OpenAI, mais il l’a quittée depuis : il n’a donc pas assisté au développement et au lancement de ChatGPT.

Les utilisateur·rices de ChatGPT ont, d’une manière générale, été impressionné·es par la qualité de ses productions. D’où ces questions et ces craintes qui ont surgi, notamment dans le monde de l’enseignement. Comment distinguer une production d’un humain de celle d’une machine ? Cette dernière poussera-t-elle les élèves à la triche ou à la fainéantise ? Depuis janvier 2023, ChatGPT est d’ailleurs interdite dans les écoles de New-York : son accès est bloqué sur les ordinateurs des établissements scolaires.

Jusqu’où faut-il craindre l’utilisation de ChatGPT ? Pour répondre à cette question, il faut avoir à l’esprit que cette AI commet des erreurs, notamment parce que les données auxquelles elle a été soumise pour s’entraîner datent, au mieux, de 2021. Rappelons aussi que ChatGPT ne fait que traiter des informations et les calculer : il ne « comprend » donc pas les textes qui sont générés. Il n’est pas non plus capable de faire preuve d’imagination et de créativité, et ne peut pas résoudre un problème. ChatGPT n’est pas non plus, comme les êtres humains, doué d’un esprit critique pouvant poser un jugement sur la base de faits.

Anouck Thibaut

Penser les faits : quelques pistes

Nouveau rapport au savoir ?

Le progrès technique permet de disposer de plus en plus rapidement d’informations dans un certain nombre de domaines. ChatGPT illustre parfaitement ce gain de temps. Le Soir[1] a consacré un article à Sam Altman, patron d’Open AI, l’entreprise qui a lancé ChatGPT en 2012 : « Il y a certains avantages à être une machine. Nous, les humains, sommes limités par notre taux d’inputs et outputs. Nous n’apprenons que deux bits par seconde. Pour une machine, nous devons ressembler à des chants de baleine au ralenti. »

Est-il encore nécessaire d’étudier par cœur la liste des provinces belges et des capitales européennes alors que l’information est accessible en un clic ? Le fait que, depuis quelques années, le meilleur ordinateur batte le meilleur être humain au jeu d’échecs enlève-t-il quelque chose à l’intérêt de ce jeu ? Est-il nécessaire, pour être pleinement humain, de connaître des informations sans avoir à s’en remettre à la technologie ?

Selon vous, qu’est-ce qui fait la spécificité des êtres humains ? Faut-il préserver l’Humanité du risque d’une « prise de pouvoir » par cette intelligence artificielle plus performante ? Pour quelles raisons ?

[1] Philippe LALOUX, Sam Altman, le cerveau, tordu, de l’intelligence artificielle, Le Soir – Week-end des samedi 21 et dimanche 22 janvier 2023, pp 4 et 5.

Du gratuit qui rapporte

Si, dans un premier temps, les concepteurs de ChatGPT expliquaient vouloir « faire progresser l’intelligence numérique de la manière la plus susceptible de profiter à l’humanité dans son ensemble, sans être limité par la nécessité de générer un rendement financier ».[1] Quelques années plus tard, ce positionnement a changé : OpenAI est désormais une entreprise à but lucratif plafonné.[2] La « connaissance » est-elle une denrée monnayable ?

Pour répondre à une question, ChatGPT consulte tout le net. A priori, la variété de sources d’information est donc conséquente. Est-ce pour autant un gage de fiabilité ?

Ce libre arbitre était-il davantage garanti dans la vie quotidienne pré-ChatGPT ? Ne sommes-nous pas déjà influencé·es par les personnes que nous rencontrons, les informations qui nous entourent, les influenceur·ses sur les réseaux sociaux ?

[1] Hugo Jay, « Qui se cache derrière ChatGPT ? » Le Soir – GEEKO, 15 Janvier 2023 – URL : https://geeko.lesoir.be/2023/01/15/qui-se-cache-derriere-chatgpt/

[2] Idem

Responsabilité du ChatGPT

ChatGPT dit de lui-même : « Les modèles de traitement automatique du langage (…) peuvent faire des erreurs ou des imprécisions dans leurs réponses, il est important de définir les responsabilités en cas d’erreur pour minimiser les risques pour les utilisateurs ».

Quelle différence existe-t-il entre des affirmations positives (vérifiables telles que 2 + 2 = 4, Rome est la capitale de l’Italie) et des affirmations normatives (qui portent en elles des jugements de valeur implicites ou explicites, telles que « il faut abolir la peine de mort ») ? Peut-on pareillement confier à l’intelligence artificielle de répondre aux questions « positives » et aux questions « normatives » ?

Travail menacé

L’OCDE estime que l’intelligence artificielle en général (pas seulement ChatGPT) menacerait plus de 40 % des emplois avant 2040. Sam Altman, le fondateur de ChatGPT, rêve d’un monde où les êtres humains ne devraient plus travailler, des machines « intelligentes » s’en chargeant à leur place. Les êtres humains bénéficieraient d’un revenu de base universel et de tout le temps libre souhaité pour s’accomplir.

Cette vision présente le travail comme désagréable, à éviter. Qu’en pensez-vous ? Le travail ne peut-il pas contribuer à l’accomplissement personnel des gens ? Sous quelles conditions ? La machine n’impose-t-elle pas son rythme au travailleur ou à la travailleuse ? La machine amène-t-elle un réel confort de travail et de vie ?

Des gardes-fous… à quels prix ?

ChatGPT annonce que des garde-fous ont été mis en place pour éviter que les internautes soient exposé·es à des contenus à caractère sexiste, raciste, xénophobe etc.

Une enquête publiée en janvier 2023 par le Time[1] révèle que des travailleur·euses kenyan·es ont été engagé·es pour un salaire dérisoire à visionner des images violentes afin d’entraîner le logiciel à reconnaître les propos toxiques. D’après certains témoignages de travailleur·euses, assister au visionnage de ces images était un véritable supplice. Protéger les un·es, justifie-t-il que l’élaboration de ces garde-fous porte gravement atteinte à la santé mentale d’autres personnes ? Porter atteinte à l’intégrité mentale de quelques un·es pour le bien-être d’un grand nombre est-il acceptable ? N’existe-t-il pas là un parallèle avec ce qui se passe assez souvent dans le secteur de la production de smartphones et de vêtements, en lien avec la violation des droits des travailleur·euses ?

L’exclusion de contenus toxiques n’est-elle pas aussi une forme de censure qui pourrait s’appliquer à d’autres paramètres ou dans d’autres circonstances moins louables ? Quels types d’informations seront priorisés ? De qui émaneront-elles, qui va les sélectionner ? Risque-t-on de renforcer une pensée unique ?  N’y-a-t-il pas là une possibilité de contrôle massif des masses ?

[1] ChatGPT : des travailleurs kényans payés 2 $ de l’heure pour rendre le robot plus sûr, selon une enquête du Time – rtbf.be

Impact écologique

Comme pour le streaming, l’usage de ChatGPT repose sur des quantités massives de calculs algorithmiques générant eux-mêmes des grandes quantités de dioxyde de carbone. Des étudiants danois ont créé un programme permettant de quantifier cet impact écologique : le programme « Carbontracker ».[1]  D’après eux, « une seule session d’entraînement pour ce modèle génère l’équivalent d’une année de consommation énergétique de 126 foyers danois et émet la même quantité de CO2 qu’un trajet de 700 000 kilomètres effectué par un véhicule à essence. Dans quelques années, il y aura probablement plusieurs modèles qui seront beaucoup plus grands (…) ». Est-il souhaitable de laisser se développer la technologie sans régulation ? A-t-on une responsabilité de positionnement par rapport à nos descendant·es ?

[1]https://www.ladepeche.fr/2020/11/05/avez-vous-une-idee-de-lempreinte-carbone-qui-se-cache-derriere-un-algorithme-de-deep-learning-9184196.php

 

Mythe de Prométhée

Prométhée a volé le feu des dieux pour le donner aux humains, leur permettant ainsi de développer la civilisation, l’art, la science et la technologie. Ce faisant, il a défié les dieux et a été puni de manière sévère. Le mythe soulève donc des questions sur la place de l’homme dans l’ordre du cosmos, la nature de la connaissance ainsi que les conséquences de l’ambition et de la désobéissance à l’ordre naturel. Le développement de la technologie est-il une bonne chose ou l’humanité risque-t-elle de se « dénaturer ». Les nouvelles technologies, (l’intelligence artificielle, transhumanisme, etc.) présentent-elle le risque que les êtres humains « se prennent pour des dieux », s’émancipent des lois de la nature ? Et serait-ce une mauvaise chose ?

Pour en savoir plus :

Intelligence artificielle : discussion avec ChatGPT, le nouveau robot d’OpenAI, à découvrir sur le site de la RTBF :
https://www.rtbf.be/article/intelligence-artificielle-discussion-avec-chatgpt-le-nouveau-robot-d-openai-11117723

ChatGPT, une nouvelle révolution numérique, un podcast de l’émission Zoom Zoom Zen, à écouter ici :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen/zoom-zoom-zen-du-vendredi-03-fevrier-2023-7761098

Google et Microsoft menacés par le robot conversationnel ChatGPT ?
https://www.rtbf.be/article/google-et-microsoft-menaces-par-le-robot-conversationnel-chatgpt-ils-affirment-quils-seront-bientot-les-leaders-mondiaux-de-lintelligence-artificielle-11149357

ChatGPT : L’intelligence artificielle du futur? – Une vidéo d’RTBF Info :
https://www.youtube.com/watch?v=Oil23VSzz70

ChatGPT et enseignement : faut-il vraiment se sentir démunis, voire menacés par cette intelligence artificielle ?
https://www.rtbf.be/article/chatgpt-et-enseignement-faut-il-vraiment-se-sentir-demunis-voire-menaces-par-cette-intelligence-artificielle-11134463

Avec ChatGPT, est-il encore utile d’étudier et d’apprendre à rédiger ? Un podcast « Déclic-Tournant » à écouter ici :
https://www.rtbf.be/article/avec-chatgpt-est-il-encore-utile-detudier-et-dapprendre-a-rediger-11168149

Crédit photo : Dilok Klaisataporn sur iStock

Black Friday : à prendre ou à laisser ?  

Black Friday : à prendre ou à laisser ?  

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Les élections du 9 juin : et après ?

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L’incarcération d’Olivier Vandecasteele

L’incarcération d’Olivier Vandecasteele

photo d'Olivier Vandecasteele

Février 2023

 Cette fiche est rédigée à l’attention des tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·rice·s de secondaire. Elle propose différentes pistes de réflexion parmi lesquelles choisir afin de mener une discussion de 15 minutes (ou plus si le contexte le permet).

Les faits

Olivier Vandecasteele est un travailleur humanitaire belge. Le 24 février 2022, il a été arrêté à Téhéran, en Iran. Il a été condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet après un simulacre de procès, sans accès à des avocat·es de son choix. On lui reproche, selon l’agence de presse iranienne Tasnim, l’espionnage, la coopération avec les USA contre l’Iran, la contrebande de devises et le blanchiment d’argent.

Isolement total et conditions de vie difficiles

Olivier Vandecasteele est actuellement incarcéré à la prison d’Evin, dans la capitale iranienne, dans des conditions de vie difficiles. Il subit en effet un isolement complet dans une cellule sans mobilier, sans lit, avec un éclairage allumé en continu et une alimentation basique. Les plats qui lui sont fournis passent par une fente située dans le bas de la porte du cachot, sans aucun contact humain.

En juillet 2022, près de six mois après son incarcération, ses proches n’étaient entré·es en contact avec lui qu’une seule fois. L’ambassadeur belge à Téhéran lui a, pour sa part, rendu sept visites depuis sa condamnation. Au cours de la dernière rencontre, Olivier Vandecasteele est apparu amaigri.

La Belgique se mobilise

Les proches d’Olivier Vandecasteele se sont mobilisé·es en parcourant la Belgique afin de récolter des signatures pour la pétition lancée par Amnesty International.

Le 12 janvier dernier, une bâche a été déployée sur le beffroi de Tournai, ville dont il est originaire. Plusieurs communes ont voté des motions de soutien.

La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib a affirmé que pour la Belgique, Olivier Vandecasteele était innocent et qu’il devait être libéré. D’ici là, elle a demandé une amélioration de ses conditions de détention. Le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a quant à lui attesté que les autorités iraniennes n’avaient donné aucune raison juridiquement valable à son incarcération.

En attente d’une décision de la Cour constitutionnelle

L’Iran souhaite que la Belgique libère Assadollah Assadi, un Iranien condamné en Belgique à 20 ans de prison pour un projet d’attentat terroriste contre l’opposition iranienne. La Belgique a négocié avec l’Iran un traité de transfèrement qui permettrait à des prisonniers belges condamnés en Iran de purger leur peine en Belgique, et réciproquement. Le projet est d’utiliser ce moyen pour échanger Assadolah Assadi avec Olivier Vandecasteele.

L’opposition iranienne s’y est toutefois opposée en introduisant plusieurs recours en justice. La Cour constitutionnelle se prononcera définitivement, au plus tard le 5 mars, sur le caractère légal ou illégal de la loi validant le traité sur le transfert de détenu·es. La prochaine audience devant la Cour constitutionnelle est prévue le 15 février. La décision devrait tomber dans la foulée.

Rédigé à partir de la contribution de Virginie Stassen

Penser les faits : quelques pistes

Le mauvais traitement

Olivier Vandecasteele est détenu dans des conditions épouvantables.

Comment peut-on expliquer de traiter de façon inhumaine un être humain ? Comment expliquer ce qu’on peut appeler une forme de cruauté gratuite ? Pensez-vous que vous pourriez, vous, traiter quelqu’un de cette façon ? L’expérience de Milgram montre que deux personnes sur trois peuvent, si elles sont mises dans les conditions adéquates, tuer de sang froid une personne qui ne leur a fait aucun mal. Sommes-nous si sûr·es d’être différent·es ?

Conditions de détention

La surpopulation des cellules et l’insalubrité des établissements pénitentiaires ont valu plusieurs condamnations à la Belgique. Comment explique-t-on que les Belges s’indignent des conditions de détention d’Olivier Vandecasteele, mais ne se soucient qu’assez peu de celles qui ont cours dans leurs propres prisons ?

Il n’avait qu’à pas…

Certain·es estiment qu’Olivier Vandecasteele a pris, en connaissance de cause, un risque inconsidéré en se rendant en Iran et qu’il « n’a que ce qu’il mérite ». La Belgique ne devrait pas, selon ce point de vue, dépenser de l’énergie pour obtenir sa libération. D’autres pensent au contraire qu’un pays doit toujours venir en aide à ses ressortissant·es, quoi qu’ils aient fait. Qu’en pensez-vous ?

Pour éclairer ce débat, on peut mentionner que quelqu’un qui prend sa voiture avec 4 grammes d’alcool dans le sang prend aussi un risque considérable avec sa vie (et celle d’autrui). Faut-il, s’il ou elle fait un accident, s’abstenir d’envoyer les secours ? Faut-il pareillement refuser de rembourser les frais médicaux des fumeurs et fumeuses atteint·es d’un cancer des poumons ?

Universalité des droits humains

Les autorités iraniennes ne respectent pas un certain nombre de droits fondamentaux. Peut-on dire que le fait que les autorités iraniennes ne respectent pas ces droits signifie qu’ils ne sont pas universels, inhérents à tout être humain ? Le fait que les iranien·nes manifestent dans les rues pour les obtenir signifie-t-il l’inverse ?

Si l’Iran veut décider qu’on peut incarcérer des gens qui n’ont rien fait, de quel droit pourrait-on l’en empêcher ? S’y opposer n’est-il pas une façon de se penser supérieur, de croire qu’on a le droit de lui faire la leçon alors que c’est un pays indépendant ?

L’Iran a pourtant signé un certain nombre de conventions internationales par lesquelles il s’engage à respecter les droits humains. Comment les autorités d’un pays peuvent-elles demander à ses habitant·es de respecter ses lois s’il ne respecte pas lui-même ses obligations internationales ? Pensez-vous que l’État doit montrer l’exemple ?

Que penser d’une personne qui ne respecte pas sa signature, son engagement, sa promesse ? Ce qui est vrai pour des personnes l’est-il pour un État comme l’Iran qui ne respecte pas les conventions qu’il a signées ?

Tout faire…

La famille d’Olivier Vandecasteele souhaite que tout soit entrepris pour libérer Olivier. On le comprend aisément si on se met une seconde à sa place.

Que signifie « tout » ? Imaginons que l’Iran demande une rançon, en argent. La Belgique devrait-elle payer, quel que soit le montant ? Que vaut une vie humaine ? « Tout entreprendre » pourrait-il signifier qu’il faut envoyer un commando sur place afin de le libérer ? Au point de risquer la vie des membres du commando ? Faut-il fixer des limites à ce que nous serions prêt·es à faire pour obtenir la libération d’Olivier Vandecasteele ? Si oui, où les situez-vous ?

Un tiens vaut-il mieux que deux tu l’auras (peut-être) ?

L’Iran semble avoir arrêté Olivier Vandecasteele pour contraindre les autorités belges à leur livrer, en échange, Assadolah Assadi (condamné à 20 ans de prison en Belgique pour avoir préparé un attentat terroriste de grande ampleur).

Ceci amène deux postures.
1. Certain·es sont favorables à cet échange. Cela permettrait en effet de libérer un innocent. La condamnation d’un innocent est, selon ce point de vue, l’injustice suprême et une société doit tout – absolument tout – mettre en œuvre pour respecter ce principe absolu.
2. D’autres sont défavorables à cet échange et avancent les arguments suivants.

Libérer un terroriste est dangereux. Ne pourrait-il pas recommencer et tuer d’autres personnes
Libérer prématurément une personne pour d’autres raisons que sa bonne conduite et ses perspectives de réinsertion est inéquitable pour toutes les autres personnes incarcérées. Elle doit purger sa peine comme elle y a été condamnée.
La décision de libérer un détenu serait cette fois prise par le gouvernement et non par le pouvoir judiciaire. Ce serait contraire au principe de séparation des pouvoirs, contraire à l’État de droit.
Donner satisfaction à des preneur·ses d’otages encouragerait cette pratique. Cela mettrait potentiellement en danger toute la société, Belges qui risqueraient d’être « pris en otage » ou victimes d’attentats.
Dans un cas, on sauve sûrement une personne, réelle, concrète, avec un visage. Dans l’autre cas, on sauve – peut-être – de plus ou moins nombreuses personnes, sans qu’il soit possible de leur donner ni nom ni visage. Qu’en pensez-vous ?

Olivier Van Steirtegem, le porte-parole de la famille Vandecasteele a dit, à l’antenne de la RTBF : « Mieux vaut [avoir] cent terroristes en liberté qu’un innocent en prison ». Qu’en pensez-vous ?

Deux poids deux mesures

Le régime iranien détient aussi d’autres « otages » occidentaux en vue d’obtenir des concessions des pays dont ils et elles sont ressortissant·es et des centaines d’Iranien·nes sont incarcéré·es pour avoir exprimé pacifiquement leur opinion. Certain·es ont été condamné·es à mort et, parfois, exécuté·es.

Qui se préoccupe de Narges Mohammadi ou du docteur Djalali, par exemple ? Les autorités belges ont refusé d’octroyer un titre de séjour à deux Iraniens qui risquent l’arrestation et les mauvais traitements en cas de retour au pays. Y a-t-il des vies plus importantes que d’autres ? Sur quelle base mérite-t-on plus d’attention ? « Mérite-t-on » sa nationalité ou est-ce le hasard qui nous a fait naître ici plutôt que là ?

Par ailleurs, depuis plus de vingt ans les autorités étasuniennes incarcèrent des prisonniers, dans des conditions inhumaines et dégradantes, au sein du centre de détention de Guantanámo, parfois sans inculpation ni jugement. Sommes-nous davantage « choqué·es » et prêt·es à nous mobiliser quand ce sont les autorités iraniennes qui ne respectent pas les droits humains que quand ce sont les pays occidentaux ? Cela fait-il une différence à nos yeux ?

Olivier Vandecasteele est un travailleur humanitaire. Il a contribué à améliorer la vie de très nombreuses personnes dans le monde, notamment en Afghanistan et au Mali. Il a travaillé cinq ans en Iran. Arrêter arbitrairement, condamner à une lourde peine et incarcérer dans des conditions épouvantables une personne qui a fait du bien est-il encore plus grave que s’il s’était agi d’une personne « ordinaire » ?

Le fait qu’Olivier Vandecasteele ait consacré sa vie à secourir les autres doit-il avoir pour effet qu’il faut le soutenir davantage que si ce n’était pas le cas, voire si c’était une crapule ?

Relais médiatique

Les médias parlent beaucoup d’Olivier Vandecasteele. Le 20 janvier, ils lui ont tous consacré leur Une. Cette pratique, peu courante dans un contexte de concurrence éditoriale, permet de réfléchir au traitement médiatique d’un sujet de société. Quel est l’objectif des médias en agissant ainsi ? Quel impact ce genre d’initiative a-t-il sur l’opinion publique ?

Avant cette opération des médias francophones, comment cette information vous était-elle parvenue ? Via le traitement des médias d’information classiques (radio, presse écrite, presse quotidienne en ligne, presse audiovisuelle ) ou par un autre canal (bouche à oreille, pétition, réseaux sociaux, etc.) ?

Cette opération permet également d’entamer une réflexion plus globale sur la dimension sociale des médias.

Quel média est le plus efficace pour diffuser une telle information, visant à toucher l’opinion publique ? L’efficacité réside-t-elle dans la complémentarité ?
Est-ce suffisant pour mobiliser les différents acteur·rices de la société ? Faut-il d’autres actions ? Passer par d’autres médias ? Si oui, lesquels sont les plus efficaces pour mobiliser ? Agir ?
Des médias ont interrogé la mère d’Olivier Vandecasteele, jouant davantage la carte de l’émotion que de l’information. Quelle place l’émotion peut-elle avoir dans une émission d’information ?

Signer une pétition

Signer une pétition, c’est marquer son soutien à l’idée qu’elle véhicule. Les jeunes peuvent-ils et elles les signer ? Certain·es prétendent que l’adhésion d’un·e jeune à une idée n’est pas encore très solide parce qu’il ou elle n’est pas encore en capacité de se forger une opinion éclairée. La Convention internationale des droits de l’enfants précise (voyez les articles 12 et 13) que les mineur·es (moins de 18 ans) doivent pouvoir s’exprimer. Ce qui se passe dans le monde peut les intéresser et les concerne.

Pensez-vous que votre avis vaut moins que celui d’un·e adulte qui a davantage d’expérience ? Pensez-vous au contraire que votre avis vaut plus que celui d’un·e adulte qui, en moyenne, a moins d’années encore à vivre ? Pensez-vous que les avis des adultes et des mineur·es sont équivalents ?

Note pour l’enseignement fondamental

L’incarcération injuste d’Olivier Vandecasteele permet de développer différentes compétences disciplinaires del’éducation à la philosophie et à la citoyenneté telles que :
• élaborer un questionnement philosophique (et plus particulièrement, formuler des questions à portée
philosophique à partir de l’étonnement) ;
• assurer la cohérence de sa pensée ;
• prendre position de manière argumentée ;
• s’ouvrir à la pluralité des cultures et des convictions ;
• comprendre les principes de la démocratie (particulièrement distinguer les différents pouvoirs, leur champ d’application et leurs rôles respectifs) ;
• se reconnaître, soi et tou·tes les autres, comme sujets de droits ;
• contribuer à la vie sociale et politique (en particulier imaginer un société et/ou un monde meilleurs).

Selon les âges, les enseignant·es pourront :
• expliquer (i) l’injuste condamnation d’un homme qui n’a rien fait et (ii) la pénibilité de ses conditions de détention ;
• répondre aux questions de clarification ;
• recueillir les émotions des enfants (comment voussentez-vous ? Pourquoi l’injustice nous met-elle dans des états pareils ?) ;
• Tout en découvrant les articles 12 et 13 de la Convention internationale des droits de l’enfant, faire rédiger, individuellement et collectivement, une lettre aux autorités iraniennes pour demander la libération d’Olivier Vandecasteele puis se rendre à la boîte postale pour y glisser leur enveloppe (adressée à S.E. l’Ambassadeur de la République islamique d’Iran – Ambassade de la République islamique d’Iran
– Avenue Franklin D. Roosevelt 15 – 1050 Bruxelles).

 

CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L’ENFANT (EXTRAITS)

Article 12 – 1. Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer
librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en
considération eu égard à son âge et à son degré de maturité.
Article 13 – L’enfant a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant.

 

 

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